La poésie du XIXe au XXIe siècle

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• Marceline Desbordes-Valmore, « Fleur d’enfance », extrait du recueil Poésies1

(1830).

Après une petite enfance plutôt heureuse, la vie de Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est

marquée par de nombreux malheurs : exil forcé en 1801 de sa famille en Guadeloupe pendant la

Révolution, mort de sa mère alors que Marceline a 17 ans, mort de ses propres enfants. Sa poésie

se fait donc souvent élégiaque : elle déplore le présent et parfois, comme dans ce poème de cinq

strophes, se souvient avec nostalgie du court bonheur que fut le début de sa vie.

« Fleur d'enfance »

2

L'haleine d'une fleur sauvage,

En passant tout près de mon cœur,

Vient de m'emporter au rivage,

Où naguère3

aussi j'étais fleur :

Comme au fond d'un prisme4

où tout change,

Où tout se relève à mes yeux,

Je vois un enfant aux yeux d'ange :

C'était mon petit amoureux !

Parfum de sa neuvième année,

Je respire encor ton pouvoir ;

Fleur à mon enfance donnée,

Je t'aime ! comme son miroir.

Nos jours ont séparé leur trame5

,

Mais tu me rappelles ses yeux ;

J'y regardais flotter mon âme :

C'était mon petit amoureux !

De blonds cheveux en auréole,

Un regard tout voilé d'azur,

Une brève et tendre parole,

Voilà son portrait jeune et pur :

Au seuil de ma pauvre chaumière

Quand il se sauvait de ses jeux,

Que ma petite âme était fière ;

C'était mon petit amoureux !

Cette ombre qui joue à ma rive

Et se rapproche au moindre bruit,

Me suit, comme un filet d'eau vive,

A travers mon sentier détruit :

Chaste6

, elle me laisse autour d'elle

Enlacer7

un chant douloureux ;

Hélas ! ma seule ombre fidèle,

C'est vous ! mon

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