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Gargantua, Rabelais

Dissertation : Gargantua, Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Février 2021  •  Dissertation  •  1 877 Mots (8 Pages)  •  4 017 Vues

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« Le menu plantureux des géants se donne à lire comme le signe d’une communion heureuse entre l’Homme et la terre (…) Manger et boire dans la symbolique du peuple en fête relayé par Rabelais , c’est participer au grand cycle de la fertilité. »

Michel Jeanneret

Gargantua fût publié en 1534 par l’auteur François Rabelais. Cette oeuvre a toujours posé problème pour l’interprétation des thèmes abordés. Nous retrouvons en effet la religion, l’éducation, la luxure, la nourriture ou encore la scatologie qui sont exposés sous des formes comiques. Rabelais voulait que son oeuvre soit lu par tous pour instruire et amuser. Il compare son livre a un silène dès le prologue ce qui n’est pas anodin. Il s’agit de petites boîtes au contenant amusant grâce à des décorations mais ayant un contenu très précieux et utile. Il sera donc important du faire attention à la dualité du contenant qui est fondamentale pour la compréhension de l’oeuvre. Rabelais demande à Platon et Bacchus de protéger ces lecteurs puisque l’oeuvre semble être faite autour de la fête et de l’abondance comme un peut le voir dans la citation de Michel Jeanneret. Il sera donc primordial de se demander si le « menu plantureux » représente l’extérieur des silènes dont l’intérieur renferme le symbole « d’une communion heureuse entre l’Homme et la terre ». Après avoir étudié le fait que l’oeuvre soit orienté sur les thèmes de la fête et de la nourriture, nous aborderons le sujet de la fertilité dans Gargantua. Nous commencerons par voir le positif de cette communion puis le festin démesuré , et pour finir la doctrine présente dans l’oeuvre, ce qui nous permettra de donner notre avis sur la citation de Michel Jeanneret.

L’idée de nourriture dans Gargantua va au delà des besoins physiologiques puisque chaque repas est comme un acte triomphal et positif, c’est un signe de bonheur et de retrouvailles. Nous pouvons voir cela dans le chapitre 4 lorsque Gargamelle qui est enceinte mange des tripes avec les invités. C’est grâce aux personnages vivants dans le roman que cette communion est possible. Toujours dans le même chapitre, on constate que les personnages aiment la fête, on le voit avec «  tous bons beveurs ». Plus il y a du monde , plus la communion est agréable, «  a faire convierent tous les citadins de Sainais (…) et aultres voisins ». Dyonisos qui est le Dieu du vin semble être invité à la fête puisqu’il y a une grande quantité de vin dès le début de l’oeuvre. Aussi, les repas de Gargantua ressemblent tous à des banquets , dans le chapitre 21, lors du petit-déjeuner , les quantités et variétés des aliments sont importantes; «  belles tripes frites, belles charbonnades, beaulx jambons (…) soupes de prime ». La répétition de l’adjectif « beaulx » /« belles » rend le repas plus fabuleux. Ainsi, lorsqu’il s’agit de s’amuser , de boire et de manger, la vie semble devenir merveilleuse pour tous les convives et l’on comprend cette «  communauté heureuse » ainsi que le peuple « en fête » dont parle Jeanneret.

Donc la nourriture et la boisson sont abondantes dans le roman mais surtout au début de Gargantua. Tout commence avec le prénom du héros «  Gargantua » qui veut dire «  que grand tu as » en parlant du gosier. Le prénom fait directement référence à la nourriture. Pour ce qui est de la boisson , nous remarquons qu’elle est omniprésente, nous savons que le vin est la boisson préférée de Gargantua. Rabelais utilisera des synonymes et des métaphores pour désigner la boisson ; «  de quelle purge parlez-vous «  ou encore « purée de septembre ». La nourriture devient le thème principal avec l’idée de fête. Tout le côté gigantesque dans le roman devient comique et rend les différentes scènes encore plus festives. Nous pouvons remarquer que l’hédonisme est au coeur de ce roman. Il s’agit d’une doctrine où le plaisir serait la première chose à rechercher pour être heureux dans la vie, ce qui semble être la philosophie de l’oeuvre. Seulement les plaisirs liés à la nourriture et à la boisson ne son pas les seuls, puisqu’il y a aussi les plaisirs du corps. Nous pouvons nous poser des questions sur la vie sexuelle de Gargantua, mais la réponse est vite donnée «  ce petite paillard tousjours tastonoit ses gouvernante, cen dessus dessoubz ».

Rabelais insiste bien sur la sexualité de Gargantua, dans le mythe de la corne d’abondance à propos des ornements de sa braguette. Dans plusieurs chapitres, la sexualité est présente, ce qui signifie que lors des festivités, les personnages exerçaient des activités liés aux plaisirs du corps.

Aussi l’abondance est omniprésente, la dégustation de la nourriture et du vin devient l’activité favorite des convives et des personnages principaux, ainsi que les plaisirs du corps. Pourtant l’oeuvre ne repose pas que sur ces thèmes, le roman n’est pas seulement basé sur une futilité agréable. Donc nous pouvons penser que cette citation ne décrit pas l’oeuvre dans son ensemble.

Nous pouvons penser dans un premier temps que la fête et le banquet sont au coeur du roman apportant quelque chose de positif. Certaines pages de ce roman sont choquantes par le côté coquin et paillard qu’elles dégagent, ce qui amène le dégoût de certains lecteurs. Beaucoup de propos sont vulgaire comme dans le chapitre 13, lorsque Gargantua  sur le «  torche-cul » urine sur les Parisiens qui finissent par se noyer dans l’urine. Il y a aussi dans ce même chapitre le surnom de Gargantua «  mon petit couillon » attribué par Grandgousier . Nous voyons donc que dans les retrouvailles, les banquets et les fêtes mais aussi la vulgarité et l’obscénité sont présents, ce qui ternit la « communion heureuse ». Le fameux «  menu plantureux » devient ignoble puisque la nourriture et la boisson sont liés à des idées sur la scatologie. Ces allusions nous choquent et ne sont pas amusantes, comme par exemple l’accouchement de Gargamelle qui se déroule dans ces excréments parce qu’elle a mangé trop de tripes ( chapitre 6) ; « du droit intestine, lequel vous appelez le boyau cuillier, par avoir mangé des tripes ». Cependant il s’agit d’une certaine réalité des corps, peu évoqué dans la réalité. Le banquet n’est plus du tout appétissant et le lecteur n’est plus envieux de ces fêtes très scatophile. Les personnages sont des êtres vivants certes mais les besoin naturels de l’Homme reprennent le dessus. Aucun des personnages du roman n’échappe à la scatologie, même les moines l’évoquent après la prière ;  « la merde du monde » et «  comme mache-merdes ». Gargantua ne peut être résumé par un banquet perpétuel ou le « peuple en fête », ce qui donne l’impression que le critique n’a pris que la première partie du roman en compte. Il oublie la vulgarité et l’aspect dégoutant décrit par Rabelais dans son oeuvre. Les propos de Michel Jeanneret ne s’appliquent pas sur le reste du roman, puisqu’il va être question du voyage à Paris, d’une éducation humaniste prônée au 16 ème siècle, mais aussi la guerre ayant comme référence les rois François 1er et Charles Quint interprétés par Grandgousier et Pycrocholes. Le critique n’a pas compris la silène caché dans l ‘oeuvre de Rabelais. Ce dernier a une idée positive des retrouvailles entre les personnages alors qu’elles sont faîtes d’excréments et de saleté. Jeanneret n’a pas su voir les autres thèmes de l’oeuvre. Le manque d’hygiène est présent et la vulgarité semble régner sur le royaume de Gardgousier. Pourtant l’oeuvre va au delà de cette « communion entre l’Homme et la terre »et que le principe d ‘un « peuple en fête » passant son temps à boire et à manger. En effet, Rabelais exprime ses idées de manières bien subtile dans son roman afin d’échapper à la censure. Donc ce n’est pas qu’une « cycle de la fertilité » banal Maus d’une véritable fertilité intellectuelle.

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