Rire et savoir
Commentaire d'oeuvre : Rire et savoir. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Agathe274 • 13 Avril 2025 • Commentaire d'oeuvre • 2 371 Mots (10 Pages) • 27 Vues
Le XIXème siècle est marqué par une période de grande instabilité politique qui voit se succéder pas moins de six régimes politiques différents, au prix de révolutions et de défaites. Une multitude de questions divisent le siècle. En outre, la littérature émerge au cours du XIXe siècle et se balance entre l'élan de s'évader de la réalité, caractéristique du romantisme, et la tentative de dépeindre la réalité, propre au réalisme. Les auteurs de cette époque tenteront de retranscrire la société française de l’époque le plus fidèlement possible, sans l’enjoliver ni la dénaturer. Parmi eux, se trouve un célèbre romancier, Honoré de Balzac. Il était un auteur français du XIXème qui concile à la fois romantisme, réalisme et fantastique dans ces écrits. En 1831, il écrit le roman Peau de Chagrin qui s’inscrit dans La comédie humaine. Dans ce projet littéraire il publie une succession de romans et de nouvelles dans lesquels il décrit la société de l’époque tout en explorant les passions, les ambitions et les vices des individus. En effet, La peau de chagrin est un roman réaliste, allégorie de la vie humaine. En effet, Raphaël de Valentin incarne la vie de chaque être humain à travers cette peau de chagrin qui rapetisse à chaque désir. Celle-ci symbolise également le caractère éphémère de la vie lorsqu'on utilise mal notre énergie vitale. Ainsi, l'auteur explore à travers les personnages de son livre les conflits intérieurs générés par les passions et les désirs.
Dans La Peau de Chagrin, chaque pulsion créatrice est-elle inévitablement liée à une forme de destruction ? En premier lieu, nous analyserons La Peau de Chagrin comme un roman de création. Toutefois, dans un second temps, nous verrons comment les thèmes de désir et de passion représente des forces de destruction amenant les personnages à leur perte. Enfin, nous nous pencherons sur la dualité de l'énergie à la fois créatrice et destructrice.
De prime abord, La Peau de Chagrin se présente comme un authentique roman de création. Balzac explore cette dimension créatrice en la reliant à la production et à l'invention. Cette création s'exprime notamment à travers l'art dans le roman de La peau de Chagrin. En effet, l'auteur introduit cette création artistique dès le début du roman à travers le désir intense de connaissances du personnage principale. Se consacrant à son Traité de la Volonté, il s'abandonne dans sa petite mansarde pendant trois ans pour l'écrire. Pour Balzac, cette expression artistique est un souffle d'énergie, qui lui permet de se surpasser et d’exprimer sa créativité à travers l’écriture. Cette incarnation du savoir se retrouve aussi chez le personnage de l'antiquaire qui incarne une figure de la sagesse. Celle-ci lui assure une longévité exceptionnelle car l’antiquaire est en effet âgé de 102 ans. Ce phénomène s’explique notamment par son renoncement aux plaisirs sensoriels et à la possession matérielle. Le vieil antiquaire affirme « Je possède le monde sans fatigue » car le savoir lui procure une sorte de plaisir suffisant pour vivre pleinement sa vie. Il devient donc une allégorie d'une vie longue mais dénuée de passion. Ainsi l'art nous est donc présenté comme un moyen pour les personnages de se connecter à eux-mêmes, de repousser les limites de la réalité et de s'élever au-dessus de leur condition humaine.
Par ailleurs. Raphaël est poussé par une autre force créatrice puissante : l’amour. En effet, cet amour pur et absolu qu'il ressent pour Pauline est qualifié de « force de transformation » chez le personnage de Raphaël. C’est sous l'influence de l'amour de Pauline que Raphaël connait une évolution profonde de sa personnalité. Celui-ci lui permet de s'éloigner de ses désirs égoïstes et de trouver un sens plus noble à sa vie. En effet, Pauline affirme qu'elle est prête à « sacrifier le monde entier » dans la partie « Agonie », lorsque Raphaël retourne vers elle. Pauline incarne donc une figure protectrice qui le mène vers le droit chemin mais aussi un idéal de vie pour le jeune homme. La citation : « L'amour nous donne une sorte de religion pour nous même » met en lumière le rôle transformateur de l'amour dans la vie des personnages. Elle suggère que l'amour, loin d'être simplement une émotion, agit comme une force spirituelle qui donne un sens et une direction à la vie.
Ainsi, La peau de chagrin capture la puissance créatrice de ces forces intérieures. Le désir et la passion peuvent être des sources d'inspiration, de motivation et de création. Balzac considère cette expression artistique comme un souffle d'énergie, représenté à travers divers concepts et personnages. Elle lui permet de se dépasser et d'apporter une créativité philosophique et poétique réelle. Cependant ces mêmes forces qui propulsent les personnages vers la création peuvent aussi les conduire à leur propre ruine. L'art est donc aussi un sacrifice pour celui qui le pratique. De ce fait, la création mène irrémédiablement à la perte du protagoniste
A cet égard, nous pouvons ainsi considérer, dans cette œuvre, le thème de destruction. Balzac introduit l'enjeux du désir et de la passion comme des forces destructrices entrainant la décadence, la détérioration morale et le déclin humain. Il met en scène Raphaël entrainé dans ce tourbillon de forces dévastatrices qui le mèneront finalement à sa perte. C'est ainsi que nous retrouvons cette confusion de Raphaël dans son dilemme amoureux partagé entre les émotions qu'il ressent pour Foedora et pour Pauline. Foedora qui incarne le désir, tandis que Pauline symbolise l'amour pur. Mais l’amour peut aussi devenir destructeur, en particulier lorsqu'il évolue vers une passion obsessionnelle, comme c'est le cas pour Foedora. Le jeune homme est complétement obsédé par celle-ci. Raphaël dit « Je me créai une femme, je la dessinai dans ma pensée, je la rêvai ». Ainsi il l’idéalise sans se rendre compte de son vrai visage et se laisse emporter dans ses passions. En effet, l'étymologie propre du mot passion, qui vient du grec "páthos", signifie la souffrance et la maladie. Ainsi Balzac nous présente un amour destructeur de Raphaël pour Foedora qu’il nomme par ailleurs dans la deuxième partie : « La femme sans cœur ». Raphaël va donc utiliser la peau pour tenter de la séduire en vain car Foedora est froide et indifférente à tous ces efforts. Toutes ces dépenses inutiles de son énergie entrainent une perte progressive de sa vie, symbolisant le sacrifice ultime qu'il fait pour l'amour.
...