INFRA ECO ET SOCIALE AU MAROC COLONIAL

Ahmed SOUSSAN

Enseignant du supérieur à la retraite

L'EDIFICATION D'UNE INFRASTRUCTURE ECONOMIQUE ET SOCIALE AU MAROC DURANT LA PERIODE COLONIALE

• Un héritage très lourd   -

Le modèle marocain de croissance a  été façonné‚  pendant près d'un demi-siècle de colonisation. C'est en effet pendant cette période qu'a  été  entamée la grande opération de création des infrastructures obéissant naturellement aux objectifs assignés à l'économie marocaine dans le cadre de l'empire français.                            

Les autorités coloniales ont réalisé une infrastructure  économique très importante dans certaines régions, afin d'accélérer le processus de mise en valeur des ressources du pays et leur exportation vers la métropole .

« C'est surtout au profit des européens que l'on construisit des chemins de fer,

des routes, des barrages, des canaux, des aérodromes, des centrales

électriques, des ports ... » (1)

Le développement de l'infrastructure surtout  économique ( moyens de transports et de télécommunications, hydraulique...) a nécessité‚ pendant cette période d'importants investissements publics et semi-publics.

Le tableau 1 suivant retrace l'évolution de ces investissements pour la période

1914-1956 .

Tableau 1 : Evolution des investissements 1914-1956

                   Sources : -   Bureau du Plan, Rabat, 5 ans de réalisation du programme d’équipement 1949-53, et

                                        l’évolution économique du Maroc dans le cadre du 2ème Plan Quadriennal 1954-57

•  Aziz Belal, L’investissement au Maroc, Ed. Mouton, 1968

Cet effort est marqué par son caractère fluctuant. Suivant la conjoncture, on peut relever les  étapes suivantes :

(1) S.M. HASSAN II – Le défi, Ed. Albin Michel, 1976, p.124

        1) De 1914 à 1920 : On constate une prédominance des infrastructures de communications (50%) alors que les investissements en équipements sociaux n'ont atteint que 10%.

        2) De 1921 à 1938 : Cette période se caractérise par le développement de la voie ferrée qui a consommé la moitié des 82% des fonds destins aux infrastructures économiques contre 6% seulement aux infrastructures sociales, les 12% restant furent alloués  à la défense.  

        3) De 1939  à 1944 : C'est l'époque de guerre.

D'où un gonflement des dépenses afférentes  à l'équipement administratif et  à la défense.  

4) De la fin de la guerre à l'indépendance :

Deux phénomènes importants caractérisent cette période :

1. l'accroissement considérable des dépenses d'infrastructure ;
2. la mise en œuvre de ces infrastructures suivant des programmes

d'équipements établis à partir de 1949 (Les deux Plans Quadriennaux 1949-53 et 1954-57iNFRA ECO ET SICIAL MAROC COLONIAL.docx).    

Ces Plans quadriennaux visaient principalement à harmoniser la croissance  économique des colonies avec celle de la métropole :

«Ces programmes représentent une première tentative d'approche de l'ensemble des relations économiques Métropole- Outre - Mer, devant permettre d'associer plus étroitement que par le passé la périphérie au développement du centre, par le moyen d'une orientation adéquate des projets d'investissement public. » (1).

Le volume annuel moyen des dépenses durant la période 49-57 représente plus de 4 fois celui d'avant-guerre, plus de 9 fois celui de la période des années de guerre et 2,5 fois le volume annuel moyen des années de l'immédiat après-guerre.

(1) ……………………….

Section I : LA PART IMPORTANTE DE L'INFRASTRUCTURE  ECONOMIQUE

A-  LE PREMIER PLAN QUADRIENNAL 1949-53

        Le premier Plan Quadriennal 1949-53 s'assigne comme objectif la réduction des goulots d'étranglement dont les principaux étaient l'insuffisance des moyens de communications, la pénurie d'énergie et de matériaux de construction.

Durant cette période, les voies de communications et les télécommunications ont absorbé 29 % du total des investissements à la charge du budget de l'Etat. L'hydraulique et l'énergie  électrique totalisent 34 %.

L'infrastructure  économique se taillait ainsi la part du lion avec près de 63 % du total du budget d'équipement contre seulement 25 % réservés aux secteurs sociaux et  à peine 6 % aux secteurs productifs.  

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