Lecture linéaire "Spleen"

Poème n°2 : Spleen « J’ai plus de souvenirs… »

• Introduction :

« J’ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans », poème de la section Spleen et Idéal dans les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, est un des quatre poèmes ayant pour titre « Spleen ». Composé de 3 strophes inégales et écrit à la première personne majoritairement, il nous entraîne vers l’esprit et la vie du poète qui fait un bilan désespérant de son existence et est axé sur l’ennui qui l’envahit. Nous nous demanderons donc comment Baudelaire transmet-il son mal vivre au lecteur.

Mouvement du poème :

• Vers 1 : Le poète annonce son bilan,
• Vers 2 à 14 : il fait un inventaire chaotique de ses souvenirs,
• Vers 15 à 18 : il ne connaît plus que l’ennui,
• Vers 19 à 24 : : il est étranger à lui-même et au monde (passage à la 2ème personne).

• Vers 1 : annonce son bilan :

• Ce vers a une tonalité de lassitude, et est une ouverture qui annonce la suite du poème.
• Baudelaire utilise une hyperbole (« que si j’avais mille ans »), il donne l’impression d’être une immense mémoire et d’avoir tout vu.

• Vers 2 à 14 : Baudelaire fait un inventaire chaotique de ses souvenirs :

Baudelaire fait son inventaire avec des métaphores :

• Difficultés matérielles : « bilan » (v. 2), « procès » (v. 3), « quittance » (v. 4),
• Souvenirs d’amour : « romance » (v. 3), « billets doux » (v. 4),
• Souvenirs du poète : « vers » (v. 3), « romance » (v. 3).

Vers 6 à 8 —> Le cerveau du poète devient une « pyramide », un « immense caveau », un « cimetière »; la métaphore transforme ses souvenirs en ossements, sa mémoire devient un champ de cadavres.

Vers 9 et 10 —> des remords le condamnent, sa mémoire est comme un cadavre rongé par les vers, les remords hantent le poète.

Vers 11 à 14 :

• sa mémoire passe d’un meuble à un cimetière, puis ici à « un vieux boudoir », on y trouve « des fleurs », des modes », « des objets d’art », « des Bouchers »,
• Les objets sont proches du néant, anciens, démodés et  dans sa mémoire règne du désordre : « roses fanées », « modes surannées », « parfums éventés ».
• Toutes les sensations présentes expriment l’absence de vie. « Seuls » (v. 14) est en rejet, les objets sont multiples mais seuls par rapport à la vie.
• À la fin de cet inventaire, Baudelaire éprouve une sensation de vide, de néant, il ne lui reste plus que l’ennui (dans les prochains vers).

• Vers 15 à 18 : le poète ne connaît plus que l’ennui : 

• L’ennui est présenté ici comme une forme de dérision (v. 17)
• La sonorité, le rythme et les métaphores sont significatifs de cet ennui, du vers 11 à 18, les rimes sont en « -é ».
• Métaphores : le temps qui dure est comme un vieillard boiteux (v. 15) ou comme un hiver (v. 16) —> cela n’avance pas. Le spleen parait comme l’hiver de l’âme.
• L’ennui entraîne la mort de l’âme, de l’être (v. 17 et 18)

• Vers 19 à 24 : le poète est étranger à lui-même et au monde (passage à la deuxième personne) :

• « Désormais » (v. 19) marque une conséquence de l’ennui, il débouche sur la mort et la matière vivante devient granite. L’apostrophe est dérisoire, le poète est étranger à lui-même : il appartient au monde minéral. (Sphinx = granite). Le poète est également oublié du monde (v. 22 et 23)
• Il est comme un « vieux sphinx » qui ne chante plus « qu’au rayons du soleil ». Baudelaire ne sait pus que dire de la mort et de la disparition.

• Conclusion :

Baudelaire nous transmet son mal vivre en montrant qu’en tant qu’homme et poète, il est victime du spleen : pour l’homme, sa mémoire est un cimetière où règne que l’ennui; et pour le poète, il est paralysé et ne sait plus que dire de la mort. Le poète transmet son mal vivre et son spleen par une accumulation de métaphores qui sont chaotiques mais en fait très liées.

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