CHEMIN SAUQUE, B. Figures de la souffrance et du deuil des soignants. Soins Pédiatrie-Puériculture. 2018, n°304, p. 16-20.
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Cadre référentiel
CHEMIN SAUQUE, B. Figures de la souffrance et du deuil des soignants. Soins Pédiatrie-Puériculture. 2018, n°304, p. 16-20.
DEROME, M. ; HARCOURT, C. PONS LE MINTIER, C. L’impact des situations difficiles sur les soignants. Soins Pédiatrie-Puériculture. 2018, n°306, p. 21-25.
MERCADIER, C. Le travail émotionnel des soignants, la face cachée du soin. Soins cadres de santé. 2008, n°64, p. 19-22.
La charge émotionnelle du métier de soignant est souvent ignorée, niée ou refoulée, suscitant dans bien des cas un mal-être à la fois professionnel et intime. Tel est le sujet de trois articles, « Figures de la souffrance et du deuil des soignants » (1) de Blandine Chemin Sauque, psychologue clinicienne, « L’impact des situations difficiles sur les soignants »(2) de Muriel Derome, psychologue clinicienne en réanimation pédiatrique, Céline d’Harcourt, psychologue clinicienne et Chantal Pons Le Mintier, psychologue de la santé et « Le travail émotionnel des soignants, la face cachée du soin » (3) de Catherine Mercadier, sociologue. Les difficultés émotionnelles sont consubstantielles à un métier où souffrance et deuil constituent l’ordinaire. Elles se trouvent parfois encore amplifiées dans les services pédiatriques, où le cours de la vie se voit perturbé, et où s’exerce de manière plus vive l’empathie et la culpabilité du personnel soignant. Les trois articles posent ainsi comme fondamentale la reconnaissance de ces difficultés émotionnelles afin de venir en aide, de la meilleure façon possible, à des soignants dont la vocation d’accompagnement et de soins paraît comporter une dimension sacrificielle, au détriment de leur bien-être et de celui de leur entourage, qu’il soit professionnel ou intime. L’article (1) déplore de la sorte que, au nom du professionnalisme, les souffrances liées à l’exercice du métier de soignants se voient trop souvent niées ou ignorées car perçues comme les signes d’une fragilité psychologique. Il existe un non-dit sur la souffrance psychologique des soignants, soumis à un idéal d’irréprochabilité. Leur mal-être éventuel et somme toute naturel dans des situations de profondes détresses qui constituent une part de leur expérience semble ainsi devoir s’effacer devant les maux des patients qu’ils soignent. L’idée, trompeuse, selon laquelle il existe une séparation nette entre le sujet personnel et le sujet intime est source de nombreux problèmes qu’il s’agit de nommer afin de mieux les régler. Le deuil est l’évènement central auquel se heurtent les sentiments souvent tus du soignant. Il est susceptible de provoquer chez lui plusieurs sortes de difficultés que l’article analyse d’un point de vue psychologique : un sentiment de culpabilité de ne pas s’être montré à la hauteur, qui découle parfois d’une foi trop grande dans la capacité de soigner, et va souvent de pair avec une blessure narcissique qui menace de s’exprimer vis-à-vis de l’entourage. Impuissance, frustration, expérience de la perte sont le lot quotidien du soignant, de même que la nécessité de conserver une distance appropriée vis-à-vis du patient, les dilemmes éthiques liés au traitement, tous source d’angoisse et qu’il convient de minimiser en favorisant le dialogue au sein de l’équipe médicale et en permettant à chacun de s’exprimer dans le souci d’une clarté maximale. S’y ajoute les angoisses existentielles liées au fait de vivre et travailler dans le voisinage de la souffrance et de la mort, ainsi que la manière dont les épisodes de la vie professionnelle se surimpriment sur des traumatismes ou des blessures personnelles. Il est donc capital de ne pas laisser tues ces émotions et de leur laisser le temps de s’exprimer, éventuellement par des processus de symbolisation, ce qui bénéficiera aussi bien à l’équilibre psychique du personnel soignant qu’à la bonne marche de la structure médicale. L’article (2) se penche ainsi un peu plus sur les ressources qui sont susceptibles d’être mises à disposition des soignants dans des situations difficiles. La dimension existentielle du métier peut en effet toucher tout domaine de la vie et impose une réflexion au cas par cas : les circonstances dramatiques dans lesquelles ils agissent génèrent ainsi un stress important dont les ramifications sont multiples. L’article insiste ainsi plus particulièrement sur le rapport que le soignant entretient avec le patient et sa famille, ce rôle d’émissaire qui lui échoit souvent. Pour limiter les difficultés, il convient d’établir un dialogue sain avec les médecins en charge du traitement et les familles. Les mécanismes de protection que l’on adopte spontanément, refoulement de l’émotion, refus du dialogue, défoulement dans le cadre privé ne sont manifestement pas les plus judicieux. L’attention à l’équilibre émotionnel est ainsi primordiale, même longtemps après un évènement douloureux dont les conséquences psychologiques ne peuvent se révéler que tardivement, de manière somatique, affective, relationnelle et psychologique. L’article (3) met plus spécifiquement en relief la dimension tout à la fois physique et affective qui se joue dans le métier de soignant. Confronté à la maladie, il éprouve des émotions qui peuvent être mêlées et paroxystiques, et qui, sans la distance nécessaire, sont susceptibles de le rendre moins apte à exercer son métier. La gestion de l’émotion constitue ainsi une part essentielle du métier de soignant qui se trouve dans un environnement émotionnellement chargé (parents désemparés, ou exigeants, etc). L’article, dont le point de vue est cette fois d’ordre anthropo-sociologique, se veut plus distancier, insistant sur les règles nécessaires afin de préserver les soignants dans leur rôle professionnel et de ne pas laisser déborder des affects qui ne sont pas forcément les bienvenus. Manières d’adresse (vouvoiement par exemple), protocolisation des gestes médicaux participent ainsi à préserver l’intégrité professionnelle des soignants : la toilette se trouve ainsi codifiée d’une manière qui pourrait sembler superfétatoire mais qui tient à distance le corps du patient et d’éventuels sentiments négatifs ou inappropriés qu’il pourrait susciter. Le bavardage, l’humour constituent autant de manière de désamorcer des situations qui autrement pourraient être insupportables. Elles imposent néanmoins de les circonscrire avec précisions pour les améliorer encore.
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