Faut-il rechercher le bonheur pour être heureux ?
Dissertation : Faut-il rechercher le bonheur pour être heureux ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alcibiad • 14 Janvier 2021 • Dissertation • 1 884 Mots (8 Pages) • 2 065 Vues
Faut-il rechercher le bonheur pour être heureux ?
Problématisation de la question
Si nous considérons que pour trouver quelque chose que nous désirons il faut le chercher parce qu’il ne suffit pas d’attendre pour qu’advienne ce que nous désirons, alors nous répondons oui à cette question. Mais cela pose deux questions. 1°) De quoi ce bonheur est-il fait ? Si nous devons le chercher, nous devons savoir de quoi il est constitué. Comment savoir par avance que telle ou telle chose nous rendra heureux, tant que nous n’en avons pas fait l’expérience ? 2°) Supposons que ce soit le cas, que nous sachions ce qui nous rendra heureux, qu’adviendra-t-il lorsque nous l’aurons obtenu ? Cesserons-nous de désirer quoi que ce soit ? Si nous n’avons plus rien à désirer quel sens donnerons nous à notre existence ?
Ces questions nous conduisent alors à répondre négativement à la question : il vaudrait mieux ne pas le chercher et apprécier les choses comme elles arrivent, sans faire du bonheur un projet (la notion de projet est très à la mode : vous pouvez en profiter pour interroger cette notion tellement fourre tout). Cependant, nous considérons aussi que pour être heureux nous devons éviter les douleurs, les souffrances, les soucis, les inquiétudes… Bref le bonheur ne se limite pas uniquement à la somme des plaisirs obtenus mais intègre aussi la somme des déplaisirs évités. Or pour les éviter ne faut-il pas chercher à les éviter ? Ne faut-il pas avoir présent à l’esprit ce qu’il faut faire pour éviter souffrances, soucis et troubles de toutes sortes ?
Tout cela est bien embarrassant, à le chercher nous risquons la désillusion, l’ennui et à ne pas le chercher nous risquons d’être confrontés à ce que nous redoutons ou craignons. Mais à bien y regarder, peut-être que la question ne se pose pas en ces termes. En effet, si vous interrogez les hommes concernant ce qu’ils cherchent, ils vous répondront qu’ils souhaitent obtenir ce qu’ils désirent, c'est-à-dire la chose désirée. Telle personne met de l’argent de coté pour s’acheter une maison par exemple ; la chose désirée est alors la maison. Telle autre fait un régime alimentaire pour réduire son diabète ; la chose désirée est la réduction du diabète. Personne ne vous dit spontanément qu’il cherche à être heureux. Nous induisons que les hommes désirent être heureux des différents désirs particuliers qu’ils poursuivent consciemment. Et quand nous disons que tous les hommes désirent être heureux, d’une part nous imputons cela aux motivations profondes qui animent leurs actions et d’autre part, le déduisons par la négation de son contraire : personne n’a le désire d’être malheureux. Que peut donc bien signifier chercher le bonheur ? Faut-il le chercher pour être heureux, pour le trouver ?
Première partie : le bonheur n’est-il qu’absence de troubles ?
Deuxième partie : Si non qu’est-il ? Peut-on le chercher comme une simple chose ?
Troisième partie : s’il n’est pas une chose, que chercher ? Suffirait-il de satisfaire tous nos désirs ? Si non, lesquels est-il sage de poursuivre pour nous garantir une vie heureuse.
Première remarque : on définit souvent le bonheur comme un état durable, stable et de plénitude. C’est une erreur de comprendre cette définition comme un continuum de bien être sans aucun trouble. Un petit souci, une petite douleur, etc. n’entament pas nécessairement notre bonheur. Et si nous prenions cette définition à la lettre elle serait sans contenu : aucune vie ne se passe sans « soucis ». De plus il est parfaitement évident que nous devons consentir certains efforts pour parvenir à nos fins et que ces efforts, pour aussi pénibles qu’ils soient, ne ruinent pas notre bonheur… surtout quand ils en sont la condition. La plénitude qu’il faut entendre n’est pas à confondre avec le calme plat, mais à comprendre comme le fait que même certains efforts, mêmes certains troubles sont des concessions à faire pour notre bonheur, c'est-à-dire qu’ils seront supportés comme satisfaisant notre intérêt en général. Néanmoins, cette remarque logique qui repose sur l’analyse d’un principe, ne nous dit pas concrètement en quoi consiste le bonheur. Que faut-il sacrifier et en vue de quoi. Du bonheur répondra-t-on… mais quoi au juste ?
Illustrons le propos de Kant à propos du bonheur, « nul ne peut dire avec précision et en restant cohérent avec lui-même ce que vraiment il souhaite et veut ». Si j’ai perdu la clé de ma maison, j’ai bien plus de chances de la retrouver en la cherchant qu’en ne la cherchant pas. Les choses sont claires, je connais cette clé et saurai la reconnaitre quand je « tomberai » dessus. On peut dire avec précision que je sais ce que je veux. Je veux rentrer chez moi et pour cela j’ai besoin de cette clé dont je sais qu’elle ouvrira ma porte. Rien ne prouve que je la trouverai, mais ma recherche est parfaitement définie. Or pour savoir ce qui nous rendra heureux il faut en faire l’expérience. Nous ne pouvons donc savoir, a priori, ce qui nous rendra heureux tant qu’on n’aura pas essayé ce que nous croyons susceptible de le faire. C’est logique : tant que je cherche c’est que je n’en ai pas fait l’expérience et si j’en avais fait l’expérience je n’aurais pas à le chercher. Il nous reste peut-être comme solution de tirer des enseignements de l’expérience des autres. Or, par essence, l’expérience du plaisir, du bonheur, ou du bien être est singulière… et parfaitement subjective. Le bonheur n’est pas un objet qui se trouverait quelque part et dont certains pourraient m’indiquer la direction ; il est dans l’expérience elle-même, qui aussi longtemps qu’elle ne s’est pas produite n’existe pas, même virtuellement : elle ne peut qu’être imaginée. Je vois le bonheur d’un père ou d’une mère avec ses enfants, je peux croire légitimement que je serai heureux en ayant moi aussi des enfants. Or ce qui fait leur bonheur n’est pas nécessairement ce qui fera le mien car nous ne sommes pas identiques et mes enfants ne seront pas les leurs… Et quand bien même, leurs enfants pourraient-ils faire mon bonheur ? Dans une telle perspective comment définir ce que nous cherchons si nous ne pouvons, contrairement à la clé, savoir d’avance si cela conviendra et satisfera nos attentes. La question n’est pas tout à fait de savoir s’il faut chercher le bonheur, mais plutôt que chercher pour être heureux ?
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