Comment les coûts de la Coupe du Monde au Qatar mettent-ils en perspective les anomalies (voire aberrations) du système d’organisation des événements majeurs du sport mondial dans le cadre du développement durable ?

Du 21 novembre au 18 décembre 2022, 32 équipes disputeront la phase finale de la Coupe du Monde au Qatar qui suscite de nombreuses polémiques : enquêtes pour corruption, violation des droits de l'homme, exploitation, atteintes à l'environnement… Ces stades sont en effet une véritable tragédie écologique et humaine, à noter que la manière même dont le Qatar a obtenu la Coupe du Monde est suspecte. Comment, en effet, les coûts de la Coupe du Monde au Qatar mettent-ils en perspective les anomalies (voire aberrations) du système d’organisation des événements majeurs du sport mondial dans le cadre du développement durable ? 

SCANDALE ECOLOGIQUE : 

Le pedigree climatique du Qatar est lourd. C’est le pays au monde qui rejette le plus de CO2 par personne dans l’atmosphère, avec 37 tonnes par habitant en 2017. Les organisateurs de la compétition ont promis la "neutralité carbone" du mondial. Pour l’atteindre le Qatar affirme utiliser des panneaux solaires pour climatiser, sauf que pour répondre à la demande énergétique de ces 12 stades et des 500 000 spectateurs qu’ils vont accueillir, il faudrait 1000km2 de panneaux, soit un 10ème de la superficie du Qatar. Ils auront surement besoin des ressources de la centrale nucléaire Barakah aux Emirats Arabes Unis, ce qu’ils cachent évidemment.

Le Qatar est un pays aux conditions météorologiques inadaptées, un système de climatisation des stades à ciel ouvert est donc mis en place, surtout que la CDM se déroule à quelques dizaines de kilomètres seulement à vol d'oiseau du nord du désert de Rub-al-Khali en Arabie saoudite, connu comme l'une des destinations les plus chaudes du monde. A partir du moment où c'est climatisé à ciel ouvert, il y a une perte d'énergie considérable, c'est une évidence, il y a donc des conséquences sur l'effet de serre.

Des dizaines de ventilateurs géants souffleront de l’air froid à 17 degrés tout autour du stade, et des centaines de milliers de petits diffuseurs d’air placés sous les sièges des tribunes rafraîchiront les spectateurs. Les climatiseurs sont responsables d’une hausse des températures puisqu’ils rejettent à l’extérieur la chaleur qu’ils ont pompée à l’intérieur.

Parlons également de toute l'eau de mer utilisée pour réfrigérer les stades. Sans parler des coûts, c’est choquant de dessaler de l’eau de mer pour arroser la pelouse quand des millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde, actuellement, plus d’un tiers de la population mondiale vit dans un pays sous stress hydrique.

SCANDALE HUMAIN (IMMENSE CIMETIERE) : 

La phase de construction des infrastructures nécessaires à la compétition, a provoqué la mort d’au moins 6.500 travailleurs venus d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka depuis 2011. Le nombre réel de morts serait même supérieur, puisque les données d’autres pays, dont les Philippines ou le Kenya n’ont pas été recueillies. Les conditions de travail : les ouvriers ne gagnent pas plus de 300 € par mois alors qu’ils travaillent 11h par jour, 6 jours sur 7, et rentrent chez eux qu’une fois par an. En plus, certains vivent dans des bidonvilles.  Travail forcé, salaire inexistant depuis plusieurs mois, papiers confisqués afin qu'ils ne puissent pas obtenir un statut de travailleur légal : 90% des travailleurs sont étrangers, sans droits et asservis par un système moyenâgeux de mise sous tutelle :système de kafala qui nie toute possibilité d'autonomie aux migrants : étant donné leur grande pauvreté, ces travailleurs doivent s’endetter pour pouvoir payer leur « parrain » pour être embauchés : pratiques ignobles et illégales qui permettent l’enrichissement de cette puissance du Golfe. Ils devront donc se soumettre à des conditions inhumaines pendant au moins un an pour pouvoir rembourser leurs dettes.

Les manifestations sportives de grande envergure doivent aider à promouvoir le développement social, la croissance économique, la santé, l'éducation et la protection environnementale, en particulier si elles s'inscrivent dans une politique cohérente et durable à long terme. L’exemple du Qatar montre que derrière l’image luxueuse promulguée par des pays comme le Qatar, se cachent des travailleurs qui se cassent le dos, s’endettent et vont jusqu’à mourir, pour essayer d’offrir une vie digne à leurs familles. C’est insensé de fermer les yeux et de profiter du spectacle que ces stades offrent, sans penser au sang des ouvriers et de la Terre sur lesquels ils sont battis : on estime le marché télévisuel potentiel à 3,2 milliards de téléspectateurs à travers le monde qui seront rivés devant leur écran pour admirer la performance sportive des joueurs et applaudir les exploits de l'équipe qui représente leur pays.         

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