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Que reste-t-il des classes sociales aujourd'hui en France ?

Dissertation : Que reste-t-il des classes sociales aujourd'hui en France ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 995 Mots (8 Pages)  •  2 244 Vues

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Dissertation page 206 : Que reste-t-il des classes sociales aujourd'hui en France ?

Pour Karl Marx et Friedrich Engels, tous deux philosophes allemands, dans leur Manifeste du parti communiste, « l'Histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes ».  Toutes les sociétés complexes admettent des hiérarchies sociales (classement ordonné des catégories sociales selon un critère économique, la richesse ; politique, le pouvoir, ou social, le prestige). Dans les sociétés traditionnelles, les hiérarchies sont officielles, chaque groupe social ayant des droits et des devoirs spécifiques comme les sociétés d’ordres en France sous l’ancien régime. La situation est très différente dans les sociétés modernes, dans lesquelles prévaut l’égalité des citoyens (déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789), en droit rien ne s’oppose à la mobilité, mais dans les faits qu’en est-il ? Le développement de l’industrie a favorisé celui des classes sociales, notamment de la classe ouvrière. Par classes sociales, les sociologues entendent des groupes sociaux unis par des conditions économiques similaires et parfois portes à la mobilisation politique pour défendre leurs intérêts.

Les classes sociales sont-elles encore présentent de nos jours en France ?

Dans un premier temps, nous verrons que la logique marxiste semble obsolète, et ensuite que de nouvelles logiques de distinction s'élaborent.

   Pour Karl Marx (1818-1883), la société tend vers une bipolarisation entre les classes prolétaires et bourgeoises dans le mode de production capitaliste. Les bourgeois possèdent les moyens de production (le capital) alors que les ouvriers ne disposent que de leur force de travail. Cela va donc créer un antagonisme (qu'il appelle « lutte des classes ») car les bourgeois exploitent le travail des prolétaires. Marx a une vision réaliste des classes sociales car son analyse se base sur la vision de la réalité. Il affirmait au XIXe siècle qu’un groupe social, consitituant un ensemble d'individus formant une unité sociale durable, caractérisée par des liens directs ou indirects, un sentiment d'appartenance plus ou moins fort ainsi qu'une reconnaissance par les autres membres de la société, devenait une classe sociale quand il rassemblait les dimensions de la classe en soi (conditions de vie similaires) et de classe pour soi (mobilisation pour la défense de ses intérêts). Cette analyse, adaptée à la société industrielle du XIXe siècle, semble en décalage avec les réalités du XXIe siècle. Max Weber (1864-1920) avait déjà ajouté au modèle marxiste une dimension symbolique fondée sur le statut et le prestige. Il propose une analyse de la classification sociale des individus selon trois critères qu'il appelle des « ordres » : l'ordre économique, lié au patrimoine, aux revenus (c'est la classe sociale) ; l'ordre politique, lié au pouvoir et aux partis politiques et l'ordre social qui dépend des relations sociales d'un individu et de son prestige, ce sont les groupes de statuts. La position de l'individu dans chacun de ces trois ordres lui donne donc une position dans la hiérarchie sociale. Celle-ci est due pour lui à la capacité d'un individu à se procurer un bien ou un service. Weber a une analyse qualifiée de nominaliste car il construit des catégories à partir d'une théorie qu'il utilise ensuite comme filtre pour comprendre la réalité. C'est une vision inverse du réalisme de Marx. Cette analyse wébérienne de la stratification sociale, société hiérarchique qui organise les rapports entre les individus et les groupes sociaux,  semble plus adaptée pour décrire la société de consommation qu’est la société française du début du XXIe siècle.

   Analysons la conscience de classe des différentes professions et catégories socioprofessionelles (PCS) appelées, avant 1982, les CSP (Catégories SocioProfessionelles). Les PCS sont un outil construit pas l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) pour tenter de regrouper les actifs français dans des catégories dont les membres présentent une certaine homogénéité sociale, c'est-a-dire le même genre de comportements (par exemple vis a vis de la fécondité, des opinions politiques, des pratiques de loisirs, etc...). Il existe 6 PCS : les exploitants agricoles, les artisans, les commercants et chefs d'entreprise, les cadres et professions intellectuelles supérieures, les professions intermediaires, les employés et les ouvriers. Les PCS regroupent des catégories (42 catégories socioprofessionnelles) qui sont une décomposition plus fine de la population active, qui elles-mêmes regroupent les 486 professions que dénombre l'INSEE. On va s'intéresser ici aux cadres, professions intermediaires, employés qualifiés ou non et aux ouvriers également qualifiés ou non afin de comparer a chacun leur sentiment d'appartenance à une classe sociale. On remaque une différence entre les classes moyennes et les classes populaires, en effet pour les classes moyennes (cadres et professions intermediaires) on constate que plus de la moitié considère appartenir a une classe sociale tandis que pour les classes populaires ont arrive tout juste à 50% pour les ouvriers qualifiés qui ont le sentiments d'appartenir a une classe sociale dont 25% d'entre eux font référence à la classe ouvrière lorsqu'on leur demande de préciser la classe à laquelle ils ont le sentiment d'appartenir. Les autres PCS de la classe populaire sont en dessous de 50%, commme par exemple seulement 39% des employés non qualifiés déclarent « avoir le sentiment d'appartenir à une classe sociale »  alors que 61% des cadres ont le sentiment d'appartenir à une classe sociale, soit un pourcentage environ 1,7 fois plus grand (données du document 1). Donc, même si les classes moyennes ont tendances à plus avoir le sentiment d'appartenir à une classe que les classes populaires, ces pourcentages restent tout de même relativement faible.

   Evoquée depuis le XIXe siècle par Tocqueville (1905-1959) dans de la « démocratie en Amérique » où il théorise le passage a un état social démocratique. Celui-ci est porteur d’une égalisation des conditions soit d’une réduction des inégalités de niveaux de vie. Si les inégalités économiques ne disparaissent pas, la possibilité d’accéder à une position supérieure permet de mieux les accepter. Au XXe siècle, se développe pour certains sociologues à la suite d’Henri Mendras, une tendance de fond, celle d’une convergence des niveaux et des modes de vie autour d’une grande classe moyenne. Dans cette constellation centrale (avec la poussée des couches moyennes salariées, parallèlement à la tertiarisation) les cadres initient et diffusent des pratiques qui dépassent les frontières de classes.

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