La révision constitutionnelle
Dissertation : La révision constitutionnelle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar elisacavs • 11 Octobre 2020 • Dissertation • 1 519 Mots (7 Pages) • 2 724 Vues
« Révision constitutionnelle par l’article 11 : peuple souverain ou peuple contraint ? »
« Une idée saine et utile fut établie en 1788 ; c’est la division du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués ». Emmanuel Joseph Sieyès, homme d’Église et politique français. L’Abbé Sieyès affirme ici l’importance de distinguer le pouvoir constituant, à l’origine de la Constitution, et les pouvoirs constitués, dérivant quant à eux de la Constitution et lui étant soumis.
La révision constitutionnelle consiste en la modification de la Constitution d’un État selon la procédure que celle-ci prescrit. En France, sous la Ve République, la révision constitutionnelle est régie par le droit constitutionnel, par l’article 89 de la Constitution. Le pouvoir de révision dérive de la Constitution et il est soumis aux règles procédurales imposées par le pouvoir constituant souverain à l’origine du texte fondamental. Le peuple est souverain, il est donc le pouvoir constituant et il détient le pouvoir de révision. Il s’est imposé des limites en tant que pouvoir constituant qu’il se doit de respecter en tant que pouvoir de révision. Il doit notamment intervenir avec d’autres acteurs, d’où l’obligation de trouver un accord afin d’adopter le projet ou la proposition de loi constitutionnelle. En cela, la procédure de révision est rigide. Par conséquent, plusieurs recours à l’article 11 ont été réalisé dans le but de contourner la procédure. Or, l’article 11 est relatif à un référendum législatif et aucunement à une révision constitutionnelle.
De ce fait, le pouvoir constituant souverain a institué une procédure de révision constitutionnelle rigide, de par l’article 89, afin de protéger la Constitution et de s’assurer de sa pérennité. Le pouvoir de révision est ainsi limité et ne peut contourner cet article. Cependant, cette même rigidité peut avoir pour conséquence de bloquer la révision constitutionnelle. Cela va à l’encontre du peuple souverain et il peut être tentant de contourner la procédure à des fins démocratiques.
Ainsi, la souveraineté du peuple est garantie par une procédure de révision rigide (I). Tout cela afin de protéger sa souveraineté et le Constitution des abus de pouvoir : le peuple intervient avec d’autres acteurs qui doivent s’accorder. Cela peut mener à des désaccords et des blocages, au détriment du peuple souverain. Or, le contournement de cette unique procédure est inconstitutionnelle (II). Même si le contournement de l’article 89 peut s’expliquer par finalité démocratique, violer la Constitution va tout autant à l’encontre de la souveraineté du peuple que de bloquer une révision.
I ) La souveraineté du peuple garantie par une procédure de révision rigide
D’abord, les acteurs intervenants dans la révision constitutionnelle doivent trouver un accord (A). De ce fait, le peuple souverain peut faire face à des blocages dont il est difficile de se défaire (B).
A – Plusieurs acteurs devant trouver un accord
Le peuple est souverain et c’est pour cela qu’il détient le pouvoir de réviser la Constitution. En tant que pouvoir constituant, il s’est lui-même soumis à des règles procédurales. Ces règles ont notamment pour but de garantir sa souveraineté et de protéger la Constitution. Pour cela, la révision consacre une place centrale au peuple et fait intervenir plusieurs acteurs pour éviter les abus de pouvoir. Ces acteurs ont l’obligation constitutionnelle de trouver un accord si ils veulent aboutir à une révision. C’est en cela que la procédure de révision constitutionnelle est rigide.
De ce fait, l’article 89 de la Constitution dispose d’une procédure de révision longue et précise. Il impose la participation de quatre acteurs. L’article 89 dispose que l’initiative peut appartenir au Président de la République ou aux parlementaires. L’adoption quant à elle est soumise à un accord sur le texte entre les chambres parlementaires. Enfin, la ratification est exercée par le Congrès ou le peuple par référendum. Ainsi, directement ou par le biais de ses représentants, le peuple occupe une place centrale. Le pouvoir exécutif peut être à l’initiative d’un projet de loi constitutionnelle. Quant au Sénat et à l’Assemblée Nationale, ceux-ci doivent impérativement trouver un accord pour adopter le texte.
B – Le peuple souverain face aux blocages
Le peuple a certes une place centrale dans la révision de la Constitution, mais il peut faire face à des blocages. En effet, la nécessité d’un accord n’aboutit pas forcément à un résultat fructueux. Il arrive que les institutions intervenantes, après de longs débats, ne s’accordent pas. Le pouvoir de révision de ce fait n’arrive pas à surmonter la procédure de révision rigide. Il suffit qu’une institution pose son véto pour bloquer le projet ou la proposition de loi constitutionnelle. Et en ce sens, cela froisse la souveraineté du peuple, surtout quand il s’agit du véto d’une institution peu légitime et qu’aucun mécanisme juridique ne permet de contourner le blocage.
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