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Analyse du discours de Thiers sur les "libertés nécessaires"

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Par   •  15 Mai 2020  •  Discours  •  1 949 Mots (8 Pages)  •  4 892 Vues

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TD 8 – Discours de Thiers sur les « libertés nécessaires » (11 janvier 1864)

Source : Moniteur Universel, 12 janvier 1864

        Depuis 1851, Napoléon tente de mettre la France au premier rang en Europe. En effet, il conduit une politique libérale et met en avant l’industrialisation et le libre échange 🡪 plutôt réussi étant donné qu’entre 1850 et 1873 les échanges internationaux se sont multipliés par 3, la progression des idées nouvelles, des constitutions partout, développement du suffrage universel même s’il est encore très contrôlé… Ces années marquent l’apogée du libéralisme classique 🡪  recherche d’un compromis pragmatique entre traditions et idées nouvelles, développement économique privilégié par rapport à la vision traditionnelle de la société.

Le document soumis à notre étude est un extrait du discours de Thiers sur les « libertés nécessaires » prononcé le 11 janvier 1864. Il prononce ce discours devant le corps législatif. Adolphe Thiers est un journaliste, historien, il est également Orléaniste. Il a contribué à la mise en place de la monarchie de Juillet durant laquelle il fut deux fois président du conseil. Il s’est opposé au coup d’Etat du 2 décembre 1851. En effet, il refuse de se rallier à Napoléon III. Le discours que nous allons étudier est une demande que Thiers fait à Napoléon III. Il lui demande en effet, de mettre en place les « cinq libertés » qui pour lui sont « nécessaires » à la prospérité, au bien-être et à la sécurité. Ce discours est publié le lendemain par le Moniteur Universel. Le moniteur universel est un journal français fondé à Paris en 1789, il s’agit d’un journal de propagande qui fut longtemps l’organe officiel du gouvernement français, chargé notamment de la transcription des débats parlementaires. Il n’est peut-être pas pertinent de l’évoquer ici, mais il est important de comprendre que ce journal a sûrement joué un rôle quant à la réaction du peuple face à ce discours. La réaction a par ailleurs été très positive puisque Thiers devient par la suite le deuxième président de la République Française jusqu’en 73 (Soit bien après notre étude)

Pour en revenir à notre étude, après avoir prononcé ce discours Thiers devient le chef de l’opposition libérale. Dans son discours, Thiers affirme sa politique et revendique le rétablissement des cinq « libertés nécessaires » avec d’une part les libertés d’ordre civil et d’autre part les libertés d’ordre politique. Que propose Thiers à travers son discours ?

Dans un premier temps, nous verrons qu’il présente ses objectifs de libéralisation du régime impérial puis dans un second temps, nous étudierons le changement du régime impérial que propose Adolphe Thiers.

I - Les objectifs de libéralisation du Régime Impérial d’Adolphe Thiers

A - Les libertés d'ordre civil

🡪 Tout d’abord, Thiers énonce le retour de la liberté individuelle, c’est-à-dire « celle qui est destinée à assurer la sécurité du citoyen » (L.2)

A travers cette citation « quand les hommes se sont mis à l’abri de la violence individuelle, s’ils restaient exposés à la violence du pouvoir destiné à les protéger, ils auraient manqué leur but » (L2-5) Thiers explique qu’enfait si les hommes sont en sécurité face aux délits (le vol, etc.), l’état ne peut pas les punir sans aucune raison ou pour quelque chose qu’ils n’ont pas commis. Thiers fait référence à une loi que Napoléon III met en place en février 1858 = la loi de sûreté générale. Cette loi apparaît dans un contexte particulier : l’attentat d’Orsini 🡪 auteur = un conspirateur italien de 35 ans. Condamné à plusieurs reprises, il s’exile à Londres pour préparer un attentat contre Napoléon 🡪 lui reproche d’avoir trahi ses idéaux de jeunesse, c’est lui qui a provoqué la chute de la République romaine, qu’il entrave l’unification de l’Italie blabla. Donc Napoléon III a profité de cette situation pour mettre en place cette loi donc de sûreté générale qui lui donne le droit d’expulser ou d’interner sans jugement les républicains et les personnes qui auraient été puni lors des événements de juin 48 (insurrection ouvrière) ou du coup d’état du 2 décembre 1851 et suite à cette loi il y a 300 personnes étrangères à l’état qui ont été bannies ou déportées… il s’agit alors d’un durcissement de la répression envers toute personne déjà connue comme opposant politique qui peut être condamnée sans procès. Thiers est contre cette loi, la liberté individuelle est « incontestable » et « indispensable » pour lui car elle assure la sécurité des citoyens contre l’arbitraire du gouvernement. Voilà pourquoi Thiers se doit d'évoquer cette liberté qui n'est pas respectée en France sous le Second Empire à cause de la loi de sûreté générale.

🡪 Par la suite, Thiers évoque la liberté de la presse. C’est une liberté d’ordre civil et d’ordre politique seulement il faut garder en tête le contexte de la presse du 19ème siècle : c’est-à-dire que sous le régime de Napoléon III 🡪 la presse est muselée par les autorisations préalables.

Il explique également que sans la liberté de la presse, l'opinion publique ne peut se former librement juge-t-il : elle n'est « possible que par la presse » (L.11), cette citation peut également nous permettre de comprendre que le citoyen doit développer sa pensée, ce qui n’est possible comme Thiers l’évoque que par la presse. C’est à une presse libre que fait référence Thiers cependant, cette liberté non plus n'est pas respectée à l'époque du discours. Après le coup d’état de 1851 (le discours de Napoléon vu la semaine dernière), l’opinion publique est réduite au silence, beaucoup de républicains et socialistes sont emprisonnés (notamment Victor Hugo). Il y a également les journaux qui doivent recevoir une autorisation préalable pour être publiés, et en plus de ça l'éditeur doit verser une caution importante au gouvernement pour qu'il laisse paraître le journal. Et encore à ce moment-là, il n'est toujours pas à l'abri des sanctions telles qu'une amende ou un avertissement. La presse est donc totalement sous le contrôle de l'état, même s'il n'existe pas qu'un seul journal de publié en France, ce n'est qu'une façade pour légitimer le régime. Le gouvernement manipule donc complètement l'opinion publique, et c'est ce que Thiers souhaite voir changer (attention, Thiers est un conservateur et de ce fait il croit en une presse libre mais pas en toute impunité). Car la liberté individuelle évoquée plus tôt découle de la liberté de la presse, qui laisse aux citoyens tout leur libre arbitre pour se forger une opinion, et à plus grande échelle elle laisse se créer d'elle-même une opinion publique. Une « liberté d'échange dans les idées » (l.15) est donc nécessaire et même cruciale. Cependant, pour Thiers l’opinion publique doit avoir ce qu’il appelle un « résultat » (L.17) de là découle la troisième loi qui concerne la liberté électorale.

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