Faire règner la justice est-ce seulement appliquer le droit ?
Dissertation : Faire règner la justice est-ce seulement appliquer le droit ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar willdsrt • 8 Octobre 2017 • Dissertation • 2 476 Mots (10 Pages) • 2 018 Vues
Introduction.
Nombreux sont les philosophes qui attribuent à la justice la simple application du droit. En effet, la justice comme le droit a initialement été conçu comme principe d'ordre, c'est ensuite qu'elle en est venue historiquement à signifier l'égalité absolue des personnes. Les règles écrites visent elles aussi à ce que les individus soient égaux, au moins virtuellement, devant la Loi.
C'est pourquoi la Justice, depuis toujours, est en étroite corrélation avec le droit. Mais qu'est vraiment la justice ? N'est-elle qu'une stricte application du droit ? Peut-elle s'en passer totalement, s'appuyant sur des conceptions plus morale ou religieuse de la justice ? Ou ses bases doivent-elle reposer sur le droit tout en le dépassant afin d'aboutir à une justice plus noble.
Faire régner la justice revient, en effet à faire appliquer le droit.
La définition même de la Justice est le strict respect des droits en général. Etymologiquement 'Jus' signifie 'droit' ; le juste légale est ce qui est conforme au droit en tant qu'il est défini par la loi. La justice est donc impartiale et la même pour tous. Pascal affirmait que « La justice est ce qui est établi ; et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées, puisqu'elles sont établies. » Ainsi la justice semble n'être que la stricte application du droit puisque sans lui elle n'existerait pas. Il existe deux types de justice, la justice positive qui est conforme au droit positive, et la justice naturelle qui se rapporte au droit naturel. La première est faite de règles changeante selon les lieux géographiques, les époques, l'histoire du pays, des peuples... La deuxième répond à un sentiment, le sentiment de justice, qui est inné chez tous. Il y aurait un juste et un injuste, plus ou moins clairement défini par la Nature, qui nous serait donné dès la naissance. Ces règles, quant à elles, sont éternelles et nécessaires en tout temps. Dans les deux cas, la justice est une application de droits, qu'ils soient positifs ou naturels.
S'il est vrai qu'il existe une justice naturelle, elle n'apparaît pourtant pas dans l'état de nature. En effet, force est de constater qu'il n'y a pas de justice dans cet état de nature. La Justice vise à rendre à chacun ce qui lui revient de droit, or à l'état de nature le principe même de propriété n'existe pas, tout est à tous, tout n'est à aucun. La Justice s'est donc créée dans la civilisation faite de règles, de lois,... La Justice revient donc à une représentation de l'autorité étatique. Elle ne peut exister dans un environnement sans aucunes règles, sans aucun droit.
Et l'homme n'est pas naturellement juste, il a besoin de cette institution de la justice qui prévoit des sanctions afin de se régler et d'agir en bon citoyen. On remarque que nul n'est juste par choix, mais bien par contrainte comme le montre l'histoire du berger Gygès qui, connu pour ses grandes qualités et son impunité, découvre un jour un anneau donnant le pouvoir d'être invisible ; il se met alors à commettre les pires forfaits. S'il agit ainsi c'est qu'une fois invisible, il ne peut être pris en faute. Mais comme le tout venant ne peut se rendre invisible à volonté, les lois sont là pour veiller à ce qu'il ne tombe pas dans le même état d'esprit que Gygès.
De plus, si la justice n'était pas la simple application du droit serait une justice subjective et s'apparenterait à une recherche d'intérêts personnels. Serait alors juste ce qui va dans mon sens, ce qui arrange mes affaires. Un patron exploiterait ses employés et volerait ses clients afin de faire plus de profits, si ces actions sont justes pour lui, elles ne le sont ni pour les employés ni pour les clients. Ce qui va dans mon intérêt va contre celui d'un autre. Il faut donc que ces actions soient réglées par les droits et les devoirs écrits dans la loi et que tout manquement à la Loi soit sanctionné. Aristote définira ainsi l'homme juste : « Qu'est-ce qu'un juste, c'est quelqu'un qui met sa force au service du droit et des droits, et qui décrète en lui l'égalité de tout homme avec tout autre, malgré les inégalités de fait ou de talents. »
Ne pas avoir recours au droit afin de s'indemniser de ce que l'on pense être une injustice ne serait plus faire régner la justice, ce serait se faire justice à soi-même, ce qui n'est plus de l'ordre de la justice mais de la vengeance. Il faut alors y renoncer et laisser l'état de droit s'en occuper à notre place afin d'être considéré comme un 'homme juste'. La justice légale tente de contenir la passion vengeresse, d'en limiter les effets ravageur et infinis tant que possibles, notamment grâce à ses lois écrites strictes, et la prise en charge des conflits par un juge impartial et neutre qui n'est que l'écho de la Loi.
La justice a en effet besoin du droit positif en plus du droit naturel initialement contenu en chaque homme, car l'on pense ne pas en avoir besoin, cela signifierait qu'on attribue à chaque conscience individuelle les éléments nécessaires pour faire la justice autour de lui, se faire justice à lui-même, or cela contredit l'institution même de la justice dans laquelle l'on ne peut être juge et parti, et qui nécessite l'intervention d'un médiateur externe au conflit, neutre et impartial.
La conscience morale n'intervient pas dans ce système, si la Loi affirme une chose comme juste, peut importe ce que l'individualité dit et pense, si la Loi pose cette chose comme juste, elle est forcément juste. Ainsi, si l'on suit parfaitement les Lois de notre état, quand bien même elles contrediraient celles de l'état voisin, on est sûr d'être juste. C'est ce qu'affirmait Hobbes : « Là où aucune convention n'a été antérieurement passée, il n'y a pas de droit qui a été transféré, et chacun a un droit sur toutes choses; et, par conséquent, aucune action ne peut être injuste. En revanche, quand une convention est passée, la rompre est alors injuste.» Pour lui, agir en contradiction avec une loi est un acte d'injustice, qu'importe que la loi nous paraisse injuste ou erronée.
Cependant faire régner la justice n'est pas simplement faire appliquer le droit, elle peut s'en passer dans une certaine mesure.
Si
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