La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

La vérité est une valeur qui honore dans nos sociétés. Depuis que nous sommes enfants, notre famille nous répète qu'il faut dire la vérité. Le terme de vérité désigne une connaissance reconnue comme juste, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur absolue, ultime. Elle désigne l'adéquation entre une représentation et son objet. De ce fait, en disant que la fenêtre est verte alors qu'elle est bleue, je ne dis pas la vérité puisque ma pensée et mes propos ne correspondent pas à l'objet, à la réalité. Dire que la vérité est recherchée, cela signifie qu'elle ne s'offre pas à nous d'emblée et que cela demande des efforts. Le terme « désintéressé » désigne une absence d'intérêt personnel, d’intérêt matériel. Il est donc intéressant de se demander si la recherche de la vérité peut être désintéressée. Tout d’abord, nous verrons que la recherche de la vérité permet de répondre à des besoins, qu’elle n’apporte pas toujours d’avantages personnels et répond à une curiosité propre à chacun. Enfin, nous étudierons la place de l’intérêt humain face aux intérêts économiques et matériels dans la recherche de la vérité.

        La recherche de la vérité se fait pour répondre à des besoins. En effet, la vérité et la connaissance nous assure un pouvoir sur les choses
Dans le domaine scientifique, la vérité est souvent entreprise en vue d'intérêt pratique. Dans Le discours de la méthode, Descartes voyait comme but à la science de rendre l'homme « comme maître et possesseur de la nature », afin de préserver la santé de celui-ci.
De nos jours, les recherches sont étroitement liées à des intérêts économiques. Par exemple, une découverte génétique ou médicale peut permettre la conception de nouveaux médicaments ou de nouveaux traitements.

D’autre part, la vérité rassure. Nietzsche rappelle que « Ramener quelque chose d'inconnu à quelque chose de connu, cela soulage, rassure, satisfait, et procure en outre un sentiment de puissance. Avec l'inconnu, c'est le danger, l'inquiétude. ». Ainsi, par-delà le bien et le mal, l'inconnu fait peur. Evoluer dans un monde que nous ne connaissons pas inquiète et trouble l'âme humaine. L’idée de rechercher la vérité, c'est aussi essayer de se rassurer.
De ce fait, rechercher la vérité dans nos rapports avec les autres, c'est chercher à ne pas être trompé ou à ne pas être volé. La société proscrit le mensonge dès lors où il nuit aux autres. En outre, nous recherchons aussi la vérité pour notre propre intérêt.

La recherche de la vérité porte également une forme de gloire personnelle en elle.
En effet, le savant est en quête de gloire par sa recherche mais aussi par sa découverte. Schopenhauer dans les préfaces de ses ouvrages, en s’adressant à la postérité, est sûr que son mérite et son talent vont contribuer à honorer son œuvre.

         Cependant, la recherche de la vérité n’apporte pas toujours d’avantages personnels mais répond à une curiosité naturelle.
Beaucoup de penseurs dans l'histoire se sont consacrés à la recherche de la vérité, sans recherche d'avantages. L'exemple le plus marquant est celui du père de la philosophie : Socrate. Il n'avait pas d'argent, n'essayait pas de se faire payer et tentait de faire prendre conscience aux citoyens d'Athènes que leurs opinions n'étaient pas la vérité. Sa fin tragique (condamnation à mort) montre à quel point la recherche de la vérité, au-delà des opinions et des apparences, était pour lui plus importante que sa propre vie et ses propres intérêts.

La vérité détache du monde sensible. Par exemple, la philosophie de Schopenhauer, prône une recherche de la vérité qui mène le philosophe à se détourner complètement de la vie sociale, sensible, réelle. Celui qui cherche à voir comment les choses sont réellement est un contemplateur qui se détache de son corps jusqu'à en mourir. L'ouvrage de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation, s'achève en effet sur un détachement absolu du contemplateur à la volonté de vie.
Dans un certain sens, Schopenhauer s'inspire de l'épisode de la caverne de Platon, (Livre VII de la République). En effet, celui qui cherche la vérité, en sortant de la caverne, s'expose à la raillerie des autres personnes et ne présente plus de capacités à s'adapter à la vie quotidienne.

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