La France des années 40
Dissertation : La France des années 40. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pgmgrand-père Tarama • 3 Avril 2019 • Dissertation • 6 222 Mots (25 Pages) • 482 Vues
CHAPITRE 2 : La France au cours des années 1940.
1) La défaite de juin 1940
Entrée dès 1938 en veillée d'armes, la France aborde la « drôle de guerre » divisée et affaiblie. Edouard Daladier clôt en 1938 le temps du Front Populaire. Ce dernier a agonisé dans les mains du radical Camille Chautemps et à nouveau de Blum (pour trois semaines), qui président à un pesant immobilisme. Daladier, au pouvoir à partir du 10 avril 1938, a comme premier mérite de clarifier la situation au prix d'un enterrement du Front Populaire dont il avait soutenu la naissance. Durant deux ans il s'appuie sur une majorité de centre droit : il appelle des hommes de droite au gouvernement (Paul Reynaud aux Finances) et proclame en août 1938 sa volonté de « remettre la France au travail », il est en effet persuadé que la guerre est probable et que la France n'est pas prête à la faire. L'annonce de la suspension de la loi des 40 heures (21 août) puis les décrets-lois de Reynaud (visant une fois de plus les 40 heures). Le départ des délégués radicaux du Comité national du rassemblement populaire le 12 novembre bientôt suivi par le refus des socialistes de soutenir le gouvernement (10 décembre) sanctionnent la dislocation de la coalition du Front populaire. L'échec relatif de la grève générale déclenchée le 30 novembre par la CGT montre que l'opinion a également évolué : les problèmes diplomatiques et militaires l'emportent désormais. Il s'agit de relever le défi global lancé aux démocraties par les dictatures.
Daladier bénéficie alors d'un moment de grâce. Les Chambres et l'opinion lui accordant une confiance sans précédent (vote des pleins pouvoirs en mars 1939), il fait face à une situation internationale d'une exceptionnelle gravité : il signe sans illusion les accords de Munich, le 30 septembre 1938 pour maintenir l'unité de vue avec la Grande-Bretagne seule alliée de la France et gagner du temps afin de poursuivre l'important programme de réarmement, hérité du Front Populaire. Il bénéficie, après une ultime dévaluation du franc (5 mai 1938), de la première véritable sortie de crise depuis 1931, la production industrielle progressant de 20 % entre avril 1938 et juin 1939. Le profond malaise des années 1930 n'était pas pour autant effacé : même en voie de guérison économique, la France restait malade et de la guerre et des attractions concurrentes des totalitarismes européens.
La décadence de la politique étrangère de la France était un signe majeur de la crise de la nation. L'assassinat en 1934 de Louis Barthou, qu'animait la volonté de contenir le révisionnisme allemand, et l'alignement sur l'appeasement britannique avaient précipité les choses. L'ancienne pensée du vieillissement démographique de la France face à la vitalité allemande est attisée par les résultats des recensements (gain de 87 000 personnes seulement entre 1911 et 1936, en dépit de près de 3 millions d'immigrés en 1931, solde naturel constamment négatif à partir de 1935, en raison notamment de la baisse de la fécondité). Les massacres de 1914-1918 nourrissent un pacifisme puissant qui croît à mesure que se pressent périls et provocations, pour culminer au moment de Munich (le « lâche soulagement » de Blum), et qui a la particularité de transcender les frontières partisanes, à gauche comme à droite, et d'entraîner de paradoxaux reclassements, pour le PCF en 1934-1935 puis 1939, en fonction des intérêts immédiats de l'URSS, mais aussi pour de larges fractions de la droite, passées du nationalisme germanophobe au défaitisme anticommuniste.
La déclaration même de guerre (1-3 septembre 1939) n'entraîne aucune Union sacrée. L'atmosphère politique se dégrade au début de l'année 1940, des conciliabules agitent le Parlement, au centre desquels on trouve Laval et Flandin. Ils débouchent le 20 mars sur la chute de Daladier à qui l'on reproche son absence de réaction …face à l'agression soviétique en Finlande. Paul Reynaud est investi avec une voix de majorité, le gouvernement est démissionnaire le 10 mai. Le pacifisme est une seconde donnée essentielle de la drôle de guerre et un des facteurs de la future défaite. La « drôle de guerre » consiste précisément à ne pas la faire : hormis une brève incursion en Sarre en septembre et l'offensive d'avril 1940 en Norvège. Pour trouver un dérivatif à l'ennui des soldats on organise des rencontres de football, des tournées comme celle de Maurice Chevalier dont la plus célèbre chanson de l'époque met en évidence la division de l'opinion dans l'espoir que « tout cela fait quand même de bons français et de bons soldats ». L'ennui domine avec l'espoir que la guerre n'aura pas lieu comme le montre Julien Gracq dans Un balcon en forêt ou Jean-Paul Sartre dans Les carnets de la drôle de 17 guerre. L'attaque se déclenche où on ne l'attendait pas et en dépit de quelques exploits d'unités isolées l'armée française est vite submergée (cf. chapitre 11).
Le débat crucial sur les suites à donner à la défaite divise le gouvernement français, replié à Bordeaux. Devant l'avance allemande, le gouvernement de Paul Reynaud a fui à Bordeaux, comme en 1870 et en 1914. Alors que le 13 Pétain lit une note indiquant qu'il refuse de quitter le territoire national, les civils proposent une capitulation militaire en métropole et l'exil du gouvernement, qui permettraient de continuer le combat depuis l'Empire et ses ressources : E. Daladier, Georges Mandel, Mendès France, Jean Zay, s'embarquent le 21 juin sur le paquebot Massilia en direction du Maroc où ils seront arrêtés pour désertion à leur arrivée. Entre temps, en effet, les tenants de l'armistice, qui aura pour effet de faire sortir la France du conflit, l'ont emporté : les intrigues se nouent autour de Laval encore une fois, qui joue ouvertement la carte de la capitulation et de l'arrivée de Pétain au pouvoir. Reynaud isolé renonce le 16 juin, de Gaulle qui a rencontré le Maréchal est en route pour Londres. Le président Lebrun nomme Pétain président du Conseil le 16 juin 1940 dans la soirée, celui-ci annonce aux Français le 17 qu'il a demandé l'armistice.
Signé le 22 juin à Rethondes, petite revanche des Allemands, le texte de l'armistice est particulièrement sévère. La France est mise à genoux sur les plans militaire (armée réduite à 100 000 hommes, neutralisation de la flotte de guerre..) et financier (400 millions de francs d'indemnité journalière d'occupation). Elle est quasiment dépecée en cinq zones munies d'autant de statuts : l'Alsace et la Lorraine annexées au Reich, leurs marches occidentales (dix départements en tout ou partie) interdites au retour des réfugiés et leurs domaines ouverts à des colons allemands, le Nord et le Pas de Calais rattachés au commandement allemand de Bruxelles, le reste partagé entre la zone occupée (moitié nord-ouest et littoraux jusqu'aux Pyrénées, la part la plus utile du territoire national), et la zone non occupée (avant novembre 1942). Une Commission allemande d'armistice, siégeant à Wiesbaden, présidera à la mise en coupe réglée de l'économie française.
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