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La liberté chez Nietzsche

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Par   •  26 Mars 2020  •  Dissertation  •  1 325 Mots (6 Pages)  •  2 486 Vues

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Dissertation Nietzsche

« Car, qu’est-ce que la liberté ? C’est avoir la volonté de répondre de soi. C’est maintenir les distances qui nous séparent. C’est être indifférent aux chagrins, aux duretés, aux privations, à la vie même. C’est être prêt à sacrifier les hommes à sa cause, sans faire exception de soi-même. » Nietzche, Le Crépuscule des idoles, « Flâneries inactuelles », n°38

Aborder la liberté à travers une flânerie, cela semble plutôt provocateur mais cela semble être plutôt fidèle à Nietzsche aussi. En réalité, le philosophe allemand annonce qu’il va seulement maintenant traiter de la liberté au début de la 38ème « flânerie », or il l’a déjà abordée bon nombre de fois par le biais d’autres concepts. Ou alors est-ce plutôt ces concepts qui permettent une définition de la liberté nietzschéenne ? Voici comment Nietzsche définit la liberté : « Car, qu’est-ce que la liberté ? C’est avoir la volonté de répondre de soi. C’est maintenir les distances qui nous séparent. C’est être indifférent aux chagrins, aux duretés, aux privations, à la vie même. C’est être prêt à sacrifier les hommes à sa cause, sans faire exception de soi-même. » Il construit sa définition sur des affirmations au semblant de limpidité et de nouveauté dans sa philosophie mais implicitement elles ravivent des concepts et des idées qu’il a déjà formulées tout au long du Crépuscule. En effet, toutes ces conditions à la liberté semblent servir le même but que celui poursuivi jusqu’à maintenant, sauver la société occidentale de la maladie qui la ronge de l’intérieur et affirmer notre volonté de puissance, notre de volonté de vivre, que Nietzche voit comme la caractéristique ontologique de l’homme et de tout vivant. Dans un premier temps nous tâcherons de voir quelles idées se cachent derrière cette définition puis dans un second temps nous verrons en quoi la liberté doit être perçue ainsi et en quoi est-elle la meilleure pour l’homme.

Premièrement, avec l’idée de « volonté de répondre de soi » nous embrassons l’une des idées les plus fortes du Crépuscule, id est, le renversement des valeurs. Concept fondamentale dans cette philosophie brutale, le renversement des valeurs a pour but de revoir et de renverser les valeurs occidentales, construites sur le platonisme et relayé par le christianisme. Elles doivent être renversées car, elles sont néfastes pour l’affirmation de puissance de l’homme. En effet, par des valeurs (et une morale) basées sur le ressentiment, il n’y a que la faiblesse qui peut en ressortir. Voyant les hommes faibles et névrosés à cause de ces barrières et de la responsabilité, de la culpabilité, instaurées par ces valeurs judéo-chrétiennes et la mort du christ sur la croix pour nos péchés, Nietzsche préconise de les renverser et de (par soi) redéfinir des valeurs en adéquation avec sa propre morale. Cette liberté, rendue explicite lors de la décortication du renversement des valeurs, par ce choix des valeurs, à travers leur renversement, montre que Nietzsche avait déjà partiellement défini la liberté et qu’il ne fait, ici, que concentrer ses caractéristiques. Penchons-nous alors sur sa deuxième caractéristique qui est ici formulée par : « maintenir les distances qui nous séparent ». Je pense que Nietzsche fait référence à la pluralité des perceptions que l’on connaît sous son fameux aphorisme : « Il n'y a pas de faits, rien que des interprétations. » dans cette phrase, il y a un refus de la volonté d’affirmer des vérités universelles (cette volonté qui n’a de sens que dans un idéal métaphysique), un refus de l’objectivisme, que l’on pourrait appeler perspectivisme. Si l’être est volonté de puissance et que cette volonté s’affirme, notamment, par des valeurs subjectives, pour pouvoir affirmer cette volonté il faut admettre qu’il y a autant de vérités que de points de vue sur la réalité. Ce perspectivisme renvoie à une liberté fondamentale que chacun donne à l’autre pour que nous puissions nous défaire des valeurs qui nous rendent malades. Après cela, il convoque, par la notion « d’indifférence », une qualité essentielle du surhomme qui est l’acceptation. Même si l’on sent une sorte de passivité, il n’en est rien de tel ; cette indifférence pour le tragique est plus une acceptation de la vie qu’un quelconque élan de passivité. Le surhomme est celui qui accepte la vie telle qu’elle est. Cette acceptation se voit validée par l’affirmation la plus puissante de la vie, et cela par l’Éternel retour. Le terme d’« indifférence » a été choisi à mon avis pour ne pas rendre ambigüe la valeur de l’acceptation qui lors d’une mauvaise lecture aurait pu être perçu comme une contrainte. Cependant, le surhomme (à qui cette définition de la liberté est forcément adressée) est, comme nous venons de le dire par cette affirmation de la vie, en adéquation complète avec ce que la vie a à lui donner et ne pourrait donc jamais voir l’acceptation comme une contrainte mais plutôt comme une force qui le libère des autres hommes. Finalement il énonce que l’homme libre devra « être prêt à sacrifier les hommes à sa cause, sans faire exception de soi-même » la notion de « sacrifice » est, à mon avis, le point central de cette dernière facette. L’esprit belliciste et guerrier que Nietzche affectionne particulièrement se fait très bien sentir dans cette notion ; comme il le dit : « l’homme libre est un guerrier »[1] cette idée s’explique par la façon dont il pense qu’il faut mesurer la liberté, selon lui elle se mesure « [à] la résistance qu’il faut surmonter à la peine que cela coûte de garder la suprématie »[2]. Le guerrier est une image, il symbolise l’idée sous-jacente que Nietzsche essaie de faire ressortir par ce sacrifice, qui est que la liberté se veut et s’acquiert[3]. Ce sacrifice n’est qu’une résultante de toutes les caractéristiques, tantôt alléguées, qu’il faut respecter pour se voir libre comme l’est le surhomme.

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