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Explication de Texte : Berson, Le Rire

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Par   •  12 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 334 Mots (6 Pages)  •  2 978 Vues

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Expliquer le texte suivant :

Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s’est encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal, s’insinue entre elle et nous […]. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu. Quand nous éprouvons de l’amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d’absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous musiciens. Mais, le plus souvent, nous n’apercevons de notre état d’âme que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu’il est à peu près le même dans les mêmes conditions, pour tous les hommes. Ainsi, jusque dans notre propre individu, l’individualité nous échappe. Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où notre force se mesure utilement avec d’autres forces ; et, fascinés par l’action, attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu’elle s’est choisi, nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.

Bergson, Le Rire

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          Dans cet extrait de l’œuvre Le Rire, Bergson dénonce les problèmes liés à l’utilisation du langage. En effet selon lui, les mots agiraient comme une barrière empêchant la transmission des sensations et des intuitions. Cette barrière entre la pensée et les sens aurait notamment pour effet de biaiser notre vision du monde. Bergson remet ici en question la valeur des mots et questionne la raison qui nous pousse à constater l’impersonnalité du langage. Mais, n’y a-t-il pas, dans notre langage des moments où l’homme exprime son côté personnel, notamment avec la poésie lyrique où les sentiments priment ? Par exemple, ne pouvons-nous pas trouver dans les poèmes d’amour une certaine sensibilité unique et parfaitement exprimée. Cependant, si les artistes semblent échapper à cette règle, ne serions-nous pas, dans notre vie de tous les jours, condamnés à l’impersonnel. En montrant les problèmes liés au langage, pouvons alors parvenir à les surmonter ?

          Dans un premier temps, Bergson compare les mots à des étiquette qui ne renvoie qu’à des genres. Cette idée d’étiquette illustre le fait de posé une image sur le réel en utilisant des mots. Le langage ne nous permettrait que de mettre des intuitions dans des catégories de sensations qui perdraient justement toutes les émotions qu’elles véhiculent initialement. Et en effet on peut parfois ressentir ce problème de transmission lorsque l’on fait par exemple référence à un lieu qui nous a marqué : dire que l’on a apprécié partir en voyage au Maroc semble faire abstraction de la sensation même que l’on a eu sur place : la température, l’ambiance, les odeurs et la météo. Autant de facteurs qui ne sont finalement que des ressentis subjectifs et intérieurs propres à chaque individu. Bergson indique cependant que cette pratique, bien qu’excluant nos sensations, serait due à un besoin vital et, en effet, l’absence de dialogues rendrait la vie en société très complexe. Le langage servirait donc selon lui à combler un besoin utile. Et il est vrai que les mots pourraient s’apparenter à un filtre entre nos sensations et notre pensée puisqu’il ne témoignent que de la fonction première d’une chose et ne nous permettent pas de percevoir les états d’âmes que nous provoque tel ou tel chose. Cependant, sans langage, la vie semblerait compliquée, comme nous pouvons le voir avec le film Miracle en Alabama où la petite fille, incapable de s’exprimer, semble s’approcher de l’animalité. Le langage semblerait alors nous permettre de conserver notre humanité.

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