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Surveiller et punir / "la douceur des peines" / Foucault

Commentaire de texte : Surveiller et punir / "la douceur des peines" / Foucault. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 992 Mots (8 Pages)  •  593 Vues

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L3 PHILO

                        ETUDE D’EXTRAIT DE TEXTE SURVEILLER ET PUNIR

L'extrait du texte surveiller et punir ici a étudier est issu du chapitre II ayant pour intitulé "la douceur des peines". Un extrait qui fait suite au premier chapitre dans lequel Foucault expose l'idée du fait qu'insidieusement les pouvoirs pénètre les corps et les esprits au point de les rendre complètement malléable. Dans cet esprit de continuité Foucault va alors ici aussi s'atteler à mieux développer l'idée, le tout sous la thèse selon laquelle à un moment il a fallu que le pouvoir choisisse parmi les instruments à sa disposition lequel était le mieux susceptible de lui assurer une meilleure croissance. Cette thèse va alors soulever dans cet extrait une problématique principale. Celle de savoir qu'elle critère ont permis de choisir une forme de coercition plutôt qu'une autre? Pour y répondre, Foucault va d'abord commencer par s'attarder sur la coercition institutionnelle ainsi que celle des réformateurs, puis dans un second temps il va démontrer quel pouvait être le degré d'efficacité de chacune des institutions avec à chaque fois les implications que faisaient naître chacune d'elles.

L’appareil punitif correctif agit sur les corps en tant qu’individu et sort du champ âprement symbolique et se manifeste par l’établissement d’un cadre normatif où l’espace et la temporalité sont imposés à chaque sujet. Ici, on punit le corps par l’espace autant qu’on punit l’âme par temps d’où selon Foucault l’importance donné à la connaissance anatomique de telle manière qu’il est fini par devenir aisé de mieux contraindre le corps. Par la suite, c’est la maîtrise du temps par la répétition dans le but de mieux contraindre l’âme qui va se faire ressentir. Ainsi, Ces outils (spatiotemporels) vont se manifester au sujet sous l’aspect d’horaires, de mouvements imposés, d’activités répétés, d’isolements, de travail en commun, etc. Toutefois, il ne s’agirait pas ici, selon Foucault de, rétablir le contrat social ayant été violé par un individu, mais plutôt d’inscrire dans la chaire de celui-ci l’ensemble des prérogatives constituant le canevas qui lui est imposé par le système au sein duquel il évolue ; canevas effectif tant à l’intérieur de la structure punitive qu’à l’extérieur de cette dernière. Un canevas encore mieux démontré par Foucault lorsqu’au paragraphe deux, il met l’accent sur le fait que bien que dans un appareil punitif correctif l’on cherche surtout à inculquer un ensemble de pratiques normées à un individu, cela ne change rien au fait que, si dans le système punitif dit des réformateurs on cherche avant tout à rétablir le pacte social, dans les deux cas le but finalement est de produire un individu formater et soumis à l’autorité qui fait foi. Il y a donc un projet derrière la coercition, il ne s’agit pas simplement de rendre une justice aveugle comme bien souvent on tend à le croire. Le mythe ici de l’allégorie de la justice tenant une balance dans une main, un glaive dans un autre et les yeux bandés s’effondre. Au-delà des représentations impartiales que les pouvoirs veulent faire arborer à la justice, elle est tout sauf neutre ; elle sert ceux qui l’ont mise en place. Une mise en place qui pour être effective, est soumise à l’existence de plusieurs conditions. Notamment celui de l’instigation d’un rapport entre celui qui inflige la punition et celui qui la subi ; un rapport de subordination dans lequel l’agent punitif aurait les pleins pouvoir sur sa victime qui aurait les injonctions du système qui l’asservi, si entrée en elle qu’elle accorderait elle-même à l’entité punitive la légitimité d’agir sur son propre corps. De même, pour une efficacité accrue il faut que le système exerce sa force dans le secret de sorte à ne pas tomber dans le piège de la visibilité car en s’exposant il courrait alors le risque de laisser voir à ceux sur qui il s’exerce qu’ils sont bel et bien sous la coupe d’une entité qui les dépossède d’une partie d’eux-mêmes pour s’alimenter. Le système coercitif va même jusqu’à jouir selon Foucault d’une certaine autonomie, car voilà puisqu’il est discret il va comme se jouer dans la psyché du soumis un jeu par lequel celui-ci va autoalimenter la machine oppressive de son oppresseur. Ainsi, étant donné que -discrétion oblige- je ne sais ni quand ni où je suis surveillé, je vais alors me mettre à moi-même surveiller mes gestes de sorte d’être toujours irréprochable en cas de contrôle inopiné. Et c’est ainsi qu’il suffira à l’agent punitif d’établir les règles et les conséquences de leur inobservance, le tout en exacerbant la paranoïa des individus pour que le système acquière une certaine forme d’autonomie. Ceci, Foucault le dit en substance mieux que nous lorsque pour lui la machine punitive « devra avoir son fonctionnement, ses règles, ses techniques […] discontinuité, ou en tout cas spécificité par rapport au pouvoir judiciaire qui déclare la culpabilité et fixe les limites générales de la punition ». Le système produit donc ses règles, établit les conséquences en cas de leur non-respect, puis il laisse la magie, au travers de la psyché humaine, opérer d’elle-même.

Toutefois l’on va constater grâce à Foucault et en même temps que le pouvoir ceci ; puisque le rapport du sujet à son propre corps change et que celui-ci se transforme en une sorte de pantin docile, la violence du système en place qui se voulait discrète et doté de structure coercitives mécanique et autonome voit son invisibilité être menacée et avec ceci, son caractère arbitraire dévoilé. Toute chose qui pourrait devenir un danger pour sa survie. Le pouvoir est alors en face d’un dilemme : Privilégier une surveillance de tous par tous, au risque de diluer un peu de son autorité dans la cité de telle sorte que chacun des citoyens se sentirait investi de la mission de surveiller voir de punir son voisin, ou alors garder la main mise sur la surveillance et la punition ceci en créant des institutions dans lesquelles tous pourront être surveillés et punis, cela au risque de paraître beaucoup plus visible avec les dangers de révolte que cela comporte. Ainsi, une lecture approfondie du troisième paragraphe de cet extrait nous fait comprendre que c’est la deuxième option que le système décrit aura choisi. Ainsi, comme le dit Foucault en subsistance, le modèle de la prison va être choisi pour institutionnaliser le pouvoir de punir. Et ne laissant rien au hasard, pourra légitimer son action sur les corps en invoquant une mission de protection de la société, comme dans les prisons carcérales, ou même une mission de réformation en vue de produire des individus aptes à la vie en société, comme dans les hôpitaux psychiatriques. Il y a donc comme une sorte d’impression que les systèmes oppressifs, peu importe la forme et le type de coercition pour lequel ils optent, trouvent toujours le moyen d’assujettir les corps et les psychés ; car rappelons-le chez notre auteur la violence n’est pas que sur les corps, elle agit aussi sur les esprits au travers de l’idéologie. Une violence quasi permanente étant donné que lorsqu’un système est aboli car reconnu et donc su comme oppressif, un autre vient toujours prendre sa place, étant donné que le savoir ne s’extrait pas du pouvoir et ne s’en détache pas pour le dénoncer et qu’au contraire il sert toujours le pouvoir. Un pouvoir peut être alternatif mais tout de même un pouvoir. Il y a donc une continuité entre les pouvoirs coercitifs, les uns se bâtissant sur les ruines des autres. Cette continuité est d’autant plus criarde lorsque Foucault va dans l’avant dernier paragraphe de notre extrait, dresser comme une sorte d’inventaire des systèmes de pouvoir punitif à la fin du XVIIIe siècle. Il nous révèle alors que le jeu de succession qui a eu lieu entre les instances punitives, qui d’abord était soumises au droit monarchique ensuite les instances liées aux juristes réformateurs et enfin les instances coercitives institutionnalisées avaient chacune des procédés bien à elle pour plier les corps à leur volonté.  Et lorsque le monarque va user de la force comme moyen de spectacle, un spectacle où le déviant est châtié pour avoir défié l’autorité du souverain qui fait loi, les juristes réformateurs eux, comme le dit Foucault vont créer « des procédures pour requalifier les individus comme sujets, de droit »ici, les individus ne sont pas marqué mais punis pour avoir violé le contrat social, quand enfin la punition des réformateur est changée par la mise au pas de l’individu grâce à l’institutionnalisation de la chose carcérale. Des mues toujours guidée par la recherche d’un optimum coercitif, on pourrait même parler ici d’économie de la violence, car au vue des différentes étapes que traversent le pouvoir, de l’assujettissement par le monarque, à la punition par les réformateurs puis l’aliénation par les institutions, il s’agira toujours de punir mais surtout de mieux punir. Et dans le fond, lorsque Foucault nous laisse dans le dernier paragraphe avec cette interrogation de savoir « Comment le modèle coercitif, corporel, solitaire, secret, du pouvoir de punir s'est-il substitué au modèle représentatif, scénique, signifiant, public, collectif? » en d’autre terme, pourquoi de tous les modèles de coercition celui qui a triomphé est celui dans lequel les institutions se chargent de la violence ? Nous sommes alors tentés de lui répondre que le pouvoir n’ayant de fin que lui-même et n’ayant pour seuls moyens que les corps et les esprits sur lesquels il s’exerce, a pour se maintenir, besoin d’instruments politiques susceptibles de rendre les corps (son matériaux) toujours plus malléables afin de mieux servir ses fins (son maintien). En cela quoi de mieux donc qu’un système où se débarrassant de la responsabilité de rendre justice, les agents se contentent d’alimenter un appareil impersonnel dans lequel la discipline qu’ils s’imposent, les façonne, les rend docile au point où ceux-ci ne différencient même plus la volonté de l’appareil à la leur. Un mariage quasi symbiotique dans lequel il devient compliqué de savoir distinguer l’hôte du maître. Chose qui expliquerait alors pourquoi, au lieu de la place de simple spectateur, ou du rôle bien trop visible de mouton à maintenir dans le droit chemin du contrat social, ce soit le choix de l’institutionnalisation de la force au nom de chacun, qui se soit le mieux démarqué car étant le seul faisant assez bien illusion pour donner à l’homme la position factice de bourreau et victime, quand bien-même dans la réalité il ne serait rien de plus qu’une donnée à traiter par le pouvoir.

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