Précarité et ségrégation
Étude de cas : Précarité et ségrégation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar arth.ocn1 • 11 Novembre 2022 • Étude de cas • 1 603 Mots (7 Pages) • 312 Vues
SES : précarités et ségrégations affaiblissent la cohésion sociale
Dans la société, les individus ne sont pas isolés mais vivent en interaction les uns avec les autres : ils forment des groupes sociaux et sont liés par des liens sociaux. Ces liens sociaux relient les individus entre eux et créent un sentiment d’appartenance collective. Les liens sociaux peuvent s’affaiblir ; plusieurs facteurs peuvent mener à l’affaiblissement de la cohésion sociale : les mutations économiques, les transformations sociales, et donc les inégalités et la ségrégation.
I/ Les liens entre les inégalités et la ségrégation sociale
Pour commencer nous allons définir les termes inégalités et ségrégations :
Etymologiquement le terme « inégalité » vient du latin in, privé de, et de "aequalis", de "aequus", uni, juste. L'inégalité est donc le caractère de ce qui n'est pas égal. Les inégalités sociales désignent les traitements différents qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales. Les inégalités ont toujours été présentes dans le temps avec par exemple l'Ancien Régime qui possédait trois ordres (noblesse, clergé, tiers état).
De nos jours, en France, "les hommes naissent libres et égaux en droit", selon la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cependant les différences liées aux origines (classes sociales, pays, culture), à l'éducation, au sexe, à l'âge... sont prises en compte par les sociologues pour favoriser les inégalités économiques (revenus, chômage...). Ces inégalités peuvent être explicites et assumées (niveau d'étude pour l'accès aux postes de responsabilité) ou implicites (inégalité de salaires homme / femme, ou français d'origine étrangère).
Pour certains, les inégalités sociales sont tout à fait acceptables et il n'est pas nécessaire de les corriger. Pour d'autres, elles sont la conséquence de la domination économique, politique ou sociale et doivent être corrigées ou réduites le plus possible.
Étymologiquement, le terme « ségrégation » vient du latin « segregare », qui signifie « mettre un animal à l’écart du troupeau ». Transposé au champ urbain, il désigne un acte volontaire, et a été initialement utilisé dans des travaux portant sur les ghettos juifs d’Europe orientale ou sur l’apartheid sud-africain. Il est utilisé pour signifier l’idée de discrimination. Avec l’intérêt croissant des sciences sociales pour l’espace intra-urbain initié par les tenants de la tradition sociologique de Chicago dans les années 1920, il se développe aux États-Unis dès la fin des années 1960, et en France à partir des années 1980. Ce terme tend à désigner plus largement le phénomène de division sociale de la ville.
Mais dans les discours, aujourd’hui plus que jamais, il est toujours connoté péjorativement : la ségrégation est vue comme une forme spatiale incontestable d’injustice urbaine.
Qui dit ségrégation spatiale dit que les chances de réussir varient en fonction du lieu où habite une personne. Une personne vivant dans un lieu pauvre n’aura pas les mêmes chances qu’une personne vivant dans un lieu ou une communauté plus aisée. Que ce soit pour aller à l’école donc dans les notions d’apprentissages ou dans le monde du travail, ces différences se feront ressentir.
Dans la société, on observe des inégalités économiques et sociales entre les quartiers prioritaires et le reste de la population, notamment en termes d’emploi, de revenus ou de mixité sociale. Ces inégalités ont pour conséquence une ségrégation sociale. De plus, certaines de ces inégalités ont tendance à se cumuler et à affecter en priorité certains groupes. Les quartiers sont donc révélateurs de l’inscription spatiale des inégalités sociales dans la société.
La logique de concentration du chômage et de la précarité dans des quartiers spécifiques est largement attestée. En effet d’après l’observatoire national de la politique de la ville en 2017, on observe que les revenus fiscaux moyens des ménages en 2013 entre quartiers prioritaires et reste du territoire français sont très inégaux. Le revenu est de 11 431 € pour les quartiers prioritaires tandis qu’il est de 23 440 € pour le reste du territoire. On observe aussi que le taux de pauvreté est beaucoup plus élevé dans les quartiers prioritaires que dans le reste du territoire. De plus, la part des allocataires s’élève à 70% dans les quartiers prioritaires tandis que dans le reste du territoire, il est de 47,6%. Ceci démontre encore une grande inégalité. Comme dernier exemple on peut voir que la part des allocataires percevant le RSA ou une aide au logement est aussi très inégale entre les quartiers prioritaires et le reste du territoire. Ces différentes inégalités entraînent donc une ségrégation sociale. Cette ségrégation continue à restreindre l’accès des classes populaires à diverses équipements urbains de toutes sortes, mais aussi au marché du travail. Elle laisse au départ beaucoup moins de chance dans la vie aux personnes vivant dans des quartiers prioritaires que celles vivant sur le reste du territoire.
Le travail peut aider à comprendre comment différents facteurs exposent les individus à l’affaiblissement ou à la rupture de liens sociaux. C’est ce que nous allons voir dans la prochaine partie.
II. Les facteurs qui exposent les individus à la disparition du lien social
Certaines transformations sociales récentes telles que les mutations du travail, les transformations familiales, et la ségrégation (socio-spatiale ; géographique) peuvent provoquer un affaiblissement des liens sociaux.
Pour commencer, les mutations du travail se traduisent par la montée du chômage, en particulier le chômage de longue durée et la précarisation des emplois. La dégradation des conditions d’emploi de certains salariés contribue à l’augmentation du nombre de travailleurs précaires. En effet, si le CDI reste la norme d’emploi (87% des salariés sont en CDI et 83% sont à temps complet), la norme d’embauche est le CDD (87% des embauches se font sous CDD dont 2/3 sont d’une durée inférieure à un mois). Ces emplois temporaires sont souvent qualifiés de précaires pour indiquer que leurs habitants ne bénéficient pas de la même sécurité que les emplois typiques. En effet, la précarité désigne une situation de fragilité et d’instabilité par rapport à l’emploi et/ou au travail ou encore au logement ou au statut familial. Ceci signifie qu’un emploi peut se terminer à chaque fin de contrat sans que le salarié soit sûr de son renouvellement. Ceci crée donc un risque de chômage élevé qui rend incertain l’idée de revenus futurs (les revenus sont instables et varient d’une semaine à l’autre et ceci en fonction du nombre d’heures travaillés, des contrats de travail décrochés…). Un salarié précaire peut difficilement prévoir l’avenir et donc avoir des projets : accéder à un logement, au crédit, à la propriété, à la santé etc.) Cet individu aura ainsi des conditions de vie plus difficiles et sera privé d’un certain nombre de liens sociaux, ce qui complique son intégration sociale. Par exemple, un salarié qui occupe un emploi en CDD ou en intérim pourra plus difficilement créer des liens forts au travail car il disposera de peu de temps pour nouer des relations avec ses collègues et il est supposé ne pas rester durablement dans l’entreprise (il peut rester quelques jours voire quelques mois). La France compte actuellement deux millions de travailleurs pauvres, ce qui correspond à 8% des travailleurs et 14% des ménages ont un revenu inférieur à 60% du revenu médian.
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