Travailler est-ce nécessairement renoncer à soi-même?

SPEYER Charlotte                                                                       Mardi 3 Février 2017

 TRAVAILLER EST-CE NECESSAIREMENT RENONCER A SOI MÊME ?

        Aujourd'hui, le travail est omniprésent dans notre société et malgré l'envie présente dès notre plus jeune âge de ne pas avoir à travailler, nous sommes contraints de le faire. Cela nous paraît comme un obstacle à une certaine liberté de faire les choses qui nous plaisent, cela nous paraît fatiguant. Pourtant c'est grâce au travail que nous sommes des individus à part entière, que nous avons des capacités, des savoir-faire, des connaissances.

Travailler est-ce nécessairement renoncer à soi même ?

        Le travail fait-il partie de la nature de l’homme ? Le travail est-il nécessaire pour répondre à nos besoins et désirs ? Le travail permet-il de s’accomplir et être heureux en tant qu’individu ? Permet-il de prendre conscience de soi ? En même temps le travail ne peut-il pas aussi déshumaniser l'homme ?  Pourquoi travailler ?

        Il s'agit de réfléchir sur la place du travail dans notre société, sur la place qu'on lui accorde par rapport à notre propre bien être. Il est aussi question de savoir si l'homme à conscience de faire partie de l'humanité.

        Premièrement, nous pouvons nous interroger pour savoir si le travail fait partie de la nature de l’homme ou si il n’est pas le fruit de changement de société, de facteurs économique ou encore politique Aujourd’hui, nous savons que dans notre société occidentale, le système capitaliste avec  la recherche de toujours plus de profit présente le travail comme un but nécessaire de l’existence humaine dont l’homme doit s’y consacrer entièrement. Cela nous laisse penser que le travail est naturel chez l'homme au sein de ces sociétés. Mais ne pouvons-nous pas penser qu’en réalité le travail est né de circonstances contingentes, c’est-à-dire qui auraient pu être différentes ou même ne pas exister. Si nous avions gardé la façon de travailler des hommes préhistoriques, en ne travaillant que pour répondre à nos besoins vitaux, ou si le travail n’était réservé qu’aux esclaves comme dans l’antiquité aurions- nous la même perception du travail ? En effet aujourd’hui les sociétés qui n’accordent que peu de temps au travail sont perçues comme paresseuses. Les choix économiques et politiques de nos sociétés entretiennent le travail comme une activité naturelle et propre à l’homme, mais cela est imposé par les sociétés et on ne sait pas si c’est la réelle nature de l’homme, si c’est sa volonté de travailler une longue partie de sa vie, ou s’il y est contraint.

L’homme travaille car il est capable de le faire mais également car il est dans la nécessité de le faire pour répondre à ses besoins. In peut effectuer un travail par plaisir, car celui-ci lui plaît, l'intéresse, mais il peut également exercer un travail pour l’unique raison d’avoir un salaire en échange. C’est sur ce point que la notion de contrainte prend son sens car si on effectue un travail par plaisir, ce travail ne sera pas perçu comme une corvée, et l’homme lui-même prend plaisir à aller travailler. Alors que si le travail que l’on effectue est uniquement pour recevoir un salaire mais que le travail que l’on fait nous déplaît, le travail devient une contrainte. De même que tout homme est contraint de travailler pour répondre directement ou indirectement à ses besoins et désirs, c’est-à-dire soit travailler  pour se procurer directement les biens dont il a besoin en les prélevant dans la nature par exemple chasser pour se nourrir, ou bien indirectement en effectuant un travail pour percevoir un salaire et pouvoir acquérir des biens et satisfaire ses désirs. D’autant plus, qu'aujourd’hui, l’homme à de nombreux besoins et de nombreux désirs qui sont entretenus par la société de consommation qui incite l’homme à consommer des biens qui sont souvent superflus. S'en suit un phénomène d’engrenage, c’est-à-dire que pour que cette société de consommation fonctionne, il faut beaucoup de biens et de services à offrir on a besoin alors d'une production de masse effectuée par le biais du travail. Ainsi pour pouvoir avoir toujours plus que ce soit le producteur pour offrir des marchandises, ou l’acheteur pour acquérir ses mêmes marchandises, il faut travailler. On voit alors que le travail se révèle comme une nécessité dans le bon fonctionnement d'une société, une nécessité également pour l'homme car le travail est bénéfique pour son développement. Le travail devient une valeur de notre société

Le travail permet-il a l'homme de s'accomplir? D’avoir des buts ? De créer des liens avec d’autres personnes et de tout simplement faire partie et être acteur de la société ?

        En effet le travail permet à chaque individu d’exploiter ses capacités, de se rendre utile, l’homme en travaillant va évoluer, développer ses facultés. Le travail dans ce sens apparaît comme bénéfique. Ce travail effectué est source de différentes satisfactions, le fait d’avoir réussi à accomplir quelque chose par soi-même, être fier du résultat obtenu par exemple un peintre qui finit un tableau. De même qu'il permet d'avoir un estime de soi, une satisfaction personnelle sur ce que l'on peut faire, sur ce que l'on est capable de faire, une liberté dans ses actes. Le travail permet aux individus de s'intégrer dans la société, de créer des liens avec d'autres personnes, d'appartenir à un groupe. Par exemple en France longtemps la classe ouvrière a été un groupe solidaire, partageant les mêmes centres d’intérêts, les mêmes buts, et grâce à cette force de groupe ils ont pu changer des choses pour leur groupe. Cette création de liens, et ce sentiment d'appartenance est très important, il permet à l'homme de se sentir présent dans la société, il lui permet d'avoir un rôle de se sentir utile d'être reconnu par la société. C'est pourquoi les individus qui n'ont pas d'emploi peuvent parfois se sentir rejetés et exclus de la société, car au delà de l'absence de revenus, il y a une absence de reconnaissance sociale. Le travail prend alors un rôle important dans l'intégration des individus dans la société.

        Le travail permet aussi à l'homme de prendre conscience de soi, et de sa valeur. En effet le travail qu'il fournit peut être un reflet de sa personne, de ce qu'il vaut, il se reconnaît dans son travail et grâce au fruit de son travail l'homme accède à la conscience de lui-même, de son existence, et de sa valeur. Le travail permet à l'homme de réaliser qu'il existe. Et d'après le philosophe Hegel, pour être reconnu comme homme, il doit être reconnu par un autre homme qu'il reconnaît lui même comme homme. Il existe donc une réelle lutte pour la reconnaissance, en reprenant l'exemple de la classe ouvrière, toute les grèves, les manifestations mises en œuvre pour que leurs revendications soient entendues, sont un appel à la reconnaissance, au travail qu'ils fournissent, au mérite qu'ils doivent avoir. Tous ces facteurs sont importants, et montrent que le travail possèdent de nombreux avantages qui font que l'homme à conscience de son humanité et de sa place dans la société et de lui même.

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