Sommes-nous une machine ?
Dissertation : Sommes-nous une machine ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pseudaxe • 9 Mai 2022 • Dissertation • 9 245 Mots (37 Pages) • 355 Vues
Sujet : Sommes-nous une machine ?
Le « nous » de cette question désigne les Hommes. Pour répondre à notre question, il convient donc de bien définir ce qu’est un humain. Un humain est un être vivant qui sait parler. Ou du moins qui a la possibilité de parler (pour que la définition couvre également les enfants). La machine est quant à elle un ensemble d’éléments agencés systématiquement pour produire un résultat, un service, une expérience, du travail (un travail au sens large)… On peut représenter une machine via le schéma suivant :
Entrée ------> Traitement ------> Sortie
Lorsqu’une machine apprend d’elle-même, c’est-à-dire qu’elle se régule elle-même pour obtenir des sorties souhaitées, on parle alors d’asservissement de machine. On parle d’automatisme lorsqu’un système est capable de prendre des décisions par lui-même ou répéter une action d’une manière systématique.
Dans un premier temps, il semble que l’Homme soit en partie constitué d’une machine. En effet, beaucoup considèrent que l’Homme est fait d’un corps et d’un esprit. L’esprit est le siège de la pensée. Mais où est situé ce siège alors ? La réponse qui nous vient immédiatement est que ce siège se situe dans la tête, dans le cerveau. Cela veut-il dire que le cerveau est notre esprit ? Si on n’ouvre un crane pour examiner le cerveau, on peut rien en tirer quant à la présence de l’esprit, par contre, si on titille le cerveau avec des électrodes bien placées, ça pourrait susciter en nous certaines sensations, certaines pensées. Mais tout ce que cette expérience montre, c’est qu’il y a des interactions entre la pensée et le cerveau. Pas forcément que l’esprit et le cerveau sont la même chose. En fait, en y réfléchissant un peu plus, le cerveau et l’esprit semblent être très différents. Le cerveau est constitué de matière qu’on peut toucher, par contre, concernant l’esprit et la pensée, il y a quelque chose de pas tout à fait matériel là-dedans, on ne peut pas physiquement y accéder. Du coup, est-ce qu’on ne pourrait pas défendre l’idée que l’esprit et le corps, l’esprit et la matière, sont deux choses bien distinctes ? Le nom de cette thèse est le dualisme. Un des philosophes qui a donné de l’importance à cette thèse est René Descartes. On ne peut pas dire qu’il est clairement dualiste, mais il a un dualisme particulier qu’on va voir en profondeur. En tant que mathématicien, physicien et scientifique doué, Descartes a voulu refondé les sciences sur des bases absolument certaines. La question du fondement des connaissances ou du fondement des sciences, est relativement classique en fait, mais l’approche de Descartes est assez particulière en car il pose une exigence de certitude absolue. Descartes est vraiment obsédé par la certitude. Et pour bien le comprendre, il faut voir qu’il entend ce terme en un sens plus fort que le sens ordinaire. Normalement, de quoi je suis certain ? Je suis certain des choses dont je ne doute pas. La certitude est l’opposé du doute, l’absence de doute. Et il y a des tas choses dont on n doute pas. On a des tas de certitudes. Par exemple, je ne doute pas une seconde que je suis en train d’écrire cette feuille sur laquelle j’écris. Pourquoi j’en douterai ? Sauf qu’il se peut bien que je sois entrain de rêver, Descartes veut fonder les sciences sur quelque chose qui ne peut pas être faux ! Et le problème avec une certitude définie comme simplement l’absence de doute, c’est que ça peut tout à fait se révéler faux. Il y a des tas de choses dont on ne doute pas, et qui se révèlent finalement fausses. Par exemple, personne ne doutait du fait que la Terre est au centre de l’univers. Donc pour fonder les sciences sur des bases vraiment solides, il faut demander plus qu’une simple certitude comprise comme absence de doute. C’est pour cette raison que Descartes introduit une notion plus forte de certitude qu’on pourrait appeler certitude absolue. Une certitude absolue est une certitude dont on ne peut pas douter. Ce n’est pas seulement l’absence de doute, c’est carrément l’impossibilité du doute. On aura alors quelque chose de solide pour fonder les sciences. Comment reconnaitre alors une certitude absolue, une certitude indubitable ? La méthode va être d’essayer de douter, de se forcer à douter autant que possible, douter de tout ce dont peut douter. Cette démarche, on l’appelle chez Descartes le doute méthodique : douter vient une méthode pour trouver la certitude. Et concrètement, ce doute méthodique ressemble un peu à un exercice de paranoïa absolu. Essayons de douter de tout ! On verra bien de qui résiste. Doutons de l’existence du monde, revenons à notre feuille de de tout à l’heure. Est-il absolument impossible de douter de l’existence de celle-ci ? C’est ici que l’argument du rêve devient intéressant. Je sais qu’il m’arrive de rêver ; en rêve j’ai des sensations tout à fait similaires à celles qui m’enseignent à ce moment qu’il y a une feuille devant moi, et pourtant je suis en train de rêver à ce moment-là. Certes, je ne me crois pas être en train de rêver en ce moment mais l’expérience du rêve m’enseigne que, parfois, les sens me trompent : quand je rêve je crois entendre, voir des choses, et pourtant ces choses n’existent pas, et puisqu’il a des situations possibles où mes sens me trompent, cela signifie que je peux douter de ce que les sens m’enseignent en général. Et ce que les sens m’enseignent, c’est qu’il y a un monde matériel autour de moi avec un bureau, un ordinateur, une feuille. Donc, si je peux douter de ce que les sens m’enseignent, ça signifie que je peux douter de la réalité de ce monde matériel dans son ensemble. On entre dans la paranoïa totale. Le film Matrix illustre bien cette idée. Conclusion : rien de ce monde matériel n’est absolument certain. Mais il doit y avoir des choses absolument certaines ? Peut-on douter de l’équation 2 + 2 = 4 ? Faut être pour en douter ! Mais est-ce que ça veut dire qu’il est absolument impossible d’en douter ? Imaginez une drogue qui amoindrit les facultés intellectuelles, qui rend stupide, et tellement stupide qu’on se trompe même sur les calculs les plus simples. C’est loin d’être inconcevable. En fait beaucoup de substances font un petit peu cet effet-là, l’alcool par exemple. Alors imaginez cet effet puissance mille. Vous pourriez vous tromper sur 2 + 2 = 4. Pour le dire autrement : comprendre les vérités mathématiques même les plus simples suppose que vos facultés intellectuelles fonctionnent un minimum, or vous savez qu’elles peuvent marcher de travers sans même que vous vous en rendiez compte. Du coup, même les vérités mathématiques les plus simples ne sont pas absolument certaines (C’est vraiment pousser la paranoïa très loin…, mais c’est quand même possible d’en douter. Petite remarque : dans les Méditations métaphysiques, Descartes fait l’hypothèse d’u certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à le tromper. Et ce malin génie le trompe même pour additionner 2 et 2 ou pour compter côtés d’un triangle. On parle de l’hypothèse du malin génie). Si je ne fais pas confiance en mes sens concernant l’existence du monde extérieur, si je ne même plus confiance en mes facultés intellectuelles pour des choses comme 2 + 2 = 4, quand je pousse si la loin la paranoïa méthodique, est-ce qu’il y a même une seule chose dont il soit impossible de douter ?
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