La peau de chagrin, Balzac
Dissertation : La peau de chagrin, Balzac. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie_mk0 • 4 Janvier 2024 • Dissertation • 2 000 Mots (8 Pages) • 129 Vues
Balzac est un romancier du XIXe siècle issu d’une famille bourgeoise. Endetté suite à des mauvais placements financiers, il se consacre entièrement à l’écriture de romans. C’est avec Les Chouans en 1829 qu’il commence à se faire un nom. Il enchaine alors avec différents ouvrages : Eugenie Grandet, Le colonel Chabert, Le père Goriot et enfin La Peau de chagrin dont est tiré l’extrait que nous allons étudier. Ce roman est écrit en 1831 dans un contexte historique particulièrement instable. C’est également à cette période que le roman devient le genre le plus lu. La Peau de chagrin met en valeur les vices d’une société dégradée. Elle raconte l’histoire de Raphael, jeune homme de l’aristocratie déchue qui suite à sa perte de fortune en vient à penser au suicide comme seule issue possible. Il entre alors chez un antiquaire et y découvre un objet surprenant, une étrange peau. Cette mystérieuse peau dont il fait l’acquisition est capable d’exaucer ses désirs, mais chaque vœux exaucé la fera rétrécir tout comme la vie de Raphael. Dans l’extrait, Balzac nous propose un portrait de Raphael en pleine partie de jeux, faisant face au jugement des autres joueurs. En quoi ce portrait tragique est-il révélateur de la suite du roman ? De la ligne 149 à 167, Raphaël est dévisagé par les joueurs qui tentent de lire en lui tant physiquement que moralement. Puis de la ligne 167 à 186, le texte conclu avec l’acceptation de Raphael par les joueur reconnu comme l’un des leur.
L’extrait s’ouvre sur les termes « premier coup d’œil » l.149 qui marquent un premier contact avec les joueurs mais également avec le lecteur. Le récit est d’abord écrit en focalisation interne, on nous présente le point de vue des joueurs. Le champ lexical de la vision est très présent : « œil » l.149, « lurent » l.150, « regard » l.151, « yeux » l.156 ce qui traduit l’observation et le jugement des joueurs. La jeunesse et l’inexpérience du personnage sont accentués par les termes : « novice » l.150, « jeune » l.150, « cette jeune tête » l.165, « jeune homme » l.173 et 185, « jeunesse » l.182. Cela a pour but de susciter la pitié et la compassion du lecteur, il démarre à peine dans la vie qu’il est déjà dans l’épreuve. L’expression « quelque horrible mystère » renvoie à l’étrange, l’inquiétant, émotions caractéristiques du registre fantastique. Après avoir évoqué « le visage du novice » l.150, les deux-points permettent de rentrer dans les détails. La beauté de « ses traits » l.151 est illustrée par le groupe nominal hyperbolique « d’une grâce nébuleuse » rappelant la tonalité fantastique. Cette beauté s’estompe rapidement pour laisser place à la réelle souffrance du personnage marqué par le registre tragique. « Son regard » l.151 permet de percevoir « des efforts trahis, mille espérances trompées » l.152. Ceci est accentué par la ponctuation expressive renforçant l’idée de détresse. Puis, les termes « la morne impassibilité du suicide » l.152/153 nous laisse envisager l’issue funeste de l’histoire. « Son front » l.153 est « d’une pâleur mate et maladive » renvoie une nouvelle fois à la mort. L’oxymore « sourire amer » l.154 traduit une souffrance qu’il peine à masquer par un sourire forcé d’où les « légers plis dans le coin de sa bouche ». Son mal être profond transparait tout au long de sa description physique. L’aspect de son visage, sa « physionomie » l.155 est caractérisé par l’expression hyperbolique « une résignation qui faisait mal à voir » l.155. Ses traits d’« une grâce nébuleuse » font désormais « mal à voir ». Dans sa description tout vient peu à peu à faire apparaître l’évolution du personnage rongé par son addiction aux jeux. La vie de Raphael brille toujours dans ses yeux mais elle est entachée, assombrie par ses excès comme le montre l’antithèse : « Quelque secret génie scintillait aux fond de ses yeux, voilés peut-être par les fatigues du plaisirs » l.156/157. L’adverbe « peut-être » marque l’incertitude de cette hypothèse. La question rhétorique : « était-ce la débauche qui marquait son sale cachet cette noble figure jadis pure et brillante, maintenant dégradé ? » l.157 à 159 émet l’hypothèse que la débauche serait a l’origine de sa souffrance. La question marque le contraste grâce au marqueur de temps « jadis » et maintenant ». L’opposition est faite dans le temps entre le passé où il était « sa noble figure jadis pure et brulante » et le présent « maintenant dégradée ». De plus, l’adjectif « sale » renforce cette antithèse. Les termes utilisés pour parler du passé sont toujours plus élogieux que ceux pour le décrire aujourd’hui, ce qui traduit la déchéance du personnage en proie à son addiction aux jeux. Les joueurs tentent des explications plus ou moins rationnelles sur son présent état. La présence du conditionnel : « les médecins auraient » l.159. Ils nous donnent un expertise médicale, un diagnostic grâce au champs lexical de la médecine : « liaison au cœur ou à la poitrine » l.160, « le cercle jaune qui encadrait ses paupières » l.160, « la rougeur qui marquait ses joues » l.161, « muscles vivaces » l.165, « maladie » l.164/167. Cette énumération donne un aspect maladif à Raphael qui semble alors se rapprocher de la mort. Ce point de vue est mis en opposition avec celui des poètes comme explication à sa détresse par la locution conjonctive « tandis que » l.161, « les ravages de la science, les traces de nuits passées à la lueur de la lampe studieuse » l.162/163 qui traduirait un travail acharné, une dévotion totale à sa passion pour l’écriture. Cela contraste avec les explications plus plausibles évoquées précédemment comme la « débauche » l.157 ou encore « les plaisirs » l.157. Des tentatives de justification au mal être de Raphael sont évoquées mais la triste réalité apparaît comme évidente, elle saute aux visages de tous. La conjonction de coordination « mais » l.163 marque l’opposition entre les suppositions et la réalité de la situation. Le registre tragique accentue d’autant plus la souffrance du personnage renforcée par l’emploi superlatif : « plus … que » l.164. La répétition des termes « passion » et « maladie » l.164 met en avant leur importance. Sa passion pour le jeu semble plus mortelle qu’une maladie, on peut alors parler d’obsession et même d’addiction. Par conséquent, l’écrivain met l’accent sur la douleur mentale de Raphael qui semble être en proie à une autodestruction qui s’illustre au travers du champ lexical de la destruction : « dégradée » l.159, « ravage » l.162, « altéraient » l.165, « tordaient » l.166. L’adverbe « seulement » l.166 montre que « les orgie, l’étude et la maladie » l.166/167 ne sont pas entièrement responsable de sa détresse à la fois physique et psychologique. Son gout trop prononcé pour le jeu devient la source principale de sa souffrance et de son malheur.
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