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Crise ou Renaissance des espaces ruraux français ?

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Par   •  9 Octobre 2018  •  Dissertation  •  1 774 Mots (8 Pages)  •  1 328 Vues

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Crise ou Renaissance des espaces ruraux français ?

Un espace rurale est un paysage ayant une discontinuité du bâti, où il y a une faible densité de population, pas ou peu d'infrastructures urbaines, où il y a une grande part de végétal et enfin des activités spécifiques tel que l'agriculture ou le tourisme. Les campagnes d'aujourd'hui sont marquées d'une profonde mutation. Que ce soit de l'ordre économique, social ou culturel, l'ère rurale devient une réalité nuancée et complexe à saisir. Le géographe Roger Béteille parle d'une « crise rurale » tandis que Bernard Kayser le contredit en évoquant une « renaissance ». On peut ainsi se demander si les campagnes françaises sont vouées à un déclin irrémédiable, ou au contraire, à un renouveau prenant de multiples formes ? Nous évoquerons dans un premier temps la crise des campagnes, puis les voies et limites de la renaissance des espaces ruraux pour enfin étudier les espaces ruraux aux dynamiques différenciées.

Il s'agit de présenter les aspects de la crise qui aurait touché les espaces ruraux dans la deuxième moitié du XXème siècle. Cette crise s'articule autour de la « fin des paysans » et sur la question de la désertification des espaces ruraux.

Les campagnes françaises ont toujours eu une forte identité culturelle ; on peut les qualifier de « sociétés rurales » puisque ses habitants vivaient, à l'époque, uniquement de leurs productions, de leurs terres. Il y avait un fonctionnement, un système interne, propre aux paysans et à leur communauté. Ils ont par exemple, mis en place un héritage patrimonial : on donnait les terres de la famille aux descendants de celle-ci, au lieu de les revendre ou de les échanger. Il y avait également un patois local ne permettant pas aux personnes extérieures de s’intégrer à une communauté rurale. Certains de ces patois existent toujours aujourd'hui, et prouvent l'importance de la culture paysanne et la trace culturelle qu'elle a laissée. Chaque société rurale avaient des traditions, des coutumes : célébrations des fêtes, habillement, nourriture. Ces derniers changent selon les régions et leurs campagnes et constituent une identité rurale.

Cependant aujourd'hui les historiens parlent de la « fin des paysans ». Ils situent ce phénomène pendant et après la 2nd révolution agricole qui a eue lieu à la fin du XIXème siècle. La grande industrie fournit rapidement à l'agriculture de nouvelles machines révolutionnant les techniques alors en place. La Première Guerre mondiale ouvre l'ère des pesticides et des herbicides de synthèse dans les années 1930, puis la spécialisation des régions selon leurs avantages. La 2nd révolution agricole s'est ainsi produite sous l'impact de la modernisation, de la concentration et de la spécialisation, qui sont à l'origine de la disparition de 3 agriculteurs sur 4, recensés en 1950. Les agriculteurs partent en ville pour acquérir une meilleure vie : bénéficier du luxe qu'offre la ville et s'affranchir de la pauvreté culturelle, voire économique pour certains, des campagnes. De nos jours le profil socio-économique des agriculteurs s'est largement modifié : on parle d'« agrimanageurs » qui se chargent de l'essentiel de la production agricole, face à un « petit prolétariat agricole » qui se maintient difficilement dans l'économie. On explique aussi l’appellation de « fin des paysans » par la destruction des terres arables : il y a une perte de certaines terres agricoles utiles pour d'autres utilités urbaines tels que les loisirs, commerces ou habitations, ce qui cause une perte de territoire rural et un moindre besoin de paysans.

Les espaces ruraux sont aussi marqués par l'exode rural, qui débute au début du XIXème siècle, après la première révolution agricole. L'historien Jean Pitié étudie la relation cause à effet de cette exode rural. Il explique ainsi que ce sont l'infériorité des revenus ruraux, la rareté du travail dans les régions rurales où les femmes en particulier ne trouvent pas à s'employer, les conditions de travail des agriculteurs qui restent pénibles malgré des améliorations, l'inconfort encore réel de l'habitation dans les campagnes, et les difficultés à scolariser les enfants. Jean Pitié en déduit les conséquences de l'émigration rurale. Elles s'expriment par des modifications du paysage, comme l'abandon de certains espaces cultivés ou la ruine des habitations désertées, et surtout par de graves effets démographiques : le vieillissement des campagnes, la supériorité numérique des hommes qui fait apparaître une opposition entre « des villes et des concentrations de type urbain régulièrement féminisées et des campagnes parfois fortement masculinisées ». Enfin par effet sélectif « le monde rural est devenu, en partie, un monde résiduel que la migration prive de ses meilleurs éléments ». Il en résulte des faits économiques préjudiciables aux campagnes, un transfert de richesses au profit des villes dont le développement est en outre stimulé par le déplacement des populations. Cette désertification conduirait à la « décomposition des sociétés rurales » selon d'autres historiens : le solde naturel des campagnes rentre dans le négatif.

Après avoir étudié dans quelle mesure il est possible de parler d’une crise des campagnes, nous étudierons les espaces ruraux, à l’instar de Kayser, sous l’angle de leur « renaissance », en analysant les manifestations de la revitalisation de la société et de l’économie rurale, mais aussi des ses limites.

Les campagnes développent aujourd'hui une fonction résidentielle. Après une longue période de déclin, puis de stagnation entre 1982 et 1999, la population des espaces ruraux augmente désormais au même rythme que l’ensemble de la population française (0,7 %/an). Ce renouveau démographique de l’espace rural s’appuie sur une double dynamique : la réduction des zones de désertification et l’extension du périurbain. Si l’attractivité des espaces périurbains et du littoral (Ouest et Sud) ne se dément pas, de larges territoires ruraux, de plus en plus éloignés

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