La Nouvelle
Étude de cas : La Nouvelle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Charcloo • 4 Février 2024 • Étude de cas • 3 580 Mots (15 Pages) • 127 Vues
DOSSIER : LA NOUVELLE
Charlotte
MORALES MAZAY
HK3
Le genre littéraire de la nouvelle est un genre difficile à définir, à la frontière entre le roman et le conte. Nous essaierons donc de définir ce genre, en nous intéressant d’abord à son origine et son évolution au cours de l’histoire, puis par lui trouver des caractéristiques esthétiques générales. Par la suite nous étudierons un extrait de Claude Gueux de Victor Hugo pour cerner comment il s’ancre dans ce genre de récit bref.
I) L’origine et l’évolution de la nouvelle
Ce genre naît en Italie au XIVe siècle par la publication du Decameron de Boccace en 1350. Ici il s’agit d’un recueil de 100 nouvelles contant la vie de 10 personnages reclus dans une villa pour échapper à la peste. Cependant la naissance de la nouvelle française se fait plus tard, au XVe siècle par la publication de Les Cent Nouvelles nouvelles en 1462 par un auteur anonyme et commandé par le duc de Bourgogne. À la fin du Moyen-Age la nouvelle s’inspire des lais et des fabliaux, dont elle tire sa brièveté. Plus tard la nouvelle prend un tournant durant le beau XVIe siècle via l’Heptameron de Marguerite de Navarre (sœur de François Ier) entre 1540 et 1547.
Au XVIIe siècle se crée un mouvement pour combattre le roman qui tendait à s’allonger de plus en plus. Le modèle de la nouvelle prospère donc, comme le montre le pléthore de publications qu’a connu ce genre : Nouvelles exemplaires (1613) de Cervantès, Les Nouvelles françaises (1623) de Sorel et bien d’autres. Cependant cela tend à dénaturer le genre c’est notamment le cas de La princesse de Clèves de Madame de Lafayette publiée en 1678 en tant que nouvelle. On remarque ici la difficulté de définir ce genre ambigu. Cela permettra au conte de se développer et de prendre l’ascendant sur la nouvelle qui connaîtra un léger effacement au XVIIIe siècle, le conte étant préféré par les philosophes.
Le réveil du genre tient notamment à l’essor du journalisme au XIXe et au XXe siècle. En effet les contraintes imposées par les journaux permettent une publication du récit bref dans les médias. Ce genre est alors largement diffusé et accessible. Des auteurs comme Maupassant, Balzac ou Zola en publiant, respectivement, Boule de Suif (1880), La maison du Chat-qui-pelote (1829) et Naïs Micoulin (1883), permettent un essor de ce genre.
Nous constatons donc que la nouvelle est un genre qui s’inscrit dans l’histoire et qui a vu son sens changer au fil des siècles.
II) Définition et caractéristiques esthétiques
Malgré son évolution et son ambiguïté, nous pouvons ressortir des caractéristiques types de ce genre littéraire.
Le Robert propose cette définition : récit généralement bref, de construction dramatique (unité d’action) présentant des personnages peu nombreux dont la psychologie n’est guère étudiée que dans la mesure où ils réagissent à l’évènement qui fait le centre du récit. Le Robert reste donc prudent avec cette définition. Les éléments principaux étant la narration (le récit) et le format (bref), cependant la nouvelle ne se cantonne pas à cantonne pas à ses éléments esthétiques pour exister.
Concentrons nous sur l’étymologie de « nouvelle ». Le français « nouvelle » est emprunté à l’italien « novella » (du verbe « novellar » signifiant « changer » puis « raconter »). Tandis que dans le sens courant le mot « nouvelle » signifie le premier avis qu’on se fait ou qu’on reçoit (d’un évènement récent). Ce qui nous intéresse ici c’est l’aspect récent de ce récit qui nous envoie à la première caractéristique du genre : son encrage dans le temps.
La nouvelle a pour but de raconter ce qui est récent, ce qui se passe actuellement, ce qui est nouveau. Elle doit être actuelle, comme le prouve le titre pléonastique Les Cent Nouvelles Nouvelles, elle répond donc à un désir de rendre compte du récent, du contemporain. En cela, elle s’oppose au conte, rattaché au merveilleux et au fantastique, ou au roman historique, élargissant les bornes chronologiques de son récit.
La nouvelle se veut globale. Aussi appelé unité d’action. En effet la nouvelle n’a pour sujet qu’un seul évènement, elle ne se concentre que sur une chose en particulier, c’est autour de cet évènement que se construit la narration. De part la quantité d’informations à plier sur papier, la lecture d’une nouvelle peut se faire en une seule est unique fois « tout d’une haleine » dit Baudelaire, ce qui laisse au lecteur une marque plus forte dans son esprit d’une lecture courte. L’unité d’action se remarque aussi puisque la nouvelle se cantonne à un lieu et un moment donné, on ne verra donc pas d’analepses ou de prolepses dans la nouvelle.
Cela nous mène directement à une caractéristique esthétique intéressante, l’incipit in medias res. La brièveté du genre pousse à l’utilisation de ce procédé littéraire qui met le lecteur instantanément dans le cœur du récit. Le genre rejette, donc, les descriptions à rallonge balzacienne par exemple. Ce début in medias res est délégué à un conteur, à une narration monodique, simplifiée. La prise en charge de l’histoire ne revient qu’à un seul narrateur qui la conduit de bout en bout. Cela permettant d’arriver plus vite à la crise et au dénouement attendus par le lecteur.
Une autre caractéristique majeure de la nouvelle est sa vérité, qui insiste sur les liens de causalité logiques d’un récit. La représentation du monde se veut fidèle dans ce genre. Cette représentation de la réalité permet de se concentrer sur les répercussions psychologiques de l’évènement traité sur les personnages (qui sont peu nombreux de part la brièveté du genre).
Toutes ces caractéristiques ayant pour but de mener à la chute. La chute est la consécration de la nouvelle, son but final. Le lecteur doit être piqué par cette chute, afin de vouloir relire cette nouvelle, pour en comprendre profondément les enjeux. Tout le récit tend vers la chute, elle doit être brutale mais exige une cohérence dans le récit.
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