La démocratie est -elle critiquable?
Dissertation : La démocratie est -elle critiquable?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emma Léonard • 21 Novembre 2021 • Dissertation • 1 769 Mots (8 Pages) • 547 Vues
Peut-on critiquer la démocratie ?
Les Etats, après avoir longtemps opté pour des systèmes monarchiques, impérialistes ou dictatoriaux, se sont finalement tournés vers la démocratie qui s’est progressivement installée dans le monde contemporain avant d’être très largement propagée après la 2nd Guerre Mondiale. La démocratie existe et s’exerce sous différentes formes, on retrouve des régimes parlementaires, présidentiels, semi-présidentiel, d’Assemblée, ou encore des démocraties semi-directe ou participative. Elle est aussi dans son ensemble présenté comme le meilleur régime politique établit possible puisque qu’il donne droits et parole à tous.
Seulement lorsqu’on analyse certains phénomènes sociaux récents, comme le mouvement des « gilets jaunes » créé en novembre 2019 en France, le système démocratique semble connaître des limites. En effet le terme démocratie provient du grec ancien « demos » et « kratos » et est ainsi étymologiquement le pouvoir au peuple. Par là le gouvernement est censé servir et représenté le peuple. Cependant le gouvernement et ses citoyens semblent parfois, même souvent en désaccord ce qui relève un paradoxe, la démocratie est-elle critiquable ? Puisqu’elle donne le pouvoir souverain au peuple n’est-elle pas le régime idéal ou du moins le plus désirable ? Dès lors on n’aurait pas à la critiquer. Mais puisque la démocratie est aussi la liberté d’opinion ne convient-il pas de dire qu’il est démocratique de critiquer la démocratie ? Nous verrons d’abord le fond de ce qu’est la démocratie et ses apports puis la forme qu’elle prend en réalité et enfin nous aborderons des moyens existant pour se rapprocher de cet idéal.
Si la démocratie n’est le régime politique majoritaire du monde que très récemment, elle naît durant l’Antiquité par sa mise en place progressive dans la cité d’Athènes. Elle avait cependant des divergences notables avec le concept actuel puisque seuls les citoyens libres pouvaient y participer, et l’esclavage perdurait. Ainsi certains estime comme le philosophe Jacques Rancière que « la démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété ».
La démocratie peut être perçu comme le meilleur des régimes. Par exemple, Spinoza la présente, dans son Traité politique, comme la forme absolue de la politique dans la mesure où elle tire sa légitimité directement du peuple. Il croit en la démocratie dans sa conception libérale et individualiste et dans cette perspective, la sécurité et la liberté nécessaire à l’homme pour s’épanouir et atteindre ses objectifs est assuré. Ainsi la démocratie pour Spinoza garantit à l’homme ses droits irrévocables, alors que les autres régimes comme ceux fondé sur la religion utilisent la crainte et la manipulation pour asservir le peuple et servir des intérêts égoïstes.
Aussi la démocratie en étant le pouvoir de tous et de n’importe qui, est le régime politique ayant le plus de chance d’aboutir sur de bonnes choses puisqu’il est improbable que la majorité des hommes votent pour l’absurdité.
Par ailleurs, Rousseau dans son discours de l’origine de l’inégalité voit en dans la démocratie un régime perfectible et l’unique solution viable pour l’homme. Pour lui, la démocratie en faisant du peuple le souverain permettrait la protection de chacun de la violence d’autrui tout en garantissant la liberté. Ainsi ici n’est visé que le bien-commun et non plus l’intérêt personnel, par la volonté générale tout problème est alors résoluble. Enfin dans le principe, le peuple définirait les règles de la société, assurant à chacun droits et libertés dans le respect d’autrui et pour Rousseau c’est dans l’obéissance à la loi que l’on s’est soi-même prescrit que réside la véritable liberté puisque qu’elle évite la dépendance à un autre homme. Ainsi le pouvoir politique ne serait légitime que sous l’exercice d’une démocratie puisqu’elle s’appuie sur le consentement de tous les hommes.
Pourtant la démocratie supposée séparer les pouvoirs pour assurer la sécurité de chacun et garantirent les libertés n’a pas empêché l’instauration de régimes totalitaires comme cela a été le cas avec Hitler, dès lors qu’elles sont les limites de la démocratie ? Dans quelles mesures assure-t-elle le pouvoir au peuple ? Et donner le pouvoir au peuple est-il réellement judicieux ?
Dans l’étude des démocraties du monde on peut déceler des incohérences et dans certains cas, moins rare qu’il n’y paraît, les régimes n’ont de démocratique que le nom puisque les libertés supposées sont en fait orientées et/ou manipulées.
Prenons le cas de la France, si un régime démocratique est installé depuis la 2nd Guerre Mondiale, on voit aujourd’hui une réelle fracture entre le pouvoir politique et son peuple. On peut voir comme les prémices de cette rupture les mandats présidentiels de Jacques Chirac qui mènera une politique qui suscitera l’indignation populaire à plusieurs reprises. En effet il proposera notamment en 2005 un référendum sur le projet de constitution européenne où les Français répondront en majorité non. Le président, alors censé être le représentant des Français, de leurs intérêts et surtout de leurs opinions ignorera leur réponse et poursuivra sa politique européenne qui aboutira deux ans plus tard sur le traité de Lisbonne. Dès lors il semble que l’avis de la population n’est pas toujours respecté et cet évènement en France marque le début d’une profonde défiance du peuple envers ses dirigeants. Cette non-concertation fragilise drastiquement le principe démocratique et créé des inégalités entre les hommes, entre les « élites » et le peuple. Une opposition et un manque de représentation du peuple que reconnaîtra et déplorera Marx.
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