La vie cas
Lettre type : La vie cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nilelika • 1 Juin 2016 • Lettre type • 491 Mots (2 Pages) • 732 Vues
Il est incroyable de se rendre compte à quel point l'on peut s'accaparer à sens unique une personne que l'on aime lorsque l'on n'est pas aimé en retour ; voir comme il est facile de conjecturer des futurs dans lesquels "tout va bien", dans lesquels l'existence est pleine, l'espoir est vivace, alors que dans le cruel présent qui ne cesse de devenir passé, il nous faut nous tenir devant cette personne qui par une insouciance profonde, ou une naïveté de façade, ne semble pas appréhender l'affliction dans laquelle nous nous trouvons. Ces avenirs que nous imaginions, ces images qui nous semblaient si vivantes qu'elles trouvaient leur logique dans leur absurdité, ces conceptions d'une vie dépendant d'un être, ces constellations de réminiscences lumineuses, pleines ou creuses, naines ou gigantesques, comme des astres, tournent autour d'un soleil noir, voilé, caché, refusé ; un soleil dont le besoin n'a pas la figure d'une nouvelle manipulation de sa fonction universelle. Ce soleil, nous nous accaparons sa lumière ; nous baignons dans ses rayons, nous nous faisons récepteurs et haut témoins de sa bienveillance, et ce parce qu'elle existe par nous, elle existe en nous. En réalité, nous ne sommes qu'un astronaute désabusé, observant à travers une lunette floue un éclat déjà mort ; l'étoile par mille fois s'est déjà éteinte, et la lueur si éblouissante n'était elle aussi qu'un souvenir, un ressouvenir, une chose indécise, un songe à l'existence bâtarde : le soleil sur lequel la galaxie de nos espoirs se fonde n'est pas disposé à tenir le rôle que nous lui accordons. Dès lors, nous ne sommes qu'une espèce de sot, fou aux appétits gargantuesques, simple homme, ver de terre amoureux d'une étoile, rien de poussière ayant voulu orchestrer tel Dieu des puissances qui nous dépassent et sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Nous tentons d'écrire un destin uchronique d'une plume sanguinolente et languissante. Mais nos espoirs sont vite réduits à néant, attirés par un trou noir, ce gouffre, celui du désespoir : quand rien de la lumière n'a pu sauver la galaxie, l'obscurité l'enveloppe et l'avale, glouton funeste, mangeur de mondes macabre, et fait d'elle une plaie ouverte dont s'écoule sang et larmes. Comme Icare, d'avoir voulu toucher le feu, nos ailes d'ange insoumis se consument, nous ramènent à notre condition de pathétique être de chair asservi à une passion dévorante. Qui blâmer alors de cette négation de son être, de ce nihilisme intrinsèque consécutif à la désillusion ? Qui blâmer, si ce n'est soi, d'avoir été trop ambitieux, trop fier, trop impertinent, d'avoir fait preuve d'une intempérance magnanime ? Qui blâmer, si ce n'est soi... Et pourtant, on se prend bien souvent à blâmer le soleil de sa non-existence : car l'âme tuméfiée qui nous porte, comme l'enfant défait de ses illusions à Noël, nie cette réalité qui heurte sa tendresse originelle ; le soleil était si beau dans ses yeux innocents, et ses rais étaient si chauds sur sa peau découverte.
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