Corrigé, Sommes-nous celui que nous pensons être ?
Dissertation : Corrigé, Sommes-nous celui que nous pensons être ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ed_hoc51 • 12 Mars 2019 • Dissertation • 3 032 Mots (13 Pages) • 995 Vues
Sommes-nous celui que nous pensons être ?
Si nous sommes celui que nous pensons être, alors nous sommes d’abord celui dont nous avons pleinement conscience, soit ce savoir qui nous accompagne dans nos pensées, nos actions et notre existence de manière générale. Être qui nous sommes est déjà pernicieux en soi, car à la question « qui suis-je ? » nous pouvons ne pas être complètement certains de la réponse qu’il faudrait lui donner. Sommes-nous cet être qui s’appelle Jean, Pierre ou Jacques, qui a 3, 25 ou 50 ans, qui est de telle nationalité, qui parle telle langue, qui fait tel métier et qui est de tel sexe, etc. ? Ou est-ce que ce qui nous définit est plus profond que ces « simples » données d’identité matérielles qui nous sont attribuées ? Sommes-nous une personne à multiples facettes, rôles ou « visages » ? Pour savoir si nous sommes celui que nous pensons être, il faudrait alors savoir ce que nous pensons nous-mêmes de nous-mêmes et à quel point ce que nous pensons nous appartient réellement. Sommes-nous maîtres de nos pensées ? En effet, le problème se heurte alors à la question de la vérité de notre être, la vérité de celui que nous sommes et au dilemme de savoir si cette vérité peut être atteinte par nous-mêmes, étant à la fois le sujet qui observe et le sujet observé. L’autoréflexivité de notre conscience de soi ou « autoconsciecne », comme dirait Hegel, est donc à la fois ce qui nous rend à proprement dit sujet, et non pas objet dans le monde, subissant celui-ci. Nous sommes conscience et donc pouvoir de représentation, sachant se positionner face au monde, aux idées, à nos sentiments et à nos pensées.
Puis-je alors examiner ce que je pense de moi-même de manière objective et puis-je obtenir une réponse vraie ? En outre, le problème sous-entend également que ce que nous pensons n’est pas toujours ce qui est en réalité. Cela associerait alors la pensée à la croyance, soit ce qui est tenu pour vrai sans preuves et sans justifications. Pouvons-nous alors penser être d’une telle manière et devenir ce que nous pensons être ou sommes-nous dans une illusion de croire nous connaître, nous bernant jusqu’au plus profond de notre existence ? Ai-je vraiment connaissance de tout ce que je suis, de tout ce qui me constitue et de tout ce qui me détermine ? Sommes-nous une illusion à nous-mêmes, un mystère à résoudre, dont nos pensées ne sont que des manifestations à interpréter ? Qu’est-ce qu’on entend alors par « pensée » ? Peut-on penser sans avoir un langage par lequel elle s’exprime ? Ne pense-t-on pas avant d’avoir tous les mots ou expressions qui correspondent ? Les pensées peuvent-elles nous échapper parce-que nous n’avons pas de langage, ou pas assez, pour les exprimer ? Mais, en fin de compte, prend-on vraiment conscience de toutes nos pensées ? N’y-a-t-il pas là une part d’inconscient qui nous échappe, pour notre bien-être social et mental ? Que se passerait-il, en effet, si on avait conscience à tout moment de toutes nos pensées ? Il faut, néanmoins faire très attention à distinguer la pensée de l’émotion, de la sensation immédiate par les sens. Il est sûrement intéressant donc de faire un rapprochement à la notion de la perception, car c’est à travers elle que nous interprétons nous-mêmes et notre monde et elle a donc un rôle certain à jouer dans la fabrication de nos pensées.
Si, tout d’abord, nous sommes celui que nous pensons être c’est parce-que nous sommes des êtres de conscience, des sujets pensants et cette action de penser nous-mêmes nous constitue de manière indubitable. Toutefois, il est possible que nous ne prenions pas conscience de tout notre être, que nous soyons multiples, ayant de faces cachées, auxquelles la simple pensée consciente ne peut pas accéder. En effet, nous sommes alors bien celui que nous pensons être au moment de l’action consciente, au moment de nous « jeter dans l’avenir » et de nous créer en tant que « projet ». A la fois, nous sommes bien celui que nous pensions être hier, même si nous ne le sommes plus aujourd’hui.
Nous sommes celui que nous pensons être parce-que nous sommes des êtres de conscience, des sujets pensants et cette action de penser nous-mêmes nous constitue de manière indubitable. Nous sommes maîtres de nous-mêmes et ce que nous pensons de nous-mêmes est preuve de cette maîtrise, dans le sens d’en être le seul propriétaire et donc le libre agent. Nous possédons le libre arbitre, combinaison de la faculté de juger et celle de vouloir. Nous avons donc une action complète sur notre être et cette action est celle de l’entendement. Nous nous déterminons nous-mêmes par la volonté et ce que nous voulons est donc déterminé par ce que nous pensons de nous et du monde. Nous sommes donc ce que nous pensons être et, même plus, ce que nous voulons être. En effet, être maître de soi à tout moment c'est une évidence si le critère d'être est justement le fait de penser.
De plus, par la conscience, en principe, je sais. La conscience est cette connaissance, intuition ou sentiment que j'ai de moi-même de mon existence, de mes paroles, de mes actes et du monde. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que je peux douter de ce qui apparaît à mes sens , de ce que j'ai reçu, et même du fait que j'ai un corps, des mathématiques, mais même s'il y a un Malin Génie qui me trompe , il ne pourra faire que je ne sois rien tant que je penserai être quelque chose. « Je suis, j'existe est nécessairement vraie toutes les fois que je la conçois et que je la prononce en mon esprit ». Ainsi la conscience de soi apparaît comme la vérité la plus indubitable, la plus évidente. Et celle -ci serait le fondement de toute vérité. Si j'applique la méthode du doute, je ne peux pas me tromper et encore moins me mentir à moi-même. En effet qu'est-ce que je suis ? « Une chose qui pense, qui doute, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent » dit Descartes. La conscience serait une substance une, transparente à elle -même et donc ne pourrait se mentir à elle-même puisque par définition elle est la lumière qui éclaire et me fait savoir toute vérité et que je m'identifie essentiellement à elle. Certes, j'ai aussi un corps et les passions pourraient me troubler mais ceci serait provisoire, fondamentalement je pourrais connaître la vérité.
Toutefois, il est possible que nous ne prenions pas conscience de tout notre être, que nous soyons multiples, ayant des faces cachées, auxquelles la simple pensée consciente ne peut pas accéder. Nous pensons tout le temps, mais nous n’en prenons pas forcément conscience à tout moment. Nous n’avons pas toujours l’impression de savoir vraiment ce que nous faisons et ce que nous pensons. Nous pouvons dire avec Nietzsche, qu’ « une pensée ne vient pas quand je veux, mais quand elle veut ». En effet, nos perceptions sont multiples et nos pensées également, mais peu sont ceux dont on prend réellement conscience dans un instant T. Par ailleurs, nous pourrions aussi émettre l’hypothèse que nous ne sommes que des « êtres de surface » dans l’immédiat, et que notre véritable Moi se cache dans ce que Freud appelle le Ca, L’Inconscient. C’est là que nous refoulons tous nos traumatismes et nos actes déjà vécus et c’est ici que nous cachons nos pulsions de vie et de mort, qui nous menacerait dans la rélaité consciente. Nous intériorisons alors des normes et règles sociales et culturelles, dans le Sur-Moi, pour que nos pulsions se transforment ou se subliment en désirs réalistes et possibles à satisfaire en accord avec la réalité dans laquelle nous vivons. Nous pourrions alors penser que non seulement nous ne sommes pas celui que nous pensons être mais nous nous mentons à nous-mêmes en permanence. Nous sommes une illusion et une véritable énigme.
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