Le lien social selon Serge Paugam

Serge Paugam, sociologue contemporain a essayé de définir la notion de lien social. A travers sa pensée sociologique, il essaie de nous montrer l’évolution de cette notion à travers les siècles et notamment dans un contexte d’individualisation croissant.

La notion de base est que le lien social a une double fonction: assurer la protection et satisfaire le besoin de reconnaissance de l'individu.

Ses recherches visent également à élaborer progressivement une théorie des liens sociaux (qui s'interroge sur les fondements du lien social, ses formes et ses fragilités) 

ll propose de repenser le lien social aujourd’hui, pour mieux relever les défis contemporains de la solidarité.

L'auteur s'appuie d’abord sur la thèse d'Emile Durkheim de la fin du 19ème siècle, pour qui l’intégration des individus au système social passe par leur intégration au monde du travail, ce qui leur assure une utilité sociale. Cela représente la solidarité organique qui est remise en cause avec l’instabilité actuelle de l’emploi, la précarité du travail, les évolutions structurelles de l’organisation du travail, augmentation des faillites et restructurations d’entreprises.

On notera cependant la réussite de certains pays nordiques comme le Danemark qui a une volonté collective de réduire les inégalités (formation continue, qualité des emplois, accompagnement des chômeurs…)

Serge Paugam s’inspire aussi de la doctrine du solidarisme de Léon Bourgeois (fin 19ème siècle) selon laquelle les individus sont complémentaires les uns des autres et interdépendants et chaque individu a une « dette » envers ses ancêtres, théorie difficilement applicable aujourd’hui.

Il cite aussi Georg Simmel qui insiste sur la montée de l’autonomie individuelle.

Serge Paugam propose ainsi de distinguer quatre grands types de liens sociaux : le lien de filiation (famille), le lien de participation élective (socialisation extra-familiale où l’individu construit lui-même son réseau d’appartenance) , le lien de participation organique (le travail) et le lien de citoyenneté. 

Ces 4 types de liens sont complémentaires et entrecroisés.

Mais ces liens sociaux sont fragilisés à cause de l’affaiblissement du rôle intégrateur des institutions (école, famille, travail, protection sociale), instauration de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui conduisent à une sorte de disqualification sociale pour l’individu (perte de la protection et reconnaissance sociale).

Il constate aussi une grande disparité d’approche au sein de l’Europe selon l’importance respective que chaque pays accorde ou pas à chacun des liens sociaux au sein de chaque société nationale.

Depuis la fin des années 80, il relève l’arrivée d’un nouveau droit social visant à responsabiliser davantage les individus dans leur processus d’insertion et dans leur devenir et en l’encourageant à participer à un projet de participation à la vie collective (notion de solidarité participative).

Désormais, les individus doivent montrer qu’ils sont responsables et coopérants pour être protégés (exemple vote de la loi sur le RMI en France, nouvelle forme de régulation du lien social)

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