Vivre un deuil

Vivre un deuil

Sujet délicat qui touche tous les humains de cette planète, la mort viendra frapper à votre porte. Je le sais, vous le savez, mais nous rejetons fortement cette évidence. Ainsi quand l’un de nos proches décède, douleurs et sentiment d’injustice peuvent surgir. De la colère au désespoir, le flot émotionnel qui vous submerge semble incontrôlable. La douleur qui jaillit au cœur et prend les tripes paraît insurmontable. D’un seul coup, vous prenez conscience d’un élément crucial : vous ne serez plus reconnu, aimé ou écouté par cette personne. La façon qu’avait cette personne de vous percevoir, chérir et qui reconnaissait votre existence, disparaît en même temps qu’elle. La sensation d’abandon et de solitude explose en vous, créant alors une véritable déflagration intérieure.

Il y a à travers le monde des milliers de personnes qui ont connu ou connaissent la même souffrance que celle qui vous déchire aujourd’hui. Vous n’êtes pas seul sur votre chemin, même s’il reste intrinsèquement solitaire. C’est grâce au travail de deuil que vous allez réapprendre à vivre, sans la présence de la personne aimée tout en restant en lien intime avec elle. Ce travail commence ici et maintenant, par le choix que vous avez fait de suivre ce chemin d’accompagnement. Je vous en félicite.

Mais autant l’affirmer tout de suite : il y aura toujours en quelque chose qui restera blessé à jamais. Le processus de deuil ne permettra jamais de réparer à 100% ce qui a été meurtri. Comme une blessure physique, il reste toujours une cicatrice plus ou moins sensible, +/- invalidante. C’est inévitable, ce sera une zone de vulnérabilité que vous portez toujours en vous, tout au long de votre existence. La cicatrice du deuil restera douloureuse par delà les années. La douleur sera toujours là mais grâce au processus de deuil, elle deviendra progressivement plus tolérable, moins violente, elle n’aura pas l’intensité dévastatrice des premières années.

Votre peine trouvera sa juste place en vous, sans jamais vraiment disparaître, laissant exister un espace de paix et de quiétude qui vous semble inconcevable actuellement, où vous pourrez à nouveau être heureux, construire des projets, envisager l’avenir sous un ciel plus serein. Vous verrez que vous pourrez faire coexister en vous l’ombre et la lumière, la peine et la joie, ces deux territoires si antinomiques.

Le chemin de la transformation de la souffrance ne se fait pas en ligne droite. Au contraire, la guérison profonde du cœur se fait par mouvements de va-et-vient qui varient en fonctions de divers facteurs : de la vie, vos expériences passés, votre manière de composer avec vos deuils antérieurs vos croyances, votre réseau de soutient, etc. Le deuil se fait par cycles.

La semaine dernière j’allais bien. Pourquoi est-ce que je me mets à pleurer comme ça tout d’un coup ? Est-ce que cela veut dire que je régresse.  

Lorsque nous vivons un deuil, nous rencontrons des petites et des grandes vagues intérieures. Les émotions reliées à la perte de l’être cher vont et viennent, tout comme les vagues qui naissent de la mer. Certains jours, elles sont très élevées et très agitées, et, d’autres jours, plus douces et calmes. Certaines vagues sont tellement puissantes que vous avez l’impression qu’elles vous emportent. Il vous arrive même de craindre les bas-fonds où la mer pourrait vous entraîner.

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