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Cités et territoires

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Par   •  24 Mai 2020  •  Dissertation  •  3 122 Mots (13 Pages)  •  693 Vues

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BOURGUES Sébastien

Cité et territoires (VIe – IVe av J-C)

        « L'Homme est un animal politique », cette citation d'Aristote (384-322), philosophe grec, signifie que l'homme est naturellement un animal qui doit se rassembler autours d'autres hommes pour vivre et se développer. Ainsi, Aristote explique le fondement de la cité. La cité ou polis signifie le rassemblement d'hommes libres dans un espace donné afin de vivre ensemble. Au sein du monde grec antique donc, la cité a une dimension de vie en communauté, de façon indépendante et autonome. Les mondes grecs sont donc caractérisés par une multitude de cités dissociées les unes des autres, en effet une majorité des grecs vivent dans ce mode de fonctionnement. Les cités se démarquent par des lois les régissant qui leurs sont propres dits «politeia», un fonctionnement économique spécifique avec des monnaies différentes et des modes de gouvernements différents. Étudier les cités dans les mondes grecs antiques, c'est donc s'intéresser aux modes de fonctionnements de la vie en société, ce qui compose cette société, c'est à dire ses différentes couches de population, la répartition du pouvoir et les lois qui la régissent. Mais les cités dans les mondes grecs ne peuvent être dissociées d'un espace avec lequel elles interagissent, un territoire. Le territoire englobe tout les espaces permettant à une communauté réunie en cité de vivre et de prospérer, il est délimité par des frontières qui peuvent être modifiés et qui délimitent la souveraineté d'une cité. Le territoire représente donc les espaces où les hommes habitent, prennent les décisions politiques, exploitent des ressources, pratiquent leur culte, qui aménagent donc ces espaces à ces fins, et qui peuvent faire l'objet de revendications entre différentes cités. La période couvrant le VIe siècle av J-C jusqu'au IVe av J-C est initiée par Solon avec d'importantes réformes et terminée par le règne d'Alexandre le Grand qui conquiert un grand nombre de cités grecques et étend les mondes grecs en Orient. Cette période marque la fin de la période archaïque (VIIIe – Ve) et le début de la période classique (Ve – IVe), qui voit l'affirmation de grandes cités dont la plus importante Athènes. Les principales sources sur cette période sont les sources épigraphiques, comme les textes de lois, les inscriptions de votes, les traités, sur de multiples supports tels que les gravures, les murs, les stèles. Autres types de sources, les sources archéologiques qui permettent de mieux appréhender l'organisation spatiale des cités, numismatiques qui regroupent les différentes pièces de monnaies retrouvées et iconographiques, c'est à dire des représentations en image sur des objets tels que les vases. Pour mieux comprendre l'organisation des cités, nous allons étudier les interactions entre les cités et le territoire et nous poser la question suivante, pourquoi peut-on dire que les cités grecques interagissent avec des territoires pluriels ? Quelles sont les différentes échelles et organisation du territoire ? Dans une première partie, nous expliquerons l'organisation territoriale à l'intérieur des cités grecques avec l'astu et la chôra. En seconde partie, il s'agira de revenir sur le phénomène de colonisation des cités grecques pour comparer l'occupation du territoire entre les anciennes et les nouvelles cités. Enfin, en troisième partie, nous aborderons la politique d'expansionnisme des cités de Spartes et d'Athènes, et enfin la domination de l'ensemble des cités grecques par le royaume de Macédoine à l'exception de Sparte.

        Pour mieux comprendre comment est organisée la cité dans son territoire, il est important d'analyser les différentes parties qui sont bien distinctes mais qui se complètent. En effet, la cité, dite polis, comprend géographiquement un pôle urbain, une campagne environnante, et une frontière qui délimite ses contours. Le pôle urbain, l'astu, constitue le centre politique et économique de la cité. Comme son nom l'indique, l'astu est un espace de concentration d'habitats, de population et d'édifices publics. Tout d'abord, dans une majorité de cité, il y a une partie haute de la ville, dite ville haute ou akropolis, acropolis. La ville haute se situe sur les hauteurs d'une colline, plus facile à défendre contre d'éventuelles invasions et les razzias. C'est sur l'acropole que se réunissent les principaux éléments de la vie civique comme les palais, les magasins et les temples dédiés au culte. L'acropole comporte les temples des dieux fondateurs et protecteurs de la cité. Ce groupement d'édifices étant fortifiés à l'aide de murailles. Ces murailles, à partir de la fin de l'époque archaïque, recouvrent aussi une valeur politique, ils ont une valeur de puissance et de richesse économique pour la cité. Ce cœur de la cité est présent dans de nombreuses cités grecques comme Tirynthe, Mycènes, Argos, Athènes ou Sparte, il a une valeur symbolique du pouvoir et stratégique pour la défense du territoire. La partie basse de la ville peut être symbolisée par l'agora, la place publique. L'agora est un signe essentiel de l'hellénisme et seulement quelques exceptions comme Sparte. À l'instar de l'acropole qui est le cœur du pouvoir de la cité, l'agora est le poumon politique et économique de la cité. L'agora a la caractéristique de ne pas être fermée donc de ne pas bénéficier de fortifications, et de constituer un carrefour de plusieurs routes qui convergent menant jusqu'à l'acropole. L'agora a une fonction militaire car lieu de rassemblement, judiciaire et religieuse. La fonction principale de l'Agora est le commerce, d'où sa localisation à des carrefours. De nombreux bâtiments composent l'agora, par exemple, à Athènes, c'est ici que se situent le bouleutèrion (salle du Conseil), le prynatée, les magistratures et que se rassemble l'écclesia. D'une manière plus générale, le culte prend une place importante dans la ville basse où de nombreux édifices sont construits pour honorer les Dieux. Les sanctuaires, présents sur l'acropole, se situent aussi généralement en contrebas de l'Acropole, comme le sanctuaire de la Mère de Dieux à Akriai.

        A l'extérieur de l'astu se trouve le plat-pays, la chôra, la campagne. Cet espace constitue le domaine de l'agriculture, essentiel au bon fonctionnement de la cité. Si la cité est étendue, la campagne peut comporter plusieurs villages. Bien que zone à dominante rurale, avec de simples bourgs ou de simples villages, la campagne peut comporter dans quelques cas des villages qui ressemblent à des villes par leur développement, mais elles restent dépendantes d'une ville plus importante. À Sparte, où le pôle urbain est peu évolué, la campagne est appelée « terre civique », cultivée par les hilotes au profit des citoyens qui possèdent les terres. À Athènes aussi la campagne est représentative du clivage social, les citoyens se distinguent par leur capacité à détenir des terres dans la chôra. Les citoyens ont le monopole des terres dans la campagnes et ce sont donc eux qui doivent la défendre. La campagne remplit ainsi l'idéal de vie des citoyens des cités grecques, c'est-à-dire l'autarcie, pouvoir vivre en indépendance et en autonomie. En effet à Athènes comme dans d'autres cités le citoyen doit pouvoir participer à la vie politique de sa cité, en ville, et cultiver ses terres en campagne. Il faut donc souligner la complémentarité des différentes zones qui composent la cité, la ville et la campagne, et ne pas les mettre en opposition, les deux espaces sont en contact direct et en dehors de certains cas de grandes cités, un habitant de la campagne peut rapidement se déplacer en ville. Le culte a aussi une place importante dans la campagne, autre aspect de la complémentarité entre la ville et la campagne. En effet, les sanctuaires urbains qui sont communs à tous sont complétés avec de nombreux sanctuaires civiques répartis dans la campagne comme Eleusis à Athènes. Les processions durant les fêtes religieuses sont une preuve de ce lien entre la ville et la campagne, les fêtes parcourent la campagne pour finir à l'acropole. Les sanctuaires dans la campagne peuvent aussi être des grands sanctuaires régionaux et ont dès lors une importance d'ordre régional. Il est aussi possible d'évoquer les sanctuaires panhelléniques en campagnes qui eux sont communs à tout les grecs, on peut citer celui de Némée, l'Isthme de Corinthe ou Eleusis à Athènes.

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