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Eprouver l'injustice, est ce nécéssaire pour savoir ce qui est juste ?

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Par   •  19 Février 2022  •  Dissertation  •  1 641 Mots (7 Pages)  •  795 Vues

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Eprouver l’injustice, est ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

Occupant une place primordiale dans notre société, la justice a pour fonction d’attribuer à chacun ce qui lui revient, de régler des conflits ou des litiges en suivant la voix de la raison, avec pour finalité un équilibre conforme à un certain ordre moral. Mais éprouver l’injustice, est ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ? Nous « éprouvons » l’injustice quand nous y sommes confrontés, et même si nous pouvons y assister en tant que spectateur, on ne « l’éprouve » réellement que lorsque nous la subissons nous-même, ce n’est pas une coïncidence si le mot possède la même étymologie « qu’épreuve ». A travers « savoir » on perçoit l’idée d’une connaissance et d’une compréhension du sujet, dont on se demande si elle n’est accessible qu’à travers le vécu d’une personne ayant expérimenté d’elle-même l’injustice. On s’aperçoit alors que si éprouver cette dernière peut se révéler nécessaire parce que pour définir la justice il faut maitriser le sujet et que l’injustice permet de comprendre la justice en même temps qu’elle donne la légitimité pour la penser, éprouver l’injustice peut aussi empêcher de raisonner objectivement car éprouver quelque chose, c’est aussi être éprouvé par cette chose, et donc quitter l’objectivité de sa raison. A travers ce paradoxe un problème philosophique émerge donc : Suffit-il d’avoir subi l’injustice pour définir la justice ?

Tout d’abord nous verrons qu’éprouver l’injustice est un bon point de départ pour porter attention à la justice en agrandissant la connaissance qu’on en a, puis nous constaterons qu’il est possible de prendre conscience de ce qui est juste sans avoir éprouvé d’injustice et qu’il est nécessaire d’aller au-delà du ressenti pour en avoir une image juste.

Eprouver l’injustice est une expérience relativement commune et peu nombreux sont ceux qui ne l’ont jamais vécue. Bien qu’elle soit rarement heureuse, on peut néanmoins en tirer quelque chose, en s’en servant comme point de départ pour ensuite approfondir sa pensée. Elle donne ainsi un regard lucide sur le monde en montrant clairement qu’il n’est pas parfait, et cela, l’humain est capable de le percevoir dès son plus jeune âge. En effet, l’homme (et certains animaux comme les singes par exemple) possède de base une justice intrinsèque et innée, et si elle ne peut pas réellement prétendre à l’universalité, elle est cependant le socle de base sur lequel reposent les préceptes de ce que nous appelons la « Justice ». Si un enfant remarque qu’il reçoit moins de cadeaux que ses frères et sœurs (sans raison apparente), il perçoit bien que quelque chose n’est pas normal mais sans pour autant pouvoir mettre les mots dessus. Ce sentiment ne provient pas d’un manque matériel ou d’un besoin inassouvi de ces cadeaux, le ressentiment est bien plus intérieur et évoque ainsi une incompréhension qui peut mener à une certaine forme de révolte. Comme le disait Pierre-Joseph Proudhon dans De la justice et de la révolution dans l’Église : « Justice est le produit de cette faculté de sentir sa dignité dans la personne de son semblable comme dans sa propre personne » La justice n’est donc pas un simple concept abstrait ne touchant que certaines personnes dans son principe et son application, elle est au contraire ressenti et vécue par l’ensemble de nos semblable car chaque individu en société comprend et vit la justice, et donc par conséquent l’injustice. Il est alors nécessaire de l’éprouver pour se rendre compte que le monde est imparfait, car on ne peut pas le savoir sans être passé par là.

Après avoir éprouvé et pris conscience de l’injustice du monde qui nous entoure, c’est l’envie de faire reconnaitre et appliquer la justice à un maximum de personnes qui peut prendre le relais. Comme dit précédemment, les sentiments que laissent un passé teinté d’injustice sont profonds, et que ce soit avec un désir de vengeance personnelle ou bien mû par une nature empathique, avoir éprouvé une injustice rends encore plus persistant notre désir de justice. De par son caractère révoltant, l’injustice appelle plus à l’agissement que la justice, car logiquement on veut aller de la première vers la deuxième et non l’inverse. En plus d’apporter une volonté de justice, éprouver l’injustice donné également une légitimité, unique à chaque fois car différente selon les cas mais qui ajoute de la crédibilité au discours du concerné et qui de plus aide ceux qui se tiennent en simples observateurs à comprendre les tenants et les aboutissant de la cause défendue. On peut retrouver cette idée dans notre monde actuel mais aussi dans son histoire : ceux qui plaident une cause sont souvent des personnes qui l’ont vécu (les activistes contre le racisme comme Nelson Mandela ou Martin Luther King par exemple) et sont reconnus plus facilement par le peuple comme légitimes, là ou on fait moins confiance à celui qui prétend juste le comprendre. Notre existence est remplie de cas d’injustices que nous avons pu éprouver à un moment ou un autre, faisant naitre en nous ce sentiment d’injustice, ce germe de sens de la justice qui n’est rien d’autre que la pierre angulaire d’une justice en développement depuis de nombreux siècles, et toujours en évolution afin d’apporter à l’humanité la meilleure définition du « juste ».

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