Gargantua, Rabelais, 1534

Gargantua, Rabelais, 1534

Chapitre XXIII : la deuxième éducation.

Introduction

Rabelais est une figure importante de l'humanisme du XVIe siècle. Dans Gargantua, un roman érudit et comique, il raconte la vie du héros éponyme. Grandgousier remarque l'intelligence de son fils pendant l'enfance. Il fait venir un précepteur, maître Thubal Holoferne, mais il ne fait que lui apprendre des choses par cœur. Ce dernier est inutile et il abêtit Gargantua.

Dans cet extrait du chapitre XXIII, Grandgousier fait venir un autre précepteur, Ponocrates, qui incarne l'éducation humaniste que valorise Rabelais.

Je vais maintenant procéder à la lecture du texte.

Quelles sont les caractéristiques de l'éducation que Ponocrates dispense à son disciple Gargantua ?

Tout d'abord, de la ligne 1 à la ligne 5, Ponocrates présente ses nouveaux principes pédagogiques. Ensuite, de la ligne 6 à la ligne 16, on s’aperçoit que l'éducation ne néglige ni l'âme ni le corps. Enfin, de la ligne 17 à 23, l'éducation se complète par l'exercice de toutes les facultés.

Analyse linéaire

Dans le premier mouvement du texte, lignes 1 à 5, le nouveau programme éducatif de Gargantua est pensé et établi par Ponocrates. Celui-ci est chargé d'orienter le géant, de l'aider à se construire un savoir humaniste, ce qui suppose de rompre avec les mauvaises habitudes prises autrefois par le géant.

Dès le début de l'extrait, les compléments circonstanciels pour “mieux réussir”, ligne 1, “dans les milieux de gens savants”, ligne 1, “étudier autrement”, ligne 2, viennent corriger la première éducation reçue par Gargantua. Un objectif est assigné, un nouvel environnement est défini.

Les phrases qui suivent mettent en valeur le rôle du précepteur humaniste ; il est chargé d'organiser l'emploi du temps du géant, comme le montre la subordonnée corrélative : “Ponocrates le soumit à un tel rythme d'étude que Gargantua ne perdait pas une seule heure de la journée”, lignes 4 à 5. Le lecteur comprend que le précepteur nourrit des ambitions par son élève et celles-ci correspondent bien à la taille du géant. Le programme est enfin précisé grâce à la proposition “il consacrait tout son temps aux belles-lettres et à l'honnête savoir”, lignes 4 à 5. Cet éloge du savoir est parfaitement conforme au principe de l'humanisme qui postule que l'éducation est un moyen de s'accomplir intellectuellement et moralement.

De nouveaux principes pédagogiques sont décidés par Ponocrates. Gargantua doit désormais les expérimenter.

Dans le deuxième mouvement du texte, lignes 6 à 16, les journées du géant sont parfaitement organisées par son précepteur. Ce dernier, très impliqué dans l’éducation de Gargantua, ne néglige ni l’âme, ni le corps.

Ce second mouvement commence dès la ligne 6 par des indications temporelles : “s'éveillait donc vers quatre heures du matin”, “Pendant qu’on le frictionnait”. La chronologie est appuyée par la proposition subordonnée de temps et les verbes sont conjugués exclusivement à l'imparfait. L'emploi du temps de Gargantua est parfaitement structuré. De nouvelles habitudes sont mises en place.

Les “Saintes Ecritures”, ligne 7, constituent le socle du savoir : elles doivent être comprises du géant. L’utilisation des adjectifs “haute”, “claire”, “adéquate”, ligne 7, met en valeur les textes sacrés.

L'onomastique ”Anagnostes”, ligne 8, renvoie à la lecture. Le précepteur est mis en valeur : il lit, il fait lire et enseigne la lecture. Il correspond à l'idéal du maître humaniste et c’est un transmetteur de savoirs.

Chez les humanistes, le savoir est indissociable de la morale et de la religion. L'énumération des verbes à l’infinitif “révérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu”, lignes 9-10, met en avant ce principe philosophique.

La confrontation entre les besoins de Gargantua et la hauteur de la réflexion, mise en avant par les superlatifs “lieux d'aisances pour se purger de ses excréments naturels”, ligne 11, et “en lui expliquant les points les plus obscurs et difficiles”, ligne 12, apporte un effet comique

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