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Alcools, Guillaume Apollinaire

Analyse sectorielle : Alcools, Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2022  •  Analyse sectorielle  •  2 177 Mots (9 Pages)  •  509 Vues

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« A la Santé » ,  Alcools, Guillaume Apollinaire

Ecrivain polonais naturalisé français, Guillaume Apollinaire est l'un des écrivains français majeurs du début du XXe siècle.

Cet extrait est tiré du recueil Alcools publié en 1913 qui réunit des poèmes composés depuis 1898 : c’est donc un recueil très hétéroclite qui donne à voir 16 ans d’écriture poétique d’Apollinaire. A l’image d’une peinture cubiste, le recueil Alcools juxtapose des pièces a priori disparates et pourtant liées entre elles par le lyrisme, l’émotion et la fluidité qui découle de l’absence de ponctuation.

Ce recueil se situe entre tradition et modernité : en effet Apollinaire puise ses thèmes dans la poésie lyrique traditionnelle, utilise des sources bibliques et mythologiques…mais il fait aussi preuve d’une « esprit nouveau » en faisant entrer le monde contemporain dans la poésie (la ville industrielle, le quotidien…), en créant des images insolites et en supprimant toute ponctuation de son recueil. Il créer un lien entre « l’ancien » et « le nouveau » en questionnant la modernité et son rapport avec les pratiques traditionnelles

Dans ce poème l’auteur nous communique les souvenirs de son incarcération : en 1911, Apollinaire est mis en cause dans une affaire de vol de statuettes au musée du Louvre, a été incarcéré pendant une semaine à la prison de la Santé, à Paris, en 1911. Son poème est d’ailleurs composé de 6 strophes qui représentent ses 6 jours d’emprisonnement.

« LECTURE »

MOUVEMENTS

  • L’univers carcéral
  • Le thème du temps
  • Donner du sens (à la prison)

FIL CONDUCTEUR

  • Comment ce texte peut d'abord être lu comme une chronique (récits d’évènements dans l’ordre chronologique) d'un séjour en prison ? Comment cette expérience dévoile l'état d'âme torturé du poète et dévoile-son-moi profond ?

CONCLUSION

Le vers est volontairement libre pour renforcer la souffrance du poète qui se voit, lui, priver de cette liberté.

 Seul poème où le prénom de Guillaume apparaît (inspiration autobiographique)
Ouverture avec Villon (Epitaphe) //opposition entre le « nous » fictif de Villon qui le  rapproche de ses "frère humains" et la solitude exprimée chez Apollinaire qui conclut par un dialogue avec lui-même

I

Avant d'entrer dans ma cellule

Il a fallu me mettre nu

Les conditions de la vie carcérale : le dénument

Pour Apollinaire, la prison est le lieu de l’humiliation, où l’homme perd de son humanité « il a fallu se mettre à nu »

Et quelle voix sinistre ulule

Guillaume qu'es-tu devenu

Le Lazare entrant dans la tombe

Au lieu d'en sortir comme il fit

Adieu adieu chantante ronde

Ô mes années ô jeunes filles

Un lieu sans vie

Cette idée est reprise au moment où Apollinaire qui s’adresse à lui-même évoque le miracle de Saint-Lazare ce lieu lui donne alors l’impression qu’il n’en ressortira pas vivant

II

 Non je ne me sens plus là

Moi-même

Je suis le quinze de la

Onzième

Le soleil filtre à travers

Les vitres

Ses rayons font sur mes vers

Les pitres

Et dansent sur le papier

J'écoute

Quelqu'un qui frappe du pied

La voûte

III

Dans une fosse comme un ours

Chaque matin je me promène

Tournons tournons tournons toujours

Le ciel est bleu comme une chaîne

Dans une fosse comme un ours

Chaque matin je me promène

Dans la cellule d'à côté

On y fait couler la fontaine

Avec les clefs qu'il fait tinter

Que le geôlier aille et revienne

Dans la cellule d'à côté

On y fait couler la fontaine

Le thème du temps

Le temps des prisonniers est un éternel recommencement :  la comparaison avec l’ours montre qu’il tourne en rond marquer par les trois occurrences du verbe « tournons »

 L’adverbe de temps « chaque matin » montre la répétition ».Les répétitions nombreuses montrent l’ennui, l’absence d’inspiration.

IV

 Que je m'ennuie entre ces murs tout nus

Et peints de couleurs pâles

L’évocation de la nudité et de la déshumanisation est renforcée par la description que fait le poète du milieu carcéral, les murs sont également « nus ». On pourrait alors qu’il y a substitution ce lieu comme les êtres qui y sont détenus sont sans vie ce que vient appuyer l’adjectif épithète « pâles ». « La voûte, les chaînes, les murs, ma cellule, ma prison » appartiennent à un vocabulaire réaliste. La nudité se présente alors comme un manque de vie.

Une mouche sur le papier à pas menus

Parcourt mes lignes inégales

Que deviendrai-je ô Dieu qui connais ma douleur

Toi qui me l'as donnée

Prends en pitié mes yeux sans larmes ma pâleur

Le bruit de ma chaise enchaînée

Et tous ces pauvres cœurs battant dans la prison

L'Amour qui m'accompagne

Prends en pitié surtout ma débile raison

Et ce désespoir qui me gagne

V

Que lentement passent les heures

Comme passe un enterrement

Tu pleureras l'heure où tu pleures

Qui passera trop vitement

Comme passent toutes les heures

VI

J'écoute les bruits de la ville

Et prisonnier sans horizon

Je ne vois rien qu'un ciel hostile

Et les murs nus de ma prison

Le jour s'en va voici que brûle

Une lampe dans la prison

Nous sommes seuls dans ma cellule

Belle clarté Chère raison

L’univers carcéral

LE DENUMENT

Pour Apollinaire, la prison est le lieu de l’humiliation, où l’homme perd de son humanité « il a fallu se mettre à nu ». Cette évocation de la nudité est renforcée par la description que fait le poète du milieu carcéral, les murs sont également « nus ». On pourrait alors qu’il y a substitution ce lieu comme les êtres qui y sont détenus sont sans vie ce que vient appuyer l’adjectif épithète « pâles ». « La voûte, les chaînes, les murs, ma cellule, ma prison » appartiennent à un vocabulaire réaliste. On observera que le poète s’approprie le lieu par l’intermédiaire des pronoms personnels « ma cellule» « ma prison » qui viennent en écho avec « ma douleur ».

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