Analyse des conséquences du changement climatiques sur les stations de sport d'hiver des Alpes du Sud
Étude de cas : Analyse des conséquences du changement climatiques sur les stations de sport d'hiver des Alpes du Sud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clara.medrano • 21 Novembre 2024 • Étude de cas • 1 801 Mots (8 Pages) • 20 Vues
Amicie PIERRE
BTS Tourisme 2 B&B
LES STATIONS DE SPORTS D'HIVER DES ALPES DU SUD FACE AUX DÉFIS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le changement climatique représente un défi majeur pour les stations de sports d'hiver, en particulier dans les Alpes du Sud, une région marquée par une double influence climatique : alpine et méditerranéenne. Cette configuration rend les stations locales, souvent situées à des altitudes moyennes, particulièrement vulnérables aux variations des conditions d'enneigement. La station de Céüze 2000, implantée au cœur de la montagne de Céüse dans les Hautes-Alpes et reconnue pour son ensoleillement exceptionnel, illustre ce phénomène : ouverte en 1935, elle a dû fermer définitivement ses remontées mécaniques en 2020, faute de pouvoir s’adapter aux défis environnementaux. Cet exemple témoigne d’une nécessité urgente de redéfinir les modèles économiques et touristiques des stations de sports d’hiver afin de maintenir l’attractivité des territoires tout en prenant en compte les nouvelles contraintes climatiques.
Face à cela, comment les stations de sports d’hiver des Alpes du Sud peuvent-elles s’adapter aux défis climatiques pour préserver leur activité touristique et se diversifier efficacement ?
Dans un premier temps, nous analyserons les effets du changement climatique sur les stations de sports d’hiver des Alpes du Sud en prenant appui sur le cas de Céüze. Ensuite, nous étudierons les potentialités touristiques de la montagne de Céüse et de ses environs. Enfin, nous proposerons deux axes majeurs de développement permettant à la station de réorienter son offre touristique.
I - Les effets du changement climatique sur les stations de sports d'hiver des Alpes du Sud
- Caractéristiques des Alpes du Sud et vulnérabilité climatique
- Les Alpes du Sud, à la convergence de l’influence climatique alpine et méditerranéenne, bénéficient d’un climat ensoleillé, avec un fort ensoleillement d’environ 300 jours par an, mais des précipitations limitées. Ce climat particulier limite les chutes de neige, rendant les stations de cette région plus vulnérables aux variations climatiques que celles des Alpes du Nord, où l'enneigement est plus stable.
- En effet, les données montrent que le réchauffement climatique impacte directement l’enneigement, raccourcissant les saisons hivernales. Dans les stations d’altitude modérée comme Céüze (1600-2000 mètres), la fonte rapide de la neige et la diminution des périodes d'enneigement naturel rendent l’activité de ski aléatoire, voire insoutenable.
- Les fermetures de domaines skiables se multiplient, particulièrement pour les petites stations incapables d'investir dans des moyens artificiels coûteux. Selon un rapport paru dans « Le Monde » le 6 mars 2020, les stations de ski situées en dessous de 1300 mètres d'altitude sont les plus touchées par ces changements, entraînant une forte augmentation de leur fermeture. 35,3% des stations des Alpes du Sud auraient ainsi fermé leurs portes. En comparaison, ce sont 59% des stations du Massif central qui ont fermé, ce n’est donc pas un fait isolé cantonné aux Alpes du Sud, selon ce même rapport.
- Conséquences économiques et sociales locales
- La fermeture des stations, souvent centres d’activité économique pour les communes, entraîne un déclin économique et une désertification de ces zones. À Céüse, la fermeture de commerces et d’infrastructures comme l’Hôtel Gaillard, qui a désormais les volets clos et ne rouvrira plus, marque un désert touristique en expansion. La désolation est renforcée par des pancartes jaunes « appartements et locaux à vendre ou à louer » qui tapissent les balcons des bâtiments avec une vue spectaculaire sur le domaine skiable. L’illustration du déclin brutal d’une station qui, autrefois, était considérée comme une destination prisée.
- Cela entraîne aussi une perte d’attractivité pour le bassin touristique environnant, qui dépend du flux touristique hivernal. La baisse de fréquentation saisonnière en hiver affecte l'ensemble des services associés (hébergements, restauration, commerces), ce qui encourage la désertification économique et démographique en basse saison.
- Adaptation insuffisante et enjeux de diversification
- Céüze, comme d'autres stations de taille modeste, n'a pas eu les moyens financiers d’investir dans des solutions d’adaptation coûteuses comme la production de neige artificielle, les installations de retenues collinaires, ou le repositionnement vers des activités alternatives. Les échecs des projets de mise en place de neige artificielle soulignés par Guy Jullien, ancien directeur de la station, illustrent l’incapacité à s’adapter face à des conditions climatiques de plus en plus adverses. Cette dépendance au tourisme hivernal a fragilisé la station qui se retrouve aujourd'hui en quête de nouveaux modèles économiques pour survivre.
III - Axes de développement pour la réorientation touristique de Céüse
- Développement des activités quatre saisons et diversification de l’offre touristique
- Reconversion en base de loisirs de pleine nature : La station peut se transformer en une base multi-saison, en proposant des activités sportives de nature telles que la randonnée, le VTT, la via ferrata, le ski nordique, les raquettes, la marche nordique, le trail, le trek, la luge d’été, le parapente, le saut à l’élastique et même des activités nautiques comme le kayak, le canyoning, le canoë, le paddle... Céüse est déjà reconnue pour ses pistes d’escalade et le développement de sentiers de randonnée balisés par exemple peut attirer les amateurs de tourisme de pleine nature en capitalisant sur l’ensoleillement exceptionnel de la station et sur les activités prisées des visiteurs selon les sondages locaux. La station pourrait développer des infrastructures de soutien (parcours de difficulté variable, points de ravitaillement, maisons de loisirs avec des instructeurs), et ainsi répondre à la demande croissante de loisirs de pleine nature, moins dépendants des conditions climatiques hivernales. Cette reconversion multi saison est la réaction la mieux adaptée aux nombreux aspects matériels d’une station obsolète, et les exemples qui l’ont précédée sont nombreux : la station d’Andermatt en Suisse, celle de Sankt Corona am Wechsel en Autriche ou encore Lus-la-Jarjatte en France, toutes ont opté pour la diversification des activités touristiques en tout genre et ont aujourd’hui brillement relancé leur activité.
- Création d’événements saisonniers : Organiser des événements autour de la randonnée, de la course d'orientation, ou des rencontres sportives qui permettraient d’attirer des visiteurs tout au long de l’année, consolidant l’attractivité de Céüse et des activités toutes saisons s’y développant. La station pourrait également choisir d’herberger des évènements de grande envergure comme des festivals, des salons ou des courses sportives de renom. Ce modèle a été observé en Autriche à Semmering, qui accueille des événements et des festivals en été. La région possède déjà de nombreuses infrastructures d’activités comme un centre équestre, un stade nautique, des parcours divers (santé, trail, slalom de canoë, raquettes, VTT), des pistes de via ferrata, un parcours de golf et même un aérodrome. Les anciennes pistes de ski peuvent également être réaménagées pour le ski de randonnée. La création d’évènement serait accueillie par ces infrastructures en déclin et en entretiendrait l’utilisation et le développement. En plus de créer de l’emploi et de la visibilité, cette démarche mettrait en avant la région qui se verrait peut-être attribuer certains soutiens politiques voire des subventions afin de maintenir une activité touristique rentable et respectueuse de l’environnement.
- Valorisation de l’agriculture et du patrimoine local dans un modèle de tourisme durable
- Intégration des activités agricoles et du patrimoine régional : En encourageant les collaborations avec les producteurs locaux, Céüse pourrait proposer des visites d’exploitation, des ateliers de découverte du terroir et des dégustations de produits locaux, en vue de diversifier les activités tout en maintenant un lien fort avec le territoire. Cette démarche ferait de la région un atout pour ses producteurs et inversement, tout en consolidant l’économie locale ainsi que la conservation du savoir-faire et de la singularité du territoire. De plus, le charme de la région peut également être un atout de taille pour y développer des visites patrimoniales dont les remontées mécaniques obsolètes, puissants vecteurs de la mémoire sociale locale, pourraient servir de point de départ. Cette revalorisation du patrimoine est une stratégie d’adaptation que la station de Saint-Pierre-de-Chartreuse en Isère a mis en œuvre, ce qui a eu pour effet d’attirer un public local en plus des touristes, c’est donc une stratégie payante.
- Développement d'un éco-tourisme éducatif : En raison des impacts environnementaux de la neige artificielle, Céüse pourrait promouvoir des activités de découverte écologique et des circuits de sensibilisation au changement climatique. En coopération avec des associations locales comme « Idées de Demain », la station mettrait en place des activités responsables et respectueuses de l'environnement comme des visites guidées pour découvrir la faune et la flore locales, des ballades nocturnes pour observer des étoiles, des arboretums, du géocaching, des ateliers nature pour les enfants et des stages de photographie de paysage par exemple, intensifiant la mise en place d’un tourisme durable et pérenne. On observe depuis plusieurs années maintenant l’importance grandissante du souci de l’écologie et du développement durable lors du choix des consommateurs quand il s’agit de partir en vacances. C’est pourquoi plusieurs stations en reconversion touristique à travers le monde ont intégré cet axe à leur développement comme Feldberg et Oberstdorf en Allemagne qui ont aménagé des sentiers d’interprétation de la nature et des visites de sensibilisation aux effets du changement climatique sur les montagnes environnantes, ou encore Flumserberg en Suisse qui a mis en place des parcours d'observation de la faune et de la flore.
Ces propositions permettraient à Céüse de capitaliser sur ses atouts naturels et de se positionner comme une destination quatre-saisons, plus résiliente face aux impacts du changement climatique tout en répondant à la demande croissante pour un tourisme durable et diversifié.
CONCLUSION
Face aux défis climatiques croissants, comment les stations de sports d'hiver des Alpes du Sud à l’image de Céüze 2000 peuvent-elles adapter leur modèle pour préserver leur activité touristique et renforcer leur résilience ?
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