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La beauté n'est-elle que sensible?

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Par   •  26 Mai 2022  •  Dissertation  •  4 410 Mots (18 Pages)  •  344 Vues

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Dissertation : La beauté n’est-elle que sensibile ?

        Dans son ouvrage Les rêveries du promeneur solitaire, Rousseau décrit le beau : lors d’un voyage, il se trouve isolé, au bord de la mer, qui lui semble immense, d’un côté calmant ses anxiétés, de l’autre semblant être miroir de ses sentiments.

Ainsi, on conçoit la beauté comme valeur esthétique ; régie par la sensibilité de la personne, c’est à dire sa propriété à être excité par le milieu extérieur et à éprouver des sentiments et états affectifs.

Cependant, sa définition semble être plus compliquée, même paradoxale.

   La beauté se réduit-elle à la sensibilité ?

D’un côté, il est évident qu’elle en est dépendante. La beauté est avant tout une question de goût, la dimension individuelle du jugement du beau, de son attrait est ainsi à prendre en compte ; voire indispensable car naturelle chez l’homme.

Cependant, le beau ne peut simplement dépendre d’une sensibilité idiosyncrasique. En effet, plusieurs aspects se dessinent : premièrement, le beau est également dépendant de règles, imposées par l’Homme ou encore la nature ; ce qui emmène à penser le beau comme valeur universelle                                     De plus, la sensibilité face au beau ne semble pas toujours être fondée sur un désir de l’objet ; elle est donc alors à séparer de la sensibilité présentée dans le sujet.

        La beauté est, d’un premier point de vue, régie par des règles autres que la sensibilité. On peut ainsi se poser la question du « jugement du beau ». En effet, le jugement est tout d’abord une question personnelle. Chaque personne jugera chaque objet du beau différemment. D’ailleurs, quelque chose de beau pour quelqu’un peut être jugé comme laid par une autre ; on peut penser aux œuvres de Picasso, étant toujours aujourd’hui sujettes à de nombreux débats. Artiste pionner du mouvement abstrait, il est considéré par certains comme un génie, pour d’autres il a le talent d’un « enfant de trois ans ». Se pose dans ce cas une question de « sensibilité » plus ou moins développée : certaines personnes sont plus ou moins réactives à la beauté de l’art, de la nature, même des personnes. On peut cependant se demander : cette sensibilité -en réalité la raison- plus développée ne serait pas une question d’ouverture d’esprit ? Certaines personnes refusent, de leur plein gré ou influencées par des normes ou pensées communes, de trouver tel objet, telle œuvre belle. On peut ainsi revenir à l’art abstrait : de nombreuses personnes, pour diverses raisons refusent de considérer ce mouvement. Ceci est illustré dans la pièce de théâtre Art de Yasmina Reza où Marc, conservatiste et amateur d’art figuratif, provoque un conflit avec l’un de ses meilleurs amis, Serge, qui a acheté un tableau semblant « blanc » à un prix exorbitant. A travers la pièce, les multiples acteurs ont essayé de faire changer l’avis catégorique de Marc, en vain. Par orgueil sûrement, ce dernier refuse de considérer les goûts différents de son ami, jusqu’à faire éclater cette amitié pourtant si longue, à cause de ses propres préférences qu’il ne veut remettre en question. En revanche, l’ami commun de Marc et Serge, Yvan, lui, n’a pas de problème à prendre en compte les deux parties opposées, et à accepter les choix différents en termes d’art de ses amis comme beaux. Cependant, la raison pour laquelle Yvan conçoit ces différents goûts est qu’il n’est pas enfermé dans un quelconque dogme. Autrement que ses amis, ce dernier n’est pas un « amateur d’art » à proprement parler. Sa position neutre lui permet de s’ouvrir à différents horizons. Ainsi, ce que nous montre cet exemple est qu’un certain engagement envers un groupe, ou plus largement les normes globales internalisées peuvent affecter le jugement individuel pour y créer une pensée généralisée. Ainsi, on ne peut considérer la sensibilité comme seule intervenante au jugement du beau. On comprend, par conséquent, dans l’emploi du mot « jugement », une implication d’un ensemble de règles -imposées par l’Homme- qui influencent, qui sont la fondation de tout jugement. L’entendement joue alors une grande part dans la perception même de la beauté.

        Par ailleurs, le jugement qu’une personne aura sur un objet dépend d’évènements vécus passés, qui constituent des expériences. Toute conception de la beauté dépend alors du principe de causalité. Différents évènements vécus mèneraient alors à une compréhension du beau, différente, forcément, par la pluralité d’expériences traversées par chaque personnes. En fonction des évènements traversés, des choix faits découlera donc pour chaque individu ses propres préférences. Cependant, existerait-il des personnes ayant une conception plus proche du beau « réel » par une expérience plus approfondie ? Ou, au contraire, est ce que le concept du beau existe ? Peut-on actuellement parler d’un idéal du beau, par la multiplicité des différentes expériences sensibles du monde ? Nous pouvons considérer d’un certain aspect les humains étant plus ou moins loin de la perception du beau « idéal » ; mais, autrement, chaque personne ne confectionnerait-elle pas sa propre vision du beau ? En effet, bien que, comme vu dans la première partie, le jugement du beau soit dépendant d’autres facteurs et soit influencé par de nombreux acteurs, chaque vision devient unique par le spectre de sa sensibilité. En effet, si cette dernière se résume à l’effet d’un objet sur le sujet, alors elle dépend simplement d’un mécanisme des sens -donc du cerveau- sur la personne. Cependant, la perception de la beauté dépend de l’entièreté des expériences vécues qui peuvent influencer nos sens. Elle ne dépend pas seulement des normes, mais de la vie entière de l’individu qui se trouve devant un objet. La beauté est alors à la fois un apprentissage et un automatisme. Par exemple, une personne ayant vécu un traumatisme lié à la mer ne pourra trouver cette dernière belle, car elle lui évoquera, par automatisme, la peur ressentie plus tôt dans sa vie. Bien qu’elle soit entourée de personnes lui louant la beauté de cette dernière, elle ne pourra pas la concevoir pleinement comme belle si elle ne surmonte pas ses peurs. On perçoit donc un équilibre qui se forme : si la beauté est conduite par la sensibilité, elle est aussi accessoire de la vision et règles sociétales de la beauté.

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