Sociologie de l'éducation
Cours : Sociologie de l'éducation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar suzi24 • 7 Octobre 2015 • Cours • 2 199 Mots (9 Pages) • 6 554 Vues
Sociologie de l'éducation
La sociologie est née dans la deuxième moitié du 19ème siècle.
Deux grandes questions retiennent avant tout l'attention des sociologues de l'éducation. La première porte sur la manière dont une société forme des individus autonomes capables d'assurer une pluralité de fonctions au sein d'une société sans cesse plus différenciée. La deuxième porte sur la manière dont l'école s'articule avec les inégalités sociales et plus largement avec la stratification sociale.
Chapitre 1 : École et socialisation
Le concept de socialisation est généralement considéré comme essentiel pour comprendre comment la sociologie de l'éducation analyse le rôle de l'école dans la société.
- Les principales problématiques de la socialisation scolaire
La perspective fonctionnaliste classique : Émile Durkheim (1858-1917)
Le contexte politique français de la fin du 19ème siècle est marquée par l'enracinement de la IIIème République et la perspective de la revanche contre l'Allemagne, victorieuse en 1870. Ces deux caractéristiques dominantes amènent l'école à jouer un rôle décisif dans l'édification de la société républicaine. Obligatoire, laïque et gratuite depuis les années 1880 (lois de Jules Ferry), l'école se donne en plus de sa mission d'instruction, selon l'idéal révolutionnaire de Condorcet, une mission d'éducation morale, matière aussi importante que la lecture, l'écriture et le calcul dans la formation du citoyen et du soldat. La socialisation scolaire est alors le moyen de diffuser auprès de tous les élèves l'éducation républicaine, véritable « religion de la patrie », selon Jules Ferry.
Le contexte intellectuel du 19ème siècle est marqué par cette culture universelle, moteur de l'évolution des sociétés vers plus de raison. L'école, en diffusant cette culture, dans le cadre d'une socialisation scolaire rigide, joue un rôle déterminant pour libérer l'homme de l'obscurantisme.
Pour Durkheim, la socialisation scolaire est avant tout une éducation morale, dont le programme comprend trois éléments.
Les deux premiers concernent la « discipline » et l' « attachement au groupe » (c'est-à-dire à la classe) de l'élève. Ils se fondent sur une séparation entre le monde scolaire et le monde social.
Pour Durkheim, le maître, n'est rien moins qu'un instituteur, c'est-à-dire le représentant de la société dans la classe.
Le troisième élément de l'éducation morale, aboutissement d'une socialisation réussie, est la formation chez l'enfant d'une « autonomie de la volonté ». L'intériorisation progressive des normes collectives conduit à la constitution d'une capacité à juger la société de manière autonome.
Par exemple, l'anomie, concept central chez Durkheim, illustre les carences de la socialisation de certains individus.
L'analyse que fait Durkheim de la « pénalité scolaire » (1992) en est une illustration : il montre que la sanction contre un élève est plus un moyen de renforcer la « conscience collective » du groupe-classe, et donc indirectement de la société, que l'occasion d'accabler le fautif et de donner trop d'importance à la faute elle-même.
Enfin, le rôle que Durkheim fait jouer à la socialisation scolaire s'inscrit dans le processus de différenciation structurelle croissante des sociétés modernes.
La perspective de la « reproduction »
La théorie de la socialisation scolaire de Pierre Bourdieu et de Jean-Claude Passeron illustre cette perspective (1970). Si l'école joue un rôle majeur dans le fonctionnement de la société, elle ne peut pas libérer l'individu et constituer l'autonomie de la volonté si importante pour Durkheim.
Pourtant, dans les deux perspectives, la socialisation se définit avant tout par l'intégration de modèles culturels. Mais la socialisation scolaire est valorisée chez Durkheim parce qu'elle assure la nécessaire diffusion d'une culture universelle, et critiquée chez Bourdieu et Passeron parce qu'elle légitime un ordre social contestable.
Les analyses de Bourdieu et Passeron montrent l'existence d'un processus arbitraire de sélection sociale, opérant à l'aide d'une culture de classe dominante, revêtue des oripeaux (vêtements) d'une culture scolaire savante.
La perspective de l'expérience scolaire
Une troisième théorie de la socialisation scolaire a été récemment formalisée par François Dubet, s'appuyant sur des recherches portant sur la manière dont les élèves construisent leur expérience à l'école.
L'institution scolaire est aussi un marché où se distribuent des positions sociales, et un espace de subjectivation, où les individus entretiennent un rapport particulier avec la culture scolaire. La séparation et l'autonomisation de ces diverses fonctions conduisent à définir la socialisation scolaire comme la construction de l'expérience individuelle.
Chaque situation scolaire est caractérisée par une « combinaison » particulière de trois logiques d'action : d'intégration, où l'élève se définit en fonction de son appartenance à une organisation scolaire mais aussi et surtout au monde de la culture juvénile ; stratégique, où l'élève agit au mieux de ses intérêts scolaires ; et de subjectivation, où l'élève est un sujet en construction, à distance des deux autres registres d'action et en recherche d' « authenticité personnelle ».
C'est à l'école primaire que le modèle de socialisation classique demeure le plus fort : la figure du maître reste centrale, le groupe de pairs enfantins n'étant pas en mesure de contester son autorité, et la transmission des apprentissages de base n'est guère remise en question.
Au collège, au contraire, la contestation de l'ordre scolaire, et la remise en question de l'utilité des études et du travail scolaire est bien plus forte. Soutenu par un groupe de pairs plus conscient de lui-même, l'adolescent soumet l'institution à une pression critique. L'autorité enseignante, la motivation pour les savoirs deviennent des réalités fragiles, à reconstruire au jour le jour.
Au lycée, le processus de socialisation s'appuie bien davantage sur les préoccupations stratégiques des élèves.
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