Module de lecture attentive / Classes de 3e / M. Buraud
Fiche de lecture : Module de lecture attentive / Classes de 3e / M. Buraud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jaykay7 • 13 Septembre 2021 • Fiche de lecture • 3 302 Mots (14 Pages) • 452 Vues
Module de lecture attentive / Classes de 3e / M. Buraud
Pour mardi 14 septembre
1. Quels éléments font de cette nouvelle une nouvelle de science fiction ?
2. Dressez précisément le portrait des personnages en présence en citant le texte.
3. Dégagez les différentes étapes qui constituent la chronologie de la nouvelle
4. Inventez la chute de la nouvelle afin que celle-ci ait un intérêt littéraire.
Les Kanamites n’étaient pas très beaux, il est vrai. Ils ressemblaient un peu à des gorets et un peu à des hommes. Ce n’est pas là une combinaison très heureuse. En les voyant pour la première fois, on était horrifié et c’était pour eux un terrible handicap. Lorsqu’une créature d’aspect démoniaque tombe des étoiles pour vous offrir un cadeau, votre premier mouvement est de refuser.
Je ne sais sous quel aspect on imaginait des visiteurs interstellaires — ceux qui avaient réfléchi à la question tout au moins. Des anges, peut-être, ou des êtres beaucoup trop différents de nous pour faire naître véritablement la répulsion. C’est peut-être la raison pour laquelle ils inspirèrent semblable dégoût lorsqu’ils atterrirent dans leurs immenses astronefs et qu’on vit quel était leur véritable aspect.
Les Kanamites étaient petits de stature et très velus — couverts de poils épais, hérissés et d’un brun grisâtre, sur toute leur personne abominablement dodue. Le nez rappelait un groin, les yeux étaient petits et ils avaient des mains épaisses avec trois doigts seulement. Ils portaient un harnachement de cuir vert et des culottes courtes, mais je crois que leurs shorts étaient uniquement une concession à notre conception de la décence publique. Les vêtements étaient d’une coupe très à la mode, avec pattes aux poches et martingale[1] dans le dos. Les Kanamites, en tous cas, n’étaient point dépourvus d’humour : leur mise le démontrait.
Ils étaient trois à cette session des Nations Unies, et je ne saurais rendre l’impression étrange qu’on éprouvait à les voir là, au milieu d’une solennelle séance plénière — trois créatures replètes[2]. à l’air porcin, en shorts verts, siégeant à la longue table au-dessous de la tribune, en présence des délégués de toutes les nations. Ils étaient assis, regardant poliment chaque orateur. Leurs oreilles plates pendaient sur les écouteurs. Je crois que, par la suite, ils assimilèrent toutes les langues humaines mais, à cette époque, ils ne savaient encore que le français et l’anglais.
Ils semblaient parfaitement à leur aise — et cette raison, ainsi que leur humour, me les rendaient sympathiques.
Mais je faisais partie d’une minorité. Ils déclaraient très simplement qu’ils désiraient nous venir en aide, et je les croyais. Évidemment, en tant que traducteur aux Nations Unies, mon opinion ne comptait guère. Mais je considérais leur venue comme le plus heureux événement qui se fût jamais produit sur terre.
Le délégué de l’Argentine se leva et déclara que son gouvernement s’intéressait à la démonstration d’une nouvelle source d’énergie bon marché qu’avaient donnée les Kanamites lors de la précédente séance, mais que ce gouvernement ne pouvait prendre d’engagements définitifs quant à la politique future sans un examen beaucoup plus approfondi.
C’était ce que disaient tous les délégués, mais il me fallut prêter une attention toute particulière au senior Valdes, car il avait tendance à bafouiller et son élocution était défectueuse. Je me tirai cependant de la traduction à mon honneur, en dépit d’une ou deux hésitations passagères, puis je me branchai sur la ligne polono-anglaise pour voir ce que faisait Grégori avec Janciewicz. Janciewicz était la croix que devait porter Grégori comme Valdes était la mienne.
Janciewicz répéta les observations précédentes avec quelques variations idéologiques, puis le secrétaire général s’adressa au délégué de la France qui introduisit le docteur Lévêque, le criminologiste et une quantité considérable d’instruments compliqués furent apportés dans la salle. Le docteur Lévêque fit remarquer que la question que se posaient de nombreuses personnes avait été fort bien exprimée par le délégué de l’U.R.S.S. Lors de la précédente session, lorsqu’il avait demandé « A quels motifs obéissent les Kanamites ? Quel est leur but en nous offrant des cadeaux sans précédent tout en ne demandant rien en échange »
Le docteur poursuivit alors : « A la requête de plusieurs délégués, et avec le plein assentiment de nos visiteurs les Kanamites, mes collaborateurs et moi avons pratiqué sur ces Kanamites une série de tests avec les appareils que vous voyez devant vous. Ces tests vont être répétés.. » Un murmure parcourut la salle. On entendit crépiter les ampoules flash et l’une des caméras de télévision s’avança pour être mise au point sur le panneau de commande de l’équipement du docteur. En même temps. le gigantesque écran de télévision derrière le podium s’éclaira et l’on vit la face blafarde de deux cadrans, chacun avec son index marquant zéro, puis une bande de ruban en papier et la pointe d’un stylet reposant sur elle.
Les aides du docteur fixaient des fils métalliques aux tempes de l’un des Kanamites. lui enroulaient un tuyau de caoutchouc enrobé de toile autour de l’avant-bras et lui collaient quelque chose dans la paume de la main droite.
Sur l’écran, nous vîmes le ruban de papier se mouvoir tandis que le stylet y traçait un lent dessin zigzaguant. L’une des aiguilles fut agitée de soubresauts rythmiques l’autre bondit sur le cadran puis s’immobilisa au même point, légèrement frémissante.
« Voici les instruments standards qui servent à éprouver la vérité d’une affirmation, dit le docteur Lévêque. Notre premier objet, puisque la physiologie des Kanamites nous est inconnue, a été de déterminer si oui ou non ils réagissaient à ces tests à la manière des êtres humains. Nous allons maintenant répéter l’une des nombreuses expériences déjà effectuées afin de répondre sur ce point. »
Il montra le premier cadran.
« Cet instrument enregistre les battements de coeur du sujet. Ceci montre la conductivité électrique de la peau dans la paume de la main, une mesure de la transpiration qui augmente avec la tension. Et ceci — montrant du doigt l’appareil à ruban et stylet — indique le dessin et l’intensité des ondes électriques émanant du cerveau. On a démontré, chez les sujets humains, que tous ces relevés variaient considérablement selon qu’on disait ou non la vérité. »
Il prit deux grands morceaux de carton, l’un rouge et l’autre noir. Le rouge était un carré d’un mètre de côté environ : le noir un rectangle d’un mètre et demi de long. Il s’adressa alors au Kanamite
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