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Les Etats-Unis, Puissance Mondiale De 1941 à Nos Jours ?

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Par   •  22 Mai 2013  •  2 381 Mots (10 Pages)  •  3 221 Vues

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« La puissance sur la scène internationale est la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités » s’après Raymond Aron (Paix et guerre entre les nations, 1962). L’auteur insiste sur la puissance comme un moyen, qui implique une relation de domination dans un contexte historique précis. On peut se demander si cette définition est pertinente dans le cas des Etats-Unis. Comment les Etats-Unis parviennent-ils à s'imposer progressivement, au cours du XXème siècle, comme la 1ère puissance mondiale? Dans une première partie, je parlerais du moment d’affirmation fondamental d’affirmation des Etats-Unis, pendant la Seconde Guerre Mondiale (1941-1947), puis dans une seconde partie, je développerai sur la superpuissance américaine durant les années 1947-1990. Enfin, je m’interrogerai sur la puissance des Etats-Unis depuis 1990 et sur la fragilité de cette puissance.

Pour les Etats-Unis, la période de la 2nd Guerre Mondiale, entre 1941 et 1947 est un moment d’affirmation de leur puissance.

Le 11 mai 1941, la loi prêt-bail est votée, permettant au Royaume-Uni de poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie. Le 12 août, Roosevelt et Churchill, le Premier ministre anglais, signent la Chartre de l'Atlantique. Celle-ci reprend les grandes idées de Wilson. Mais ce n'est que le 7 décembre 1941 que les Etats-Unis entrent en guerre, à la suite de l'attaque surprise du Japon contre leur base militaire de Pearl Harbor, à Hawaï. Ils se placent aux côtés du Royaume-Uni, et de l’URRS, avec qui ils forment la Grande Alliance.

Les Etats-Unis s’engagent totalement et mondialement. Leur engagement est d'abord industriel et économique : le Victory Program, lancé par Roosevelt en janvier 1942, consistant à produire en masse des armes, des navires, avions et véhicules envoyés aux Alliés, mobilise le pays au service de l'effort de guerre. Il est ensuite militaire : les Etats-Unis doivent combattre sur deux fronts, dans le pacifique et en Europe. Trois débarquements (Afrique du nord 1942, Italie 1943, Normandie 1944) permettent à l'armée américaine, aidée de ses alliés, de libérer l'Europe occidentale. L’Allemagne capitule le 8 mai 1945.

La lutte contre le Japon est tout aussi intense : la progression est lente, à l'est par le Pacifique et sud par les Philippines. Les terribles bombardements de Tokyo et l'usage de l'arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) finissent par pousser le Japon à capituler le 2 septembre 1945. Dès 1946 Churchill dénonce à Fulton la politique soviétique de satellisation des pays d’Europe de l’est et le “rideau de fer” qui les sépare des démocraties occidentales. La quête d’un nouveau multilatéralisme défendu par Roosevelt à Yalta s’efface devant la nécessité de contenir l’expansion du communisme. Les EU entrent dans la guerre froide. Durant cette période (1945-1990), la superpuissance étasunienne assume des responsabilités à l’échelle mondiale.

Pendant la période de 1945 à 1960, les Etats-Unis sont à la tête du monde libre. Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis décident de tourner la page de l’isolationnisme et d’assumer les responsabilités que leur confère leur puissance, afin d’éviter, à l’avenir, d’être plongés comme en 1917 et 1941 dans un nouveau conflit mondial. A partir de 1947, et durant plus de 40 ans, ils prennent la tête du monde occidental dans la Guerre froide qui les oppose à l’URSS et ses alliés. Au nom de la défense de la liberté et de la démocratie contre le communisme, ils s’engagent dans une lutte de tous les instants, sur tous les terrains et tous les continents, en évitant toutefois un affrontement militaire avec leur adversaire direct. En application du containment (à partir de 1947), ils multiplient les pactes bilatéraux et multilatéraux de façon à encercler l’URSS et à empêcher l’extension de l’influence communiste. Ils sont ainsi le pivot d’un réseau d’alliances, dont l’OTAN est le plus solide élément, doublé de bases militaires terrestres et maritimes qui leur sont autant de points d’appui. Dans le même esprit, ils engagent de force à Berlin (1948-1949) et se lancent en Corée dans une guerre longue et meurtrière (1950-1953).

Les Etats-Unis sont de très loin la première puissance économique mondiale dans tous les domaines : industriel (ils produisent en 1955 43% de l’acier mondial et 65% des automobiles) ; commercial (leur flotte marchande représente 2/3 du tonnage mondial) ; financier (leur investissements extérieurs passent de 6 à 30 milliards de dollars entre 1946 et 1959). Les accords de Bretton Woods, en juillet 1944, consacrent la suprématie du dollar, seule monnaie convertible en or, et la place prépondérante des Etats-Unis dans les nouvelles institutions monétaires internationales (FMI et Banque mondiale). Les accords du GATT, en octobre 1947, qui s’inspirent des principes libre-échangistes, favorisent l’économie dominante des Etats-Unis. Cette puissance économique sert la politique de la Guerre Froide. Le plan Marshall, annoncé en juin 1947, est une aide indispensable à la reconstruction des pays d’Europe de l’Ouest (2826 et 2445 millions de dollars sont versés au Royaume-Uni et à la France).

Mais durant les années 1960-1980, la suprématie américaine est remise en question. Dans certain domaine, par l’autre superpuissance, l’URSS concurrence les Etats-Unis. Celle-ci, qui détient l’arme nucléaire depuis 1949, parvient à rattraper son retard dans la course aux armements, à instaurer un équilibre de la terreur et même à dépasser les Etats-Unis dans les années 1970. Elle les prend également de vitesse dans la course de l’espace et est la première, dès 1957, à placer un satellite en orbite. Sur le plan économique, les accords de Bretton Woods sont remis en cause à la suite de la dévaluation du dollar en 1971. De plus, la guerre du Vietnam (1964-1973) est une défaite pour le containment et a des conséquences désastreuses sur l’image des Etats-Unis. Malgré toute la puissance de leur armée, les Etats-Unis ne réussissent pas à stopper la progression du communisme en Asie du Sud-Est et les violences commises jettent le trouble au sein de leur camp.

Au-delà de la suprématie, c’est également sa domination qui est contestée. Le bloc occidental se fissure dans les années 1960. La France du général de Gaulle, sans remettre en cause ‘Alliance atlantique, conteste l’hégémonie américaine et quitte les structures militaires de l’OTAN en 1966. Mais c’est surtout en Amérique latine que l’emprise économique et politique de Washington est de plus en plus mal acceptée. En 1960, Fidel Castro fait basculer Cuba du côté communiste. Pour lutter contre les gouvernements de gauche qui accèdent au pouvoir sur le continent, les Etats-Unis n’hésitent pas, comme au Chili en 1973, à soutenir des coups d’Etats des dictatures d’extrême droite, ni à intervenir militairement, comme en République dominicaine en 1965.

A la suite de cette période, où la superpuissance américaine est remise en question, les Etats-Unis sortent finalement vainqueurs de la Guerre froide (1980-1990). Cette victoire est à la fois stratégique et diplomatique. Les deux présidences de Ronald Reagan (1981_1988) marquent le retour d’une politique offensive, qui fait de la lutte contre « l’Empire du Mal » - c’est ainsi qu’il qualifie l’URSS – la propriété absolue. Les Etats-Unis accroissent leurs dépenses militaires, répondent systématiquement aux actions soviétiques et, avec l’initiative de défense stratégique (IDS), relancent la course aux armements dans un domaine où ils savent que l’URSS n’a pas les moyens financiers et technologiques de les suivre. Plus que limiter le communisme, ils veulent le combattre de l’intérieur pour le faire refluer (doctrine du rollback). L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir à Moscou modifie la donne : il comprend la nécessité de réformer le système soviétique et de négocier avec les États-Unis des accords sur le désarmement nucléaire (accords de Washington en 1987 et START en 1991). La chute des régimes communistes en Europe de l’Est (1989_1990), la réunification de l’Allemagne (1990) et l’éclatement de l’URSS (1991) laissent les Etats-Unis sans rivaux. Ils sortent vainqueurs de la guerre froide de façon pacifique.

De plus, la victoire des Etats-Unis est aussi idéologique. Leurs valeurs remportent : le libéralisme économique, qui triomphe dans les années 1980, le capitalisme, qui gagne l’Europe de l’Est et la Chine avant même les réformes politiques, la démocratie, qui progresse en Amérique latine, en Asie du Sud-Est ou en Afrique australe. Néanmoins, les Etats-Unis ont toujours une vision claire de leurs intérêts et continuent à soutenir des régimes non démocratiques qu’ils le jugent nécessaire, comme au Moyen-Orient, l’Egypte ou les monarchies pétrolières de la péninsule Arabique. La puissance des Etats-Unis, incontestée et universelle, semble alors à son apogée.

L’effondrement de l’URSS en 1991 laisse les Etats-Unis sans égaux ni rivaux sur le plan géostratégique. Ils bénéficient d’une suprématie absolue dans les domaines essentiels de la puissance : militaire, économique (ils produisent en 2000 22% des richesses mondiales), technologique et culturel. A cela s’ajoutent le poids déterminant qu’ils jouent dans les institutions internationales politique et financières, ainsi que le rôle clé du dollar qui, malgré la crise des années 1970, continue d’être la principale monnaie d’échanges et des réserves. Cette « hyperpuissance », outre qu’elle implique de nouvelles et lourdes responsabilités, permet aux Etats-Unis de définir comme ils l’entendent leur place dans le nouvel ordre mondial et de choisir le cadre, multilatéral ou unilatéral, dans lequel ils veulent jouer leur rôle.

De plus leur économie est dominante. Cette économie américaine, qui défend les principes du libre-échange et de la déréglementation, fait des Etats-Unis la plaquent tournante du commerce mondial et l’acteur principal de la mondialisation. Ils doivent toutefois coopérer avec l’Union Européenne, du Japon et surtout des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui les concurrencent. Leurs importations représentent toujours, à la fin des années 1990, 22% du total mondial, mais la part de leurs exportations a chuté de 25% en 1950 à 9%. leur balance commerciale est alors en déficit, et les Etats-Unis vont d’endetter.

Les Etats-Unis sont de plus en plus dépendant de leurs fournisseurs de pétrole et surtout de leurs créanciers, qui continuent de prêter tant qu’ils ont confiance dans la bonne santé de leur économie. La Chine détient notamment une énorme quantité de dollar, dont elle peut user à tout moment comme moyen de pression contre Washington. Ces déséquilibres financiers et budgétaires sont depuis 2008 à l’origine d’une crise économique et sociale sans précédent depuis les années 1930, qui frappe les Etats-Unis et l’ensemble du monde industriel.

Les Etats-Unis jouent aussi un nouveau rôle, celui de « gendarmes du monde ». Renouant avec l’idéalisme du président Wilson, les Etats-Unis interviennent dans les années 1990 sur tous les continents au nom du droit et d’une communauté international où ils comptent bien jouer le premier rôle : guerre du Golf contre l’Irak après l’invasion Koweït (1990-1991), intervention militaire pour mettre fin à la guerre de Bosnie (1995), participation active au processus de paix israélo-palestinien, missions multiple en Afrique. Ils le font dans l cadre de l’ONU et, en ex-Yougoslavie, par le biais de l’OTAN, dont le terrain d’action a été redéfini pour lui permettre d’agir hors de la zone atlantique. Ce multilatéralisme affiché n’est pas sans contradiction. Les Etats-Unis entendent d’abord défendre leurs intérêts et préserver les grands déséquilibres internationaux : ils n’interviennent ni contre la Russie dans le conflit tchétchène, ni contre la Chine dans le conflit tibétain. Ils deviennent de plus en plus méfiants à l’égard des instances internationales, dont ils acceptent mal le pouvoir contraignant. Ils signent mais ne ratifient pas le traité sur l’interdiction des essais nucléaire (1996)n le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (1998) ou le traité de Rome instaurant la Cour pénale internationale chargée de juger les crimes de guerre et contre l’humanité ‘1998). En 1999, l’intervention de l’OTAN pour venir en aide aux Kosovars contre les Serbes se fit sans mandat explicite de l’ONU.

Enfin les attentats du 11 septembre 2001 révèlent de façon spectaculaire la vulnérabilité des Etats-Unis, atteints en leur cœur par un ennemi d’un genre nouveau, difficilement identifiable, qui s’attaque à leur hégémonie mais aussi à leurs valeurs. Ils ripostent en un premier temps, avec le soutien de la communauté internationale et de l’OTAN, en lançant une vaste offensive contre l’Afghanistan, dont le régime abrite les responsables d’Al-Qaida, l’organisation responsable des attentats.

Les Etats-Unis sont alors tentés par l’unilatéralisme. Le président George Bush, influencé par les néoconservateurs, fait en 2002 le choix de l’unilatéralisme. Il engage son pays contre « l’axe du Mal » - la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak, accusés sans preuves formelles de détenir des armes de destruction massive et d’encourager le terrorisme international. En mars 2003, les Etats-Unis se lancent dans une guerre préventive contre l’Irak, sans l’accord de l’ONU. La victoire militaire est rapide et la dictature de Saddam Hussein est renversée. Cette guerre divise profondément la communauté internationale et jette le trouble au sein même de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne : elle est condamnée par la Russie et la Chine, mais aussi par plusieurs alliés traditionnels des Etats-Unis, dont la France, l’Allemagne, le Canada et la plupart des Etats d’Amérique latine. Les pays d’Europe de l’Est, ex-communistes, qui entrent dans l’OTAN en 2004, soutiennent en revanche leur nouvel allié.

Très vite cependant, la puissance américaine en Irak se heurte à la population. Malgré des premières élections libres en 2005, les Américaines ne parviennent pas à contrôler le pays et, comme en Afghanistan, subissent des attentats et doivent affronter une situation de quasi guerre civile. Conscient de l’isolement diplomatique croissant de son pays, et de l’absurdité de vouloir imposer la démocratie par les armes, Barack Obama élu président en 2008, et qui à l’origine s’est opposé à la guerre, annonce le désengagement progressif des forces américaines d’Irak (plus de force en décembre 2011). Il est partisan d’un multilatéralisme souple, renouant avec les organisations internationales, sans pour autant accepter les alliances contraignantes qui viendraient restreindre la liberté d’action des Etats-Unis. En novembre 2010, l’OTAN décide également de retirer peu à peu ses forces d’Afghanistan et de transférer dès les 4 ans ses responsabilités à la police et l’armée afghanes.

En conclusion, depuis 1941, les Etats-Unis ont marqué de leurs empreintes les relations internationales et imprégné le monde de leur mode de vie et de leur culture au point que l’on a pu parler du XXème siècle comme un “siècle américain”. Contestée puis concurrencée aujourd’hui, l’influence de la puissance des Etats-Unis et son ascendant sur le monde restent pourtant une réalité toujours tangible

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