La poésie tient-elle ses pouvoirs de la perfection formelle?

La poésie tient-elle ses pouvoirs de la perfection formelle?

Idée directrice 1: La poésie c’est le respect des règles^[a]

arg1: Quelles sont ces règles^[b]? ex: structure+procédés, respect des codes sociaux, lexique poétique

arg2: que représentent les règles pour Baudelaire? ex: les codes sociaux ne sont pas respectés, emploi de formes fixes de la poésie classique (sonnet)

arg 3: que se passe-t-il si les règles ne sont pas respectées? ex: censure, viol de certaines règles, toutes? Est-ce toujours considéré comme de la poésie si on brise toutes les règles?^[c]

Idée directrice 2: La poésie peut s’affranchir des règles

arg1:  les règles peuvent freiner l’expression poétique

arg 2: La poésie peut provenir d’images, de la musicalité, suggestions, allégories ex: surréalisme

arg3: Le poète peut instaurer de nouvelles règles non classiques ex: Oulipo

La poésie est l'art d'exprimer les émotions et les sentiments, les rêves, les pensées: tout ce qui inspire l'homme en général et le poète en particulier. C’est un genre littéraire très ancien, , dont Orphée en est le précurseur dans la mythologie grecque. Le poète est un créateur, qui va travailler sur l’art des mots, chercher à suggérer ou exprimer des sentiments, et qui va jouer sur la musicalité et sonorité des vers. Toutefois, la poésie semble être associée à de nombreuses règles contraignantes, pour atteindre un idéal, une perfection formelle. Cependant, certains poètes semblent ne pas vouloir les suivre, comme Baudelaire^[d], dans les petits poèmes en prose notamment. Il est donc nécessaire de se demander si la poésie est parfaite uniquement parce qu’elle respecte tous les codes, ou si au contraire elle l’est dans le sens où elle brise ^[e]les structures classiques? Pour répondre à cette question, il faut d’abord étudier en quoi la poésie est le respect des règles. Finalement, il convient de se demander en quoi elle peut s’affranchir des règles classiques.

                 L'œuvre poétique passe historiquement par le respect d’un ensemble de règles. On peut se demander, quelles sont ces règles? Ces règles poétiques sont avant tout composées du respect de la structure des textes et ont été instaurées par des poètes, afin qu’existe un certain «code poétique». En effet, elles  ne sont valables en général poésie, et non dans les autres genres tels que les romans ou les pièces de théâtre. Dans la poésie classique, il faut utiliser un type de strophe et de vers précis. Il y a plusieurs types de strophes et vers à disposition, le choix est libre mais au final limite assez la composition poétique^[f]. Pour ce qui est des vers, on a par exemple les alexandrins, qui sont les plus courants, ou encore les octosyllabes ou hexasyllabes. Par ailleurs, pour ce qui est des strophes, on utilise généralement en poésie classique des tercets ou quatrains. Comme forme classique on retrouve le sonnet ou encore l’ode. En plus de cela, il faut respecter une métrique, c'est-à-dire un nombre de syllabes précis par vers. On peut aussi parler des différents types de rimes, qui peuvent-être plates, embrassées ou encore alternées, mais également des rimes féminines et masculines. Toutes ces règles ont à l'origine été mises en place pour faciliter la mémorisation des poèmes à l’Antiquité et au Moyen-Age^[g]. Ainsi, respecter toutes les règles de la poésie classique est un enjeu de taille pour les poètes. Cette conception de la poésie comme « ornement » donne la priorité à sa valeur esthétique. Le respect de ces règles dépend de l’époque: du Moyen Âge au XIXème siècle, les formes fixes prédominent. Théophile Gautier, auteur appartenant au courant littéraire du Parnasse, affirme ainsi que « tout ce qui est utile est laid ». La poésie est la recherche d'un idéal de langage, très loin de façon courante de communiquer: le but n’en est pas l’utilité. Ensuite, la question du vocabulaire poétique peut se poser. Y existe-t-il au final des mots plus poétiques que d’autres? Le respect des règles passe également par le fait d’utiliser un lexique dit poétique. D’après le poète Pierre Reverdy, la présence de mots poétiques ou non n’existe pas^[h]. Dans la poésie classique, il fallait utiliser des mots précis pour que le texte soit considéré poétique. D’après Reverdy, le poète peut utiliser n’importe quel lexique et vocabulaire: la poésie réside dans le pouvoir du poète et de la transformation des mots, non pas dans leur choix. Finalement, le respect des règles passe par le respect des codes sociaux et mœurs de l’époque. Le code social est un ensemble de signes, de formules de langage, qui sont émis par les individus pour marquer leur appartenance à un groupe afin d’y être acceptés. Ainsi, les gens ne respectant ou n’appliquant pas ces codes peuvent être victimes de rejet et d’exclusion. Pour respecter cela, les poètes classiques utilisent des thèmes récurrents tels que l’amour, la mort ou encore la fuite du temps. Cependant, certains poètes comme Baudelaire décident de briser ces codes sociaux, en abordant des sujets tabous, ou considérés non appropriés pour l’époque.

                On peut alors se demander ce que ces règles représentent pour Charles Baudelaire. Charles Baudelaire a décidé dans son recueil les Fleurs du mal de traîter des sujets comme les relations charnelles, l’homosexualité ou encore de cadavres en décomposition comme dans son poème “Une charogne”. Dans ce poème, il décrit la balade d’un couple qui fait une découverte horrifique: un cadavre en décomposition. Il y utilise un lexique très cru et visuel, qui décrit de façon détaillé ce qu’il se passe, brisant les codes sociaux et cette idée de langage poétique. Pour ce qui est de la forme des poèmes, il respecte la structure classique dans certains comme dans son recueil Les Fleurs du Mal, où il écrit généralement en sonnets. Baudelaire a dit: "Parce que la forme [celle du sonnet] est contraignante, l'idée jaillit plus intense". On y comprend que la contrainte de la forme est une source d’inspiration pour le poète. Cependant, dans Petits poèmes en prose, comme son nom l’indique, il y écrit des poèmes en prose: c'est-à-dire qu’il abandonne totalement le vers. En effet, c’est à partir du XIXème siècle que l’on commence à considérer que la recherche esthétique ne passe plus nécessairement par la forme fixe. Charles Baudelaire est un précurseur de cette idée. Ainsi dans ses poèmes, Charles Baudelaire jongle entre structure classique et poèmes en prose, brise les codes sociaux et utilise un vocabulaire rentrant en conflit avec les mœurs de la société.

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