Mon corps m'appartient-il?

Mon corps m'appartient-il ?

        L'utilisation de l'expression « mon corps » pose un problème, en effet en utilisant le déterminant possessif « mon » je suppose déjà que ce corps dont je dispose est le mien. Cela implique donc que mon corps m'appartient, que j'en suis propriétaire, et qu'alors « je » serait mon âme. C'est-à-dire que mon âme, mon esprit possède un corps. C'est alors que je fais une distinction entre âme et corps, à l'image des philosophes traditionnels. De plus dire que mon corps est une chose que je possède reviendrait à le matérialiser, alors je pourrais en disposer comme s'il était un objet, le vendre, le louer, en faire ce que je veux. Cependant, la morale et les mœurs actuelles vont à l'encontre de ce principe, et la loi suit alors ce mouvement. Disposer de son corps comme on l'entend ne serait donc pas un droit, et poserait même des problèmes éthiques et bio-éthiques qui font polémique (l'avortement, l'euthanasie, la prostitution...). Mais alors si j'ai un corps mais que je ne peux pas en user selon ma volonté, mon corps m'appartient-il?

        Dans un premier temps, nous verrons dans quelles mesures mon corps m'appartient, puis dans une seconde partie comment la morale justifie que mon corps n'est pas ma propriété.

        Nous venons au monde avec un corps, celui-ci nous permet d'agir et en même temps de pâtir, nous ne choisissons pas notre corps et on y est attaché jusqu'à la mort. On peut alors distinguer deux entités qui sont : le corps et le moi. Ce dualisme est présent depuis les pensées philosophiques traditionnelles, des philosophes comme Platon partagent cette idée et on même établi une hiérarchie visant à placer l'âme (le moi) en position de supériorité par rapport au corps. En ce sens l'âme dirige le corps elle en est le maître, en effet l'âme à la faculté de contrôler le corps, elle lui donne des ordres. Le corps ce serait donc la partie matérielle qui permet d'affecter les gestes que l'âme ordonne, mais aussi de communiquer les pensées de l'âme. Cette dualité est inconsciemment présente chez la plupart d'entre nous n'ayant pas étudié le sujet, on parle de « son corps » en se l'appropriant.

        S'approprier son corps, en faire sa propriété est une façon de matérialiser le corps. Et comme « je » et propriétaire de son corps il semble alors logique que nous pussions en faire ce qu'on veut. Comme un objet qui nous appartient on peut alors disposer de notre comme on l'entend, on peut modifier notre corps, ce que beaucoup font grâce au sport, à la nutrition ou encore grâce à la chirurgie esthétique. De plus mon corps étant la propriété de mon âme personne n'a de droit sur lui, en témoigne les procédures post mortel et le fait que personne ne peut faire de mon corps ou des ses parties la propriété de quelqu'un d'autre sans mon consentement. Par ailleurs, avec mon accord au préalable j'ai la possibilité de faire le don de parties de mon corps. Si le droit encadre ça de façon à respecter le corps, d'autres conséquences, du fait de disposer de son corps comme d'un objet, ne répondent pas à la morale. En effet, divers problèmes sociaux font leur apparition, comme la prostitution, le fait de vendre une relation sexuelle à autrui. Penser « mon corps », « mon bien », voudrait alors que vendre un « service » emmenant de mon corps soit quelque chose de logique puisque je fais de mon corps ce dont j'ai envie. Même conclusion pour l'euthanasie ou la gestation pour autrui, ce sont pourtant des sujets qui font polémique au sein de notre société actuelle. Car, la morale tient au respect de la dignité humaine, ces problèmes sociaux soulève des problème d'éthique et de bioéthique qui en passant par le corps touche l'âme de la personne, comme si les deux formaient un tout.

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