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La société, la justice et le droit, l'Etat.

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Par   •  18 Mars 2020  •  Synthèse  •  4 993 Mots (20 Pages)  •  554 Vues

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La politique

La société, la justice et le droit, l'Etat.

Cette série de cours a donc pour objet la vie collective des hommes, envisagée non plus du point de vue de la culture mais du point de vue de ses fondements, de ses institutions, de ses (ou de son) appareil structurant, L’État.

Nous commencerons donc par une interrogation générale sur le collectif et le vivre ensemble (la société), nous poursuivrons avec le cours sur l’État dont la conclusion reviendra sur des distinctions importantes consacrées au mot politique et enfin nous terminerons par l Justice et le droit, envisagés tant du point de vue du collectif que de l'individu.

La société

L'étymologie du mot société, qui évoque, une réunion ou une association d'individus ne nous est pas d'une grande utilité philosophique....Un travail sur les notions de la langue paraît immédiatement plus fécond : le mot se distingue d'un côté du mot de communauté de l'autre de celui d'association.

Nous pourrions en effet nous demander si la société -les société humaines – relèvent plutôt de communautés ou plutôt d'associations.

L'idée d'une communauté évoque l'idée d'un ensemble dont l'unité surpasse celle de l'association ou de le simple société : la communauté semble plus cohérente et plus unie précisément parce que ses membres possèdent en commun quelque chose (une croyance, des valeurs, des traditions)...On parle de communautés religieuses, de communautés nationales.. mais il est beaucoup plus rare d'entendre parler de communauté politique (si c'était le cas, ce serait alors pour parler de la communauté des hommes politiques...). Les sociétés humaines relèvent-elles de la communauté? (sisthéme fédéral au usa)

Il paraît difficile de l'affirmer tant les sociétés semblent travaillées par leurs divisions internes : elles sont rien moins qu'unies. La société vue sous l'angle de la communauté, c'est la nation : unité d'une langue, unité d'une histoire, unité d'une religion parfois... (N'oublions pas au passage que certains États peuvent être composés de plusieurs communautés ou entités nationales – Belgique, Espagne, l'ex-Yougoslavie avec, toujours, d'inévitables tensions..)

(On pourrait également s'interroger sur la différence de la nation et de la patrie... Un élément de réponse : la nation est l'endroit où l'on naît tandis que la patrie - terre des pères – fait plus directement référence à un héritage – ce qui se transmet, par le sang.)

La société est-elle une association ? L'idée d'association évoque spontanément l'existence d'un projet, d'une décision concertée et rationnellement poursuivie qui ne correspond pas totalement à l'expérience que nous pouvons avoir de la société. D'abord la société nous apparaît davantage comme un produit de l’histoire que comme un produit de la raison et d'une éventuelle décision d'association... C'est l'histoire qui nous réunit, non un choix – nous sommes d'une société et nous ne l'avons pas choisi. Cette hésitation, entre histoire et raison, nous le verrons, prendra toute son importance dans la réflexion sur les origines de l’État : pourquoi les hommes acceptent-ils de se soumettre aux lois d'un État ? Sont-ils simplement mis devant le fait d'une domination ou obéissent-ils, parce qu'ils l'ont accepté, en échange de la protection de cet État ?

Au final, entre association et communauté, qu'est ce que la société ?

I/ Sociétés animales et sociétés humaines.

A-t-on de bonnes raisons de penser qu'il existe une différence entre sociétés humaines et sociétés animales ?

Texte de Serge Moscovi, extrait de la Société contre-nature (1972)

La foi en une seconde nature, culturelle, surajoutée au substrat intact d'une première nature, biologique, est est des plus tenaces (…) Amalgamés,l'individu, l'animal, l'instinct d'un côté, l'homme ,la raison ou la loi, de l'autre côté, rendent manifeste la cloison étanche qui sépare la fonction biologique de la fonction sociale (...)[Or], la fragilité de ce partage commence à nous apparaître(...) La société existe partout où existe la matière vivante relativement organisée : elle n'a pas commencé avec notre espèce et rien ne laisse supposer qu'elle disparaîtra avec nous. (…) Aussi bas et aussi loin que l'on descende sur l'échelle de l'évolution on n'arrive pas à déceler l'existence d'un individu biologique, totalement non-social(...)

De grands efforts intellectuels ont été dépensés pour trouver les racines de la société, système exclusivement humain, dans la nature : on l'imaginait comme un ordre triomphant du désordre s'entend. Les observations(...) nous informent que l'homme, s'il est arrivé autrement que la majorité des êtres vivants à instaurer un tel système, n'a pas pour autant commis un acte exceptionnel ; il a suivi une tendance commune à tous. La plupart des espèces se donnent une organisation collective afin de régler le volume de la population, la transmission de certains caractères spécifiques, ou de pallier les déséquilibres éventuels avec le milieu favorable à la survie. Cette organisation est un facteur nécessaire et on pas une simple extension extrasomatique, un appendice artificiel surimposé aux mécanismes génétiques(...)Dès l'instant où (la société) n'est pas apparue avec nous, où elle se retrouve sur toute l'échelle des êtres vivants, le lien de succession postulé la justification de la césure qui aurait eu lieu, à notre propos, à une époque déterminée, perdent leur raison d'être, scientifiquement parlant.

Serge Moscovici, La Société contre-nature, 1972.

De ce texte, nous retiendrons d'abord son axe d'argumentation qui est scientifique (le texte parle d  '  « observation, d'évolution, de mécanismes génétiques. .)

Nous retiendrons ensuite sa thèse : la société n'a rien de spécifiquement humain, elle est un fait consubstantiel au vivant

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