Faut-il aimer pour être heureux ?

Faut-il aimer pour être heureux ?

Il s’agit là d’une question soulevée par presque tout philosophe, que ce soit directement ou au travers de réflexions plus générales sur le sens de la vie ou de l’existence du bonheur.

Le bonheur semble être un sujet essentiel pour l’homme alors l’amour en est-il un facteur, un moyen ou même une condition essentielle ?

En latin, la définition de l’« amor » est : affection, vif désir, et bien qu’Arthur Schopenhauer au 19è siècle affirme que finalement l’homme n’est qu’un animal capable de réflexion et que l’amour est un piège qui lui est tendu pour perpétuer l’espèce, tous ou presque s’accordent à dire que les sentiments sont propres à l’homme, et que l’amour va au-delà du simple désir animal.

Spinoza au 17è siècle affirme que « l’amour n’est autre chose qu’une joie accompagnée d’une cause extérieure » et Platon qui a déjà mené de nombreuses réflexions sur les sentiments aux 5è et 4è siècles avant J.C. définit l’amour comme “Toute aspiration en général vers les choses bonnes et vers le bonheur, voilà l’Amour”.

Nous allons donc voir dans un premier temps quelles théories prônent le bonheur sans la nécessité de ce sentiment, voire même qui estiment que l’amour serait un frein au bonheur de l’homme, dans un second temps nous apporterons une nuance à cette théorie radicale par les réflexions de Descartes, et pour finir nous verrons quels sont les arguments en faveur de l’amour comme ingrédient essentiel au bonheur.

En effet, les sentiments et en particulier l’amour restent encore des propriétés humaines difficiles à expliquer, et par la même, difficiles à contrôler.

Si Sénèque (1er siècle) affirme que « celui qui tire son bonheur de ce qui vient du dehors s'appuie sur des bases fragiles », c’est bien parce que lorsque nous aimons, les choses deviennent plus imprévisibles, plus incertaines car rien n’est plus dépendant de paramètres et personnes extérieurs que l’amour. Alors est-ce là un bon moyen de parvenir au bonheur ? En effet, si le bonheur était un sentiment d’accomplissement parfait et durable d’un projet, d’un rêve alors l’incertitude, la dépendance d’autrui, l’inquiétude et la souffrance ne peuvent en faire partie. Hélas personne ne peut nier que l’amour est tout cela aussi.

Selon Sartre (20è siècle) en effet, l’amour engendre l’inquiétude car il peut toujours être retiré. Il ne dépend pas entièrement de moi et je risque ainsi de perdre une certaine liberté ainsi que ma sérénité. En amour nous mettons délibérément notre bonheur dans les mains d’autrui ou au dépend de l’objet aimé. Ceci retire bien entendu toute garantie de parvenir au bonheur.

N’est-il donc pas effectivement plus raisonnable d’envisager le bonheur sans amour, afin d’en garder toute la maitrise ?

Schopenhauer (19è siècle) estimera en effet que le bonheur ne peut être défini que comme une absence de souffrance. L’amour étant souvent fait de frustrations et de souffrances, il ne pourrait donc pas faire partie des ingrédients du bonheur et devrait donc au contraire en être totalement exclu.

De même, Michel Houellebecq (contemporain) affirme « Si je laissais la passion pénétrer dans mon corps, la douleur viendrait rapidement à sa suite » et Albert Einstein (20è siècle) « si vous voulez vivre une vie heureuse attachez la à un but et non pas à des personnes ou des choses »

Ceci suppose donc que l’amour mène de façon certaine, tôt ou tard, à la souffrance et sera une obstruction au bonheur.

Mais l’amour quel qu’il soit mettrait-il donc de façon certaine le bonheur humain en danger ?

René Descartes (17è siècle) dans son « Traité de la Passion » mènera une réflexion très détaillée de ce que représente l’amour pour l’homme et de son importance. Selon lui l'amour est « une émotion de l'âme causée par le mouvement de l’esprit, qui l'incite à se joindre de volonté aux objets qui lui paraissent lui être convenables »

Cependant il

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