Alcools - Guillaume Apollinaire

Dissertation sur Guillaume Apollinaire

« La poésie d’Apollinaire est-elle une célébration de la modernité ? »

L’effervescence intellectuelle et artistique du XXe siècle donne naissance à l’art Nouveau, ainsi qu’au cubisme et à profondément inspiré la littérature, avec des piliers pour accompagner ce vent de modernité tels que Guillaume Apollinaire. Il s’inspire de ses rencontres, ses expériences ainsi que ses voyages pour écrire ses poèmes. Dans son recueil Alcools, comptant une cinquantaine de poème, et publié en 1913, il ouvre une nouvelle voie à la poésie en cherchant une quête de modernité, pourtant malgré l’évocation de la fuite du temps et d’une envie profonde de s’affranchir du passé, la tradition n’est jamais bien loin. Nous pouvons alors nous demander : Alcools est-il seulement le reflet d’un éloge de la modernité ? Après avoir évoqué la revendication de la modernité dans Alcools, nous verrons que le poète conserve une part de tradition dans ce recueil. Enfin, nous observerons que le poète cherche peut-être un renouveau de l’ère poétique.

1. Modernité poétique :

1. Libération de la forme et désir de modernité :

Tout d’abord, le poète possède un profond désir de modernité, et souhaite s’engager dans un changement de la poésie traditionnelle. En effet, Apollinaire se détache progressivement de la tradition en se libérant de la forme traditionnelle de certains poèmes et rejette ainsi toutes les limitations dans la forme, il utilise toutes les strophes, tous les vers et formes inédites. Le poème d’ouverture, « Zone » débute par des monostiches « A la fin tu es las de ce monde ancien / Bergère ô Tour Eiffel troupeau des ponts-bêle ce matin » ce qui annonce la suite du recueil et le désir du poète de se défaire des codes de la tradition poétique. Enfin, le poète a fait le choix de supprimer toute la ponctuation d’Alcools ce qui est non-conventionnelle mais dénote une certaine modernité, qui peut déstabiliser au premier abord mais confère une liberté d’interprétation au lecteur. Ainsi, nous pouvons voir que l’auteur souhaite transformer la poésie traditionnelle pour aborder une toute nouvelle forme moderne.

1. Cette nouveauté influencée par le développement de l’industrialisation :

D’autres part, ce désir de nouveauté chez le poète est influencé grâce au développement de l’industrialisation et urbanisation, amplifiant sa lassitude du « monde ancien ». En effet, Apollinaire fait l’éloge de la « rue industrielle » dans de nombreux poèmes qui montre ainsi son envie de se détacher de la tradition. Il fait références aux nouveaux monuments de la ville moderne tels que la Tour Eiffel dans « Zone », dès les premiers vers « Bergère ô Tour Eiffel troupeau des ponts bêle ce matin » en s’émerveillant devant ce nouveau paysage urbain alors que sa construction est peu appréciée. Il fait de la Tour Eiffel un symbole de renouveau. Enfin, cette urbanisation est amplifiée par des événements importants qui ont marqué sa vie comme son passage à la prison de la santé qui lui a inspiré « A la santé » où il révèle son sentiment d’enfermement et de perte d’identité. Tous ces changements ont provoqué en lui un réel désir de modernité et de détachement de la tradition. Cependant, nous pouvons observer que malgré cette envie, Apollinaire garde certaines formes traditionnelles et références du passé.

1. Attaché à la tradition :

1. Thèmes ancien repris :

Dans son recueil Alcools, Apollinaire dévoile que malgré une profonde envie de modernité, certains éléments traditionnels restent très ancrés dans ses poèmes. En effet, de nombreux thèmes traditionnels sont évoqués dans le recueil. Le lyrisme se retrouve dans une multitude de poèmes puisque dans ce recueil, le poète notamment en rendant hommage à ses nombreuses relations amoureuses, avec la peintre Marie Laurencin ou encore une jeune gouvernante anglaise, Annie Playden. L’amour est donc très présent dans Alcools, on le retrouve dans la « Chanson du mal aimé » qui parle donc de la plainte du poète et du souvenir douloureux de sa relation avec Annie Playden et qui témoigne que l’amour est une source de souffrance, un sentiment exploité tout au long du recueil. Enfin, le thème de la fuite du temps, thème traditionnel, s’illustre dans le poème « Sous le Pont Mirabeau » et témoigne d’un attachement aux amours perdus dans le passé. « Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure » traduit la nostalgie de ce poème, qui retrace la relation amoureuse entre Marie Laurencin et Apollinaire, tout en dénonçant la fuite du temps, à travers l’élément liquide qui s’écoule et donc que le poète ne parvient pas à retenir. Ces thèmes témoignent donc que l’auteur ne s’éloigne jamais bien de la tradition poétique.

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