Discours de Thiers du 11 Janvier 1864
Compte Rendu : Discours de Thiers du 11 Janvier 1864. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Annamis • 20 Mars 2013 • 2 809 Mots (12 Pages) • 4 694 Vues
Discours de Thiers du 11 Janvier 1864.
Introduction.
Suite aux élections législatives de mai 1863, Adolphe Thiers devient membre du Corps Législatif. De ce fait, il prononce un discours face aux députés portant sur les libertés nécessaires, le 11 janvier 1864. Ce discours a une portée politique et sociale, Thiers se présente comme le défenseur des libertés, il se place en faveur d’un régime plus stable au moyen d’une base plus libérale. Ce discours dénonce le gouvernement du Prince-Président, Louis-Napoléon, avec un regard objectif sur ses idées, mais non agressif envers le régime. Il cherche simplement à incorporer des libertés qu’il juge indispensable à n’importe quel régime pour le faire perdurer.
Adolphe Thiers est un homme politique, journaliste et également historien français. Né en 1797, Adolphe Thiers commence sa carrière en tant qu’avocat en 1820 ; passionné des évènements politiques qui ont changé la France, il achève en 1827 l’Histoire de la Révolution. Parallèlement il se lance dans le journalisme, et fonde le National avec Armand Carrel et Auguste Mignet. Il commence son ascension politique dès 1830, il persuade notamment Louis-Philippe de prendre le pouvoir. Plusieurs fois ministres, il professe des idées libérales avancées tout en appliquant des méthodes de gouvernement autoritaire. En 1848, Louis-Philippe se sépare de lui. Déçu par la monarchie, il s’allie aux républicains et soutient Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections de 1848, et il lutte pour le maintien d’un ordre moral. Opposé au coup d’état du 2 décembre 1851, il est incarcéré puis expulsé en Suisse mais revient en 1852 où il quitte la vie politique et se retire pour se consacrer à l’Histoire. Le régime devient plus libéral à partir de 1860, Adolphe Thiers revient de ce fait le 30 mai 1863 en tant que député, et lutte contre l’Empire. Il crée l’Union Libérale, qui est la première formation politique de l’opposition, grâce à la percée de celle-ci lors du scrutin de 1863.
A partir de 1860, le régime du Second Empire devient plus libéral, cela est visible par des réformes commandées par Louis-Napoléon. Suite à la suppression de l’article 32 du décret de février 1852, sur la suppression automatique des journaux condamnés deux fois en deux ans, l’opposition gagne en vigueur. Un nouveau souffle est marqué par la création du quotidien : Le Temps (dirigé par Auguste Nefftzer = Grand journal de l’opinion libéral avril 1861, création). De plus, la presse n’est pas le seul instrument de l’opposition, il existe des sociétés secrètes, clubs de réflexions. (Salon de Marie D’Agoult).Cette activité est relancée grâce au retour des proscrits de 1851 (exilés républicains du coup d’état). Mais c’est surtout dans la vie parlementaire qu’émerge une véritable opposition grâce à trois importantes mesures de libéralisation : décret du 24 novembre 1860 = le droit d’adresse, le sénatus-consulte du 1er février 1861 = qui précise des débats parlementaires (compte-rendu dans le Moniteur), et le sénatus-consulte du 31 décembre 1861 = accroit le contrôle des députés en matière budgétaire (dû à une lettre adressée à l’Empereur par Fould, ministre des Finances). Ces mesures donnent un nouveau pouvoir au corps législatif jusque-là entièrement sous contrôle, celui-ci devient donc un enjeu essentiel pour les opposants. Aux élections législatives du 30 et 31 mai 1863, suite à une entente entre directeurs de journaux et républicains qui met en place une liste unique où figurent Emile Ollivier, Jules Simon et Adolphe Thiers, l’opposition obtient 32 sièges, dont 17 républicains et 15 indépendants. Au Corps Législatif, les républicains ralliés à l’Empire forment, avec les bonapartistes libéraux, le Tiers-Parti. Thiers reste en marge du Tiers-Parti mais exerce une grande influence notamment grâce à ses amis qui en font partis. Ce parti souhaite un régime d’ordre, mais il réclame aussi les libertés fondamentales, comme le propose Adolphe Thiers dans son discours sur les libertés nécessaires du 11 janvier 1864.
Dans ce discours, Adolphe Thiers présente les 5 libertés fondamentales qui sont pour lui, les bases d’un système politique stable. Ces 5 libertés nécessaires touchent aussi bien l’individu qui représente l’opinion publique que les institutions.
On peut de ce fait se demander en quoi Adolphe Thiers propose des libertés pour améliorer le régime.
Nous étudierons dans un premier temps la mise en place d’une opinion publique, puis les changements de rapport entre les députés et le gouvernement.
I) Vers la création d'une opinion publique
A) Liberté individuelle
Thiers met en avant, son premier propos sur les libertés nécessaires en commençant par « la liberté personnelle » cité l.6 qui touche tout individus. C'est selon lui une des bases fondamentales pour établir un régime en toute stabilité et il le dit clairement en notant les adjectifs forts tels que : indispensables et incontestables l. 7. Ce qui rentre également dans la liberté personnelle, c'est le fait de « sécurité du citoyen » ligne 3. Il relate ici l'idée que le citoyen ne doit pas avoir peur de sortir de chez lui. En effet, si Thiers met en avant ce droit, c'est qu'il faut rappeler que la loi de sûreté générale du 19 février1858 est encore établie. (Cette loi est aussi appelée « loi des suspects »). Cette loi découle de l'attentat d'Orsini le 14 janvier 1858. Ce révolutionnaire italien avait jeté une bombe sur le cortège impérial qui se rendait à l'opéra. Cet attentat permis donc au général Epinasse de faire arrêter les suspects et de poursuivre ceux qui avaient participé à la révolution de 1848 ou aux journées de juin 1849. Elle permet également de punir de prison toutes tentatives d'opposition et autorise l'arrestation et la transportation d'un individu condamné pour délit politique depuis 1858. Même si en 1859, une loi d'amnistie à été promulguée, cela ne suffit pas à régler les différents problèmes. L'amnistie est un acte du souverain ou du pouvoir législatif qui efface jusqu'à la trace une condamnation prononcée et annule tout commencement de poursuite judiciaire motivée par un acte tombant sous le coup de la loi. Pour Thiers, cette loi est donc utilisé trop sévèrement, et « l'acte arbitraire » cité l.4, ne doit pas intervenir auprès des citoyens sans motifs valables. Le citoyen veut selon lui « résider tranquillement
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