Corrigé du commentaire de texte sur l’art du dialogue Gorgias Platon
Cours : Corrigé du commentaire de texte sur l’art du dialogue Gorgias Platon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Shory0 • 29 Septembre 2015 • Cours • 3 992 Mots (16 Pages) • 1 903 Vues
Corrigé du commentaire de texte sur l’art du dialogue Gorgias Platon
Introduction :
Gorgias, est un rhéteur célèbre, un débatteur respecté, un sophiste de l’antiquité qui a donné son nom à un dialogue de Platon - le Gorgias - dont un extrait nous est présenté ici. Socrate pose la question inaugurale du dialogue : Qu’est-ce que la rhétorique ? Quel est cet art, que les sophistes pratiquent et qu’ils enseignent aux Athéniens ? La réponse de Gorgias qui précède cet extrait est décevante. Il se perd en formules creuses sur la grandeur et la beauté de son art dont il ne parvient pas à définir l’objet mais seulement la fonction ; il est perdu dans des contradictions sur l’usage et la fonction de son art dont il tire pourtant un commerce fort lucratif. La rhétorique est l’art qui a le pouvoir de convaincre dans n’importe quelle réunion le citoyen sur toutes les questions où il faut savoir ce qui est juste ou injuste . Ce prétendu pouvoir que cet extrait met en cause en lui opposant l’usage de la dialectique et du dialogue est un pouvoir de persuader c’est-à-dire de convaincre par la seule magie des mots, des émotions et des sentiments : elle s’accommode très bien de l’ignorance de ce dont on parle : « La rhétorique n’a aucun besoin de savoir ce que sont les choses dont elle parle, simplement elle a découvert un procédé qui sert à convaincre » . Dans l’extrait, Socrate accuse le pouvoir que donne le discours rhétorique et il dénonce un mauvais usage du dialogue qui consisterait davantage à faire croire et non à faire savoir. Il faut en effet distinguer croire et savoir. La croyance est une impression, sensible à toutes les manipulations, alors que le savoir suppose l’acquisition raisonnée d’une connaissance. La rhétorique fait donc de la communication en elle-même une discipline autonome qui permet de parler avec un égal pouvoir de persuasion de n’importe quel objet, indépendamment de la connaissance de cet objet. Le thème du texte est donc le dialogue à la poursuite de la vérité. La thèse de l’auteur qui est énoncée par Socrate lui-même consiste à dire que la vérité n’est accessible et établie que dans le dialogue et la réfutation. La vérité n’est pas toute faite, elle se construit dans le dépassement des contradictions, dans le débat. C’est là le principe même de la dialectique.
Si la vérité n’est accessible qu’à des êtres soucieux de dialogue et reconnaissants de leur ignorance, s’ensuit-il qu’on ne puisse y accéder tout seul ? Peut-on être assuré que le dialogue permettra de s’accorder sur une possible et unique vérité ou nous condamne-t-il au contraire à toujours remettre en cause cette vérité ? Quelle peut-être dès lors la fécondité d’un dialogue si précisément les deux interlocuteurs sont d’accord et si la réfutation dès lors n’est pas nécessaire ?
L’argumentation de Socrate est organisée en trois temps : dans une première partie, il s’interroge sur le caractère d’un dialogue fécond en donnant deux contre-exemples de dialogue. Par un travail de négation de ce que ne doit pas être le dialogue, nous pouvons déduire avec clarté le sens ( sa fin) et le principe ( ses fondements) d’un bon dialogue soucieux de vérité et de respect des personnes. Dans un second temps et par un questionnement rhétorique destiné à amadouer Gorgias, l’auteur rappelle sa bonne foi c’est-à-dire son souci de la vérité et de la vertu pour entamer un dialogue. Dans le dernier temps, il énonce avec précision et force sa thèse : il s’agit d’accepter de réfuter et d’être réfuté, en d’autres termes et avant tout de savoir reconnaître son ignorance ou ses erreurs dans l’élaboration d’un problème ou d‘une définition. Par conséquent, Il invite Gorgias à prendre conscience de la contradiction de son discours et lui lange un ultimatum afin d’accepter les bases de l’entretien. L’enjeu de ce texte est donc de s’interroger sur la nature du dialogue dans un contexte politique de démocratie et donc de confiance dans l’échange des opinions. On peut se demander en effet dans quelle mesure il peut être nécessaire dans un contexte démocratique de savoir parler et dialoguer, au besoin d’être consensuel pour prendre part au processus démocratique et à la vie de la Cité.
1) Le texte commence par un renvoi de Gorgias à sa propre expérience celle d'un « grand nombre d'entretiens." L’objectif de Socrate est de s’interroger sur la qualité de cette expérience. Les sophistes et les philosophes partagent en effet la même expérience et ont pour métier chacun l’usage des mots. Mais s’ensuit-il qu’ils poursuivent la même fin ? Leur existence a-t-elle le même sens ? Le point de départ de la réflexion à laquelle Socrate va soumettre Gorgias, pour l'amener à accepter d'être lui-même bientôt réfuté, est l'évocation de deux cas de figure de dialogues qui tournent mal et ont, ainsi, valeur de contre exemples. Le premier cas est celui d'un dialogue qui n'aboutit pas: " les interlocuteurs ont du mal à définir les sujets dont ils ont commencé de discuter et à conclure leur discussion après s'être l'un et l'autre mutuellement instruits". Rien n’est plus important pour l’homme, dit Socrate, que ces questions, qu’on peut ramener à celle-ci : de quoi parlons-nous, en fin de compte ? De quelque chose, par exemple le juste sur quoi on devrait donc pouvoir s’accorder, ou de rien, auquel cas il n’y aura ni accord avec les autres ni accord avec soi-même, ni rien de sensé dans les vies humaines ? Le dialogue repose toujours sur des termes communs et sur un objet précis qu’il appartient aux interlocuteurs de définir ; dans le cas contraire, le dialogue n’en est pas un : c’est soit un dialogue de sourds, soit un monologue, soit une suite de quiproquos qui conduit à une méprise ou à un escamotage de la vérité. Nous pouvons évoquer ici le pédant trissotin dans les femmes savantes de Molière qui cherche à éblouir son auditoire et à abuser de la flatterie. Tout dialogue doit donc reposer sur des principes communs (définir les sujets), une origine ( un début dans le temps) et des fondements clairs qui permettent de s’assurer ensemble des prérequis des présupposés de chacun des partis. Quelle est la raison de l'échec du dialogue ici, échec patent, puisque les interlocuteurs en ressortent sans rien avoir appris l'un de l'autre ? Il tient, dit Socrate, au fait que les interlocuteurs ont mal défini leur sujet.
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