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Orphée dans l'opéra de Gluck

Étude de cas : Orphée dans l'opéra de Gluck. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Septembre 2020  •  Étude de cas  •  3 734 Mots (15 Pages)  •  538 Vues

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A/ Introduction :

Pour ce travail « La Postérité du mythe d’Orphée dans une œuvre artistique », je vais analyser un opéra[1] : Orphée et Eurydice (Orfeo ed Euridice) écrit par Gluck, revisité par Berlioz et mis en scène 250 plus tard, par Aurélien Bory.

  1. Présentation de l’œuvre (Gluck, le succès de son œuvre…)

Cette œuvre fut écrite par un compositeur bavarois d’opéra de la période classique : Christophe Willibald von Gluck, né le 2 juillet 1714 et mort à Vienne le 15 novembre 1787. À vrai dire, Gluck est l’un des seuls compositeurs de son époque, avec Monteverdi, Stravinsky et Offenbach, à avoir écrit un opéra sur le mythe d’Orphée. A travers cette pièce, celui-ci a tenté de se détacher du formalisme de l’opéra italien ; afin de posséder une plus grande liberté dans l’intensité dramatique de l’intrigue. Dans son œuvre, le grand artiste reprend le mythe grec du grand poète Orphée, parti recherché sa bien-aimée Eurydice aux Enfers. Le chef-d’œuvre correspond à une tragédie opéra (drame héroïque) ou en italien « azione teatrale per musica » ; en 4 actes (selon la version de 2018, dans la version de Gluck, il y a 3 actes et une fin différente) :

  • Acte I : L’acte commence par Orphée, qui entouré des nymphes et des bergers se lamente près du tombeau d’Eurydice. Après ses appels adressés aux dieux et son désir de se rendre aux Enfers, Amour se présente à lui et lui apprend qu’il peut récupérer Eurydice sous deux contraintes. Tout d’abord, il doit convaincre les créatures infernales de le laisser passer et deuxièmement, il ne peut en aucun cas se retourner pour voir son épouse lors du retour.  
  • Acte II : Malgré le barrage du chœur et des ombres des Enfers, Orphée parvient à émouvoir les Furies qui lui cèdent le passage.
  • Acte III : Orphée retrouve Eurydice aux Champs Élysées, celle-ci entourée par les héros et héroïnes est émue par sa présence et commence à le suivre.
  • Acte IV : Orphée et Eurydice remontent vers la terre. Cependant, Eurydice demande à Orphée de se retourner à cause de son attitude distante ; elle refuse de revenir dans le monde des mortels si ce dernier ne la regarde pas. Alors, Orphée, désespéré décide de se retourner à la suite de ses reproches ; sa dulcinée meurt et disparaît aussitôt. Il se lamente alors dans la chanson « J’ai perdu mon Eurydice » (Che farò senza Euridice).

La première de l’opéra se déroula à Vienne, le 5 octobre 1762 au Burgtheater. Immédiatement, elle obtint un très grand succès. Appelé par la Cour de France en 1774, Gluck dut adapter son opéra selon le goût français. Il remporta de nouveau un triomphe tel que sa version française est restée à l’affiche pendant trois mois.

Ensuite, au XIXème siècle, Hector Berlioz, grand admirateur de Gluck remanie le texte original afin de permettre à la mezzo-soprano Pauline Viardot de le chanter. La première représentation a eu lieu le 19 novembre 1859 au Théâtre-Lyrique ; tout comme Gluck, cette nouvelle a reçu un énorme succès. Cependant, c’est surtout à partir de celle-ci (qui reste la plus fidèle à Gluck), que de très nombreux artistes se sont inspirés. Toutefois, depuis leur création, tant l’opéra de Gluck que de Berlioz ont connu de très nombreuses réécritures pour castra, ténor, mezzo…

 Enfin, vient l’artiste qui me concerne. Aurélien Bory est un artiste, metteur en scène et scénographe français. Il est connu pour développer des scénographies troublantes qui interrogent l’espace et dont les mouvements fondent la dramaturgie de ses pièces. En 2018, il entreprend la mise en scène de l’opéra Orphée et Eurydice de (Berlioz) Gluck : la pièce sort le 12 octobre à l’Opéra-Comique. Cet opéra a obtenu énormément de succès.

  1. Son inspiration[2] :

Le metteur en scène s’est d’abord basé sur le mythe d’Orphée, plus précisément le moment où Orphée brise la condition. Selon lui[3], tout le reste est finalement périphérique c’est pour cela qu’il aborde le théâtre comme un art de l’espace.

Pour se faire, Aurélien Bory s’inspira d’une illusion d’optique appelée le Pepper’s Ghost. Ce procédé optique date du XIXe siècle, il est constitué d’une grande surface réfléchissante tendue, qui, ayant les propriétés du verre permet de projeter et de refléter le sol, ce qui inverse les dimensions ; les horizontales deviennent les verticales. Alors, le public assiste à une rotation perpendiculaire. Sur le sol (donc le reflet de la surface réfléchissante), est dressée la toile d’Orphée et Eurydice aux Enfers peinte par Jean-Baptiste Corot. Cette scène n’a pas été choisi au hasard. En effet, la peinture représente Eurydice ramenée par Orphée juste avant qu’il ne la regarde. De plus, Corot n’a pas seulement représenté le mythe mais l’opéra de Gluck. En 1861, le peintre a assisté à l’opéra d’Orphée et Eurydice version Berlioz. Aurélien Bory voit dans ce tableau, des éléments de l’œuvre de Gluck.

  1. Pourquoi Aurélien Bory tenait à concevoir sa mise en scène par une illusion d’optique ?

Lorsqu’ Orphée se retourne pour observer son amour, il renverse tout, c’est toute la scène qui se retourne ; et donc l’espace tout entier se renverse.

  1. Les personnages :

Orphée et Eurydice sont joués par des femmes. Par ce changement, le réalisateur cherche à transmettre un message fort, auquel chaque individu peut s’identifier : l’amour n’a rien à voir avec le genre, c’est un sentiment solide, éprouvé entre deux personnes. Cependant, l’actrice incarnant le personnage du poète a été vêtu d’un costume afin de ne pas trop s’éloigner du mythe.

  1. Les danseurs circassiens :

Par surcroît, tout au long de la pièce, ces chanteurs (Orphée -> Marianne Crebassa, Eurydice -> Hélène Guilmette et Amour -> Lea Desandre) sont entourés de danseurs. En effet, Aurélien Bory mêla les circassiens au chœur. Dès lors, ces derniers constituaient pratiquement le même personnage que celui-ci.

La particularité de cette pièce est justement ces danseurs. Ceux-ci représentent les héros et héroïnes des Champs Élysées ainsi que les chœurs des ombres. Contrairement à de nombreux opéras, ici il n’y a pas de ballets et peu de prestations. Pour le peu de danses, les mouvements sont lents et les interprètes paraissent immobiles comme cloués par la douleur[4]. Cependant, ils ont tout de même un rôle puisqu’ils engloutissent Eurydice dans les Enfers (vers l’obscurité de la scène). Pour être plus précise, dans cette scène, les danseurs incarnent la souffrance d’Orphée mais également une certaine joie des ombres de revoir Eurydice. Il y a également « la Danse des Furies » dans laquelle le message de la douleur est intensifié. Au cours de cette prestation, on observe des mouvements brusques, violents, hâtés qui s’adoucissent petit à petit au son de la belle voix d’Orphée. Cela met en avant deux éléments : Orphée qui est doté d’un grand talent intensifié par la perte de son épouse mais également le fait qu’Orphée a réussi à braver des Furies en colères, des dangers et pourtant, il succombe aux pleurs de sa femme ; l’aporie est mise en évidence. J’aborderai en détail ces moments…

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