Art du spectacle Molière
Dissertation : Art du spectacle Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Barthelemy34600 • 21 Mars 2023 • Dissertation • 476 Mots (2 Pages) • 419 Vues
L.18-24
-Toinette, déguisée, se présente comme un médecin "passager ". L'identité n'est pas indiquée, et Toinette insiste surtout sur l'itinérance de son personnage. Ainsi, il est normal qu'Argan ne connaisse pas ce docteur et que Monsieur Purgon ne lui en ait jamais parler. Cela permet à Toinette de se présenter comme bon lui semble lors de cette tirade et de persuader Argan de s'en remettre à ses
"bons soins". Connaissant l'hypocondrie d'Argan, elle va bien sûr insister sur les peurs et les attentes de celui-ci.
-La gradation ternaire "de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume" révèle un ego surdimensionné et une volonté d'impressionner son interlocuteur. Ce médecin fictif se définit d'emblée par sa grande expérience.
-La tirade de Toinette est particulièrement comique car elle repose sur une inversion du rapport traditionnel médecin/patient. Alors que le médecin est censé venir au secours du malade, pour le rétablir, le médecin incarné par Toinette refuse de s'occuper du patient souffrant de "maladies ordinaires" 1.23. Par une inversion comique, c'est donc le malade qui doit se montrer "digne"1.20 d'être soigné. Le malade n'est en effet qu'un faire-valoir qui permet au médecin "d'exercer les grands et beaux secrets" 1.21 de la médecine. La médecine est donc vidée de son sens : il ne s'agit plus pour le médecin de soigner mais de se mettre en valeur afin de satisfaire son ego. Le champ lexical du mépris souligne la condescendance du médecin à l'égard de ses patients : "je dédaigne m'amuser" 1.22, "menus fatras", "maladies ordinaires", "bagatelles". Le suffixe en "otte" à
"fiévrotte"l.24 accentue son dédain pour les maux mineurs.
L. 25-32
-Paradoxalement, le médecin souhaite donc les plus grands maux à ses patients : "je veux des maladies d'importance" 1.25. L'adjectif "bonnes" est répété 5 fois, et toujours associé de manière oxymorique avec les pires maladies. L'égoïsme du médecin apparaît ici sans détour, car ce qui est bon pour sa satisfaction (orgueil et rémunération) est un véritable fléau pour le patient qui souffre des maladies énumérées. L'accumulation des maladies renforcée par les asyndêtes a de quoi impressionner un hypocondriaque comme Argan. Cette longue phrase se termine par la tournure emphatique et le vocabulaire hyperbolique de la victoire du médecin : "c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe" 1.29.
-Toinette poursuit sur sa lancée et n'hésite pas à tenir des propos totalement déplacés et surprenant pour un médecin : "et je voudrais, Monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire"1.29-30. Le paradoxe est à son comble à ce moment-là et provoque un comique de situation. -Le faux médecin achève sa tirade par une formule de politesse "vous rendre service" I. 32 rendue absurde par les imprécations précédentes. Aussi paradoxal que cela soit, le discours de Toinette déguisée en faux médecin semble fonctionner comme en atteste
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