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Analyse de la bête humaine p95

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Par   •  21 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  811 Mots (4 Pages)  •  915 Vues

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L’introspection de Jacques

        Le narrateur emploie essentiellement deux procédés pour permettre au lecteur d’entrer dans la conscience de Jacques et de suivre au plus près le cheminement de sa pensée : les réflexions de Jacques sont délivrées en focalisation interne « il aurait voulu comprendre » (l. 15) et « il en venait à penser » (l. 39) et sont, rapportées au discours indirect libre « Mon Dieu ! il était donc revenu ce mal abominable dont il se croyait guéri ! » (l. 2-3). Dans le premier paragraphe, il décrit les symptômes de son mal qui, à son grand désespoir, est réapparu : depuis l’adolescence, il est pris d’une envie irrésistible d’égorger les femmes pour lesquelles il éprouve du désir, soulignée par le champ lexical du plaisir – « la fièvre grandissante, affolante du désir » (l. 5) ; « c’était pour le plaisir, parce qu’il en avait une envie, une envie telle » (l. 10)  et une pulsion de mort « tuer » (l. 4), « égorger » (l. 11).

        Dans le deuxième paragraphe, il tente d’analyser les raisons de son mal « il aurait voulu comprendre » (l. 15), passe en revue les membres de sa famille pour discerner l’origine de son mal et avance une explication génétique : la transmission héréditaire d’« une fêlure » (l. 32) et l’alcoolisme de ses ancêtres « Et il en venait à penser qu’il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu » (l. 39-40). Enfin, dans le troisième paragraphe, il discerne une cause plus ancienne, aux sources de l’humanité primitive, le ressentiment des mâles contre les femelles dont ils veulent se venger et qu’ils cherchent à posséder (l. 46-50).

Symptômes, circonstances et origines de son mal

Le mal dont est atteint Jacques semble le transformer en bête comme l’indique le champ lexical du comportement animal employé pour désigner ses réactions : « une sauvagerie qui le ramenait avec les loups mangeurs de femmes » (l. 41-42), « Il ne s’appartenait plus, il obéissait à ses muscles, à la bête enragée » (l. 36-37) », « galopant » (l. 11), « enragé » (l. 7), « rage aveugle »(l. 44), « conquérir la femelle et la dompter » (l. 49). Ressentant en lui comme « une fêlure » de son moi, Jacques file la métaphore de la cassure, de la brisure pour expliquer les symptômes de son mal : « fêlure », « cette fêlure héréditaire » (l. 32), « de subites pertes d’équilibre, comme des cassures, des trous » (l. 34-35). Mais d’autres réseaux de métaphores traduisent les manifestations de ce mal : métaphore de l’écoulement, de la dissipation de son être à travers « des trous par lesquels son moi lui échappait » (l. 35) ; métaphore du brouillard (« au milieu d’une sorte de grande fumée qui déformait tout » (l. 36) signalant l’incapacité à raisonner, ou encore métaphore de l’empoisonnement « il était le sang gâté, un lent empoisonnement » (l. 40-41) soulignant la dégénérescence familiale. Ce réseau d’images imbriquées suggère la désagrégation de son être, l’impression de ne plus pouvoir se contrôler : « un homme poussé à des actes où sa volonté n’était pour rien » (l. 53).

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