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La Bruyère, Les Caractères, "De la Cour", remarque 19.

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Par   •  28 Octobre 2019  •  Analyse sectorielle  •  1 480 Mots (6 Pages)  •  20 105 Vues

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Texte 2 : La Bruyère, Les Caractères, "De la Cour", remarque 19.

3 mouvements déterminés par un système énonciatif varié ce qui prouve les talents argumentatifs de La Bruyère : la même thématique parcourt le texte.

"Ne croirait-on pas de Cimon et de Clitandre qu’ils sont seuls chargés des détails de tout l’État, et que seuls aussi ils en doivent répondre? L’un a du moins les affaires de terre, et l’autre les maritimes. Qui pourrait les représenter exprimerait l’empressement, l’inquiétude, la curiosité, l’activité, saurait peindre le mouvement. On ne les a jamais vus assis, jamais fixes et arrêtés : qui même les a vus marcher? on les voit courir, parler en courant, et vous interroger sans attendre de réponse. Ils ne viennent d’aucun endroit, ils ne vont nulle part : ils passent et ils repassent.

Ne les retardez pas dans leur course précipitée, vous démonteriez leur machine; ne leur faites pas de questions, ou donnez-leur du moins le temps de respirer et de se ressouvenir qu’ils n’ont nulle affaire, qu’ils peuvent demeurer avec vous et longtemps, vous suivre même où il vous plaira de les emmener.

Ils ne sont pas les Satellites de Jupiter, je veux dire ceux qui pressent et qui entourent le prince, mais ils l’annoncent et le précèdent ils se lancent impétueusement dans la foule des courtisans; tout ce qui se trouve sur leur passage est en péril. Leur profession est d’être vus et revus, et ils ne se couchent jamais sans s’être acquittés d’un emploi si sérieux, et si utile à la république. Ils sont au reste instruits à fond de toutes les nouvelles indifférentes, et ils savent à la cour tout ce que l’on peut y ignorer; il ne leur manque aucun des talents nécessaires pour s’avancer médiocrement.

 Gens néanmoins éveillés et alertes sur tout ce qu’ils croient leur convenir, un peu entreprenants, légers et précipités. Le dirai-je? ils portent au vent, attelés tous deux au char de la Fortune, et tous deux fort éloignés de s’y voir assis."

                Premier mouvement : la mise en place du portrait

"Ne croirait-on pas de Cimon et de Clitandre qu’ils sont seuls chargés des détails de tout l’État, et que seuls aussi ils en doivent répondre? L’un a du moins les affaires de terre, et l’autre les maritimes. Qui pourrait les représenter exprimerait l’empressement, l’inquiétude, la curiosité, l’activité, saurait peindre le mouvement. On ne les a jamais vus assis, jamais fixes et arrêtés : qui même les a vus marcher? on les voit courir, parler en courant, et vous interroger sans attendre de réponse. Ils ne viennent d’aucun endroit, ils ne vont nulle part : ils passent et ils repassent.

Mise en place d'un double portrait fictif : emploi de deux prénoms : Cimon et Clitandre repris par de nombreux pronoms personnels sujets

Mise en place d'un portrait miroir : les personnages semblent se compléter et former un tout : la pluralité est au cœur du texte, de même ce portrait offre des structures parallèles : double "qui" et la formule alternative "l'un...l'autre"

Mise en place d’un portrait de personnages importants car liées au pouvoir et à la cour : emploi du terme « Etat » avec la majuscule relevant l’importance du lieu

Mise en place d’un portrait vivant : plusieurs procédés créent cette impression : les interrogations rhétoriques, les énumérations, ; de même les verbes d’action se succèdent et présentent pour renforcer l’idée une polyptote : « courir », « courant ». L’utilisation de préfixe répétitif crée aussi l’action.

Mise en place du portrait des personnages, un portrait négatif : la répétition de l'adjectif "seuls" marque la prétention des deux personnages. De même, les personnages apparaissent tels des animaux (ne peut-on penser aux animaux machines de Descartes) : seule l’action domine, sans aucune émotion

Un lecteur emporté dans le tourbillon du texte : Volonté d'intégrer l'autre et de le faire réagir par l'emploi d'interrogations rhétoriques et de l'emploi du pronom indéfini « on »

On peut y voir l’anti honnête homme puisque les deux personnages sont loin d’être dans l’ordre et la mesure mais plus dans l’empressement et la confusion : le mouvement est évoqué, de même les termes exprimant le côté statique sont niés : « jamais fixes et arrêtés » 

Deuxième mouvement :

Ne les retardez pas dans leur course précipitée, vous démonteriez leur machine; ne leur faites pas de questions, ou donnez-leur du moins le temps de respirer et de se ressouvenir qu’ils n’ont nulle affaire, qu’ils peuvent demeurer avec vous et longtemps, vous suivre même où il vous plaira de les emmener.

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