« QUE LA LOI SOIT TERRIBLE ET TOUT RENTRERA DANS L’ORDRE. » DANTON

« QUE LA LOI SOIT TERRIBLE ET TOUT RENTRERA DANS L’ORDRE. » DANTON

Selon un sondage réalisé en 2000 en Grande-Bretagne, une majorité de parents seraient favorables au rétablissement des châtiments corporels dans les écoles afin que celles-ci retrouvent le calme et un climat plus propice à l’étude . Cette volonté de rétablir l’ordre par l’autorité n’est pas neuve : déjà au XVIIIème siècle, dans le climat insurrectionnel de la Révolution française, Danton estimait que si les lois, c’est-à-dire les règles établies par une autorité , étaient dures et répressives, la société retrouverait la stabilité. Mais peut-on admette ce point de vue sans le nuancer ? Dans quelle mesure une autorité forte est-elle favorable à l'équilibre social et à la paix ? Pour répondre à cette question, nous verrons d’abord les arguments favorables à la citation de Danton puis nous analyserons en quoi celle-ci est excessive.

Voyons en quoi des lois sévères sont parfois nécessaires pour garantir l’ordre social. D’abord, il est vrai qu’en période de crise, les dirigeants sont parfois obligés de recourir à des lois très sévères et de réprimer durement les fauteurs de troubles . En effet, dans de tels contextes, il est impératif de contrôler fermement la population pour éviter toutes les dérives : les gens surchauffés par les circonstances peuvent se laisser aller à des actes sauvages. Ainsi, en mai 2006, au Timor oriental, des troubles très graves avec meurtres, viols et pillages ont mis ce pays à feu et à sang. Le président a rétabli l’ordre par des règles très sévères, imposant un couvre-feu, réprimant durement les pilleurs et ceux qui appelaient à la haine ethnique . Il est clair que dans de telles circonstances, des lois compréhensives sont hors de propos pour rétablir stabilité et paix sociale.

Ensuite, il faut bien reconnaître que certaines personnes ont besoin d’une autorité sévère pour se conduire correctement ; ainsi, dans les écoles, certains élèves n’ont un comportement acceptable que face à un professeur extrêmement autoritaire qui réprime durement le moindre manquement au règlement. De même, à l’armée, dans certains corps, il est impératif d’avoir recours à un règlement très dur et appliqué à la lettre pour que règne la discipline. Les légionnaires, par exemple, subissent pendant des mois un véritable « dressage » extrêmement dur parce que la Légion est souvent composée de personnalités qui ont beaucoup de mal à s’autogérer. Dans ce cas, en effet, sans des lois très dures, l’anarchie règne.

Nous venons de voir que Danton n’a pas tout à fait tort et que certains groupes et certaines circonstances exigent des lois très dures. Cependant, de telles lois ont parfois l'effet inverse à celui recherché..

D’abord, pour qu’une société soit harmonieuse, stable, il faut logiquement que les gens s’y sentent bien. Si le pouvoir prend en compte les différents points de vue des citoyens, il y a beaucoup de chances qu'ils vivent dans le calme. Or, comment la population pourrait-elle se sentir respectée si elle est régie par des lois terribles ? Il semble au contraire que de telles lois vont susciter la révolte, des émeutes et donc le désordre. Au cours des siècles, sans cesse, les peuples se sont soulevés contre les tyrans qui imposaient des lois trop dures. Ainsi en octobre 2000, un des derniers dictateurs européens, Slobodan Milosevic, a été forcé par la population yougoslave à renoncer au pouvoir. Il croyait pourtant pouvoir tenir le peuple en main par son autoritarisme, la répression de toute révolte, le musellement de la presse. Le peuple yougoslave a accepté pendant un certain temps de se plier à des lois restreignant sa liberté, mais un jour il s’est

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