Situation en maison médicalisée
Commentaire d'arrêt : Situation en maison médicalisée. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lojessicaa • 28 Juin 2018 • Commentaire d'arrêt • 1 118 Mots (5 Pages) • 476 Vues
Mme C, 72 ans, est entrée dans une maison médicalisée située en banlieue parisienne au mois d’Avril 2013. Elle souffre d’une démence de type Alzheimer.
Alors que je marche dans le couloir, je trouve Mme C à l’accueil, en larmes. La secrétaire de la structure tentant en vain de l’apaiser. Je m’approche alors d’elle, cherchant à en savoir plus sur la ou les raison(s) à l’origine de cet état.
J’apprends que la résidente a perdu un sac noir contenant ses papiers d’identité, son chéquier et de l’espèce. Je lui propose alors de partir à la recherche de ce sac ensemble, offre qu’elle accepte. Elle me demande d’appeler sa fille, je n’ai qu’à regarder la secrétaire pour comprendre qu’aujourd’hui sa fille a déjà été appelée un grand nombre de fois et qu’il faut essayer de régler cet épisode par nous-mêmes. Nous nous dirigeons dans le jardin car je me souvenais l’y avoir vue le matin-même assise sur un banc. Aucune trace du sac noir. Je lui propose d’aller vérifier dans sa chambre. Mme C s’arrête net, commence à pleurer. Pourquoi ? Qu’ai-je dit ou fait ? Elle me dit qu’elle n’a pas de chambre ici, qu’elle ne peut pas en avoir une c’est impossible car elle est venue ce matin en métro pour ne rester que la journée et rentrer s’occuper de son mari (aujourd’hui décédé) et de ses enfants le soir. Je n’avais pas complètement mesuré l’impact de mes mots ni le réel état psychique de cette résidente.
Face à ce rebondissement pour le moins inattendu, je suis restée plusieurs secondes interdite. Que devais-je dire là maintenant tout de suite ? J’étais seule, face à une résidente en larmes, qui attendait de moi une explication. Mais laquelle ? L’explication vraie ou le mensonge ? (Si j’ai hésité et pensé à mentir c’est bien parce que mes premiers jours d’observation m’ont permis d’identifier de nombreux mensonges de la part de l’équipe soignante). Je décide donc de jouer la carte de la vérité, quitte à blesser Mme C ou à accentuer ses larmes. Je lui demande de me suivre et l’amène jusqu’à sa porte de chambre où est collée une photo d’elle avec son nom de famille. Elle reste stupéfaite. Je toque (par pur réflexe) et lui fait découvrir l’intérieur avec ses propres meubles et vêtements ainsi que sa salle de bain. Nous cherchons son sac noir pour finalement trouver deux sacs marron et un bleu. Je tente de la rassurer et lui indique qu’il doit être ailleurs. Mme C semble se calmer, elle me questionne sur sa date d’arrivée dans la structure, qui est à l’origine de la demande, etc. Puis, dans un moment de lucidité, Mme C devine que si elle se trouve ici cela signifie que son mari et ses parents sont décédés et que ses enfants sont désormais adultes. Elle me regarde et attend une confirmation. Je commence par le moins délicat et lui confirme en effet que ses enfants sont adultes. Je redoute l’après. Si je confirme le décès de son mari et de ses parents, Mme C va-t-elle fondre en larmes à nouveau ou bien rester neutre ? Pas le temps de réfléchir 1 000 ans, j’opte une seconde fois pour la vérité. La résidente semble abasourdie mais ne pleure pas.
Nous retournons à l’accueil, je fais comprendre à Mme C que nous finirons par retrouver le sac mais qu’il est préférable de s’asseoir et boire un verre d’eau. Je lui apporte ledit verre et m’en vais questionner l’équipe soignante sur
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